samedi 15 août 2015

Samedi 15 aout.

Sur les routes, ce doit être la transhumance estivale. De quoi éreinter des vacanciers qui le plus souvent n'ont pris qu'une semaine.
Quoi de marquant cette semaine ? Rien de marquant, mais des cailloux, à la façon du Petit Poucet. Non, je n'ai pas pu faire le film que je voulais tourner sur Mattes, les gîtes, bref..faute de temps sans doute, mais aussi parce que les circonstances ne s'y prêtaient pas. Jeudi, alors que je revenais de Narbonne où j'etais allé chercher la voiture, pluie brutale, même inquiétante par sa violence, apaisée au bout de 10 mn, mais au total, ce soir là, il a fait plus 18 mm. 
Le mourvèdre est meuble, et l'herbe rare a reverdi. J'avais fait mercredi le tour des vignes. En général, bien pourvues, sauf celles qui n'ont pas trop de santé.
Mais ma satisfaction aura été limitée, quand traversant le plateau de Villefalse, tenu par les coopérateurs, je vois des vignes dont la charge m'étonne !! La plupart ont 20 ans, certaines sont bien tenues, mais quelles charges !!
La presse d'ailleurs cette semaine est remplie d'agriculture, et notamment de coopératives. En Bretagne, celle qui tient le marché du porc, la COOPERL, refuse de participer au marché "libre", et comme elle représente en temps normal 90 % des achats de ce marché au cadran, tout s'arrête. Certains mettent le doigt où ça fait mal, c'est à dire comment une entreprise, possédée par les éleveurs de porcs, leur propriété, dont en principe ils désignent les dirigeants, et dont la stratégie est faite pour eux, peut elle mener une politique qui - une réalité - a conduit les éleveurs à la faillite. Les dirigeants mettent en avant l'intérêt cette fois des salariés, une fois n'est pas coutume.
Mais je crois que le mal est plus profond, comme on en voit de multiples exemples - par exemple, le Crédit Agricole, le bon sens autoproclamé près de chez vous. Parce que les structures ne sont pas claires, les règles de fonctionnement fixées à  la tête du président et ses sbires, parce que le contrôle est inexistant, que se tenir par la barbichette est le jeu préféré des instances, qui n'ont souvent pas d'autres ambitions que leur pouvoir personnel, au lieu de l'efficacité et du développement de l'entreprise, parce que finalement tout fonctionne dans un jeu digne d'un écureuil coréen, en dehors des réalités concrètes, que les décisions contradictoires s'empilent sans que l'action arrive, eh bien, au bout d'un moment, les réalités reprennent le pas !! 
Hélas, plus qu'une autre, la coopérative peut rencontrer ce risque. Il y a eu dans cette région des coopératives autrefois prospères, qui ont approché la faillite......et c'est autant de retard que toute la région a pris dans sa marche. Et ici, plus que les grecs, certains producteurs n'ont pas été payés pendant trois ans, remède plus dur que celui des grecs.
Marche en avant ? parfois, j'en doute. Hier au soir, nous sommes allés dîner dans un assez bon restaurant du coin, à moins de 2 km de Mattes. Si la nourriture est correcte, un habitué m'a confirmé que beaucoup de vins proposés étaient infâmes. Celui que nous avons choisi hier par curiosité - ne le connaissant pas - était pire que tout. Produit à Sigean, donc a deux pas, vin de france, mais surtout portant fiérement la mention produit par L..........., vigneron oenologue ! C'est sans doute un carignan, dilué, pas mûr ! la bibine du midi comme on peut la craindre. Mais ce qu'il y a de pire, c'est que ce cuisinier plutot gourmet, mais très local, ne "voit" pas que ce vin est mauvais, voire imbuvable.
Justement, appel de notre oenologue, à qui j'avais demandé de me dresser une liste de dix domaines exemplaires du Languedoc Roussillon, juste pour en acheter les bouteilles au départ, et peut etre voir ce que nous devons faire désormais. 
J'ai senti au départ ses réticences, et d'autres. Pour moi, tout part de la réflexion, et de l'émulation. Si X a fait une chose, quelle qu'elle soit, version latine, livre,  oeufs au plat, a part le sport , pourquoi n'en serais je pas capable ?
Me voici donc en possession de sa liste. Beaucoup sont inconnus de moi. Et d'ailleurs lui aussi ignore des domaines qu'il ne couvre pas. Nous verrons. Mais il m'a soufflé une idée, que je sentais confusément, sous une autre forme, la sélection parcellaire, c'est à dire non seulement ramasser certaines parcelles, mais suivant un certain groupage et calendrier. Nous verrons. D'abord goûter les vins. On cite souvent dans le pays "Embres et Castelmaure", justement comme un modèle. Mais je suis loin d'apprécier tous leurs vins !
La Champagne, et la Bourgogne, les plus riches, auront sans doute cette année, si tout se maintient, un millésime d'exception.
Je découvre aussi des vues aériennes de Mattes, qui resteront sans doute, car on y voit la moitié du toit refaite. Un autre visage. Mais il est probable que dans dix ans, l'observation aérienne sera banalisée.



la 2° photo est identique à la première. C'est simplement un grossissement de la partie correspondante. Mais c'est vrai que le niveau de détails peut être impressionnant.
Pour ma part, avec moins d'altitude, j'ai revu des choses qui en avaient besoin, dont éclairage de la cour, et fleurs notamment. J'apprécie les chemins refaits.
Cette semaine, sur Fitou,  des voisins, zélés ou pressés, ont vendangé leur muscat. Le temps des vendanges approche.

dimanche 9 août 2015

SEJOUR ESTIVAL 9 aout 2015. dimanche matin,

Le calme du dimanche matin, surtout après dix jours de séjour, est propice à mettre sur le papier, quelques observations, dont j'ignore laquelle deviendra au fil du temps la plus importante. 

Climat ? il est clair qu'il évolue, et surtout devient capricieux depuis 15 jours. Il y a une semaine, la température était comme ce matin de 18°C, mais nous sommes montés à 30°C, avec beaucoup d'humidité, un temps lourd, et parfois comme vendredi, des nuages qui ne se dissipaient pas avant 11 H.
Or la vigne comme les hommes aiment les nuits, pour se reposer, et les nuits fraîches.

il a plu deux fois, environ 15 mm chaque fois, si bien, qu'apparemment, la vigne est toujours verte, les feuilles préservées, et les grains non secs.

Vignes ? je ne les ai pas toutes vues, mais celles de plaines, au sol plus riche, me semblent en meilleur santé apparente. Il faudra revoir plus en détails, mais l'option vins de cépages, surtout avec l'évolution des prix et des marchés, n'est pas à éliminer. Certaines caves ne font presque plus d'AOC, et en vivent bien.

Conjoncture ? malgré le nombre important de touristes, notre emplacement, il faut bien admettre que les "gens se serrent les fesses" ou le porte monnaie. ainsi, hier, qui est venu au caveau ? un menage britannique, connaisseur, un groupe de russes, habitués (et dépensiers), puis un jeune couple de hollandais, type cadres moyens, enfin un seul français, vrai amateur éclairé. 

L'argent ne semble pas manquer - cf les restaurants de narbonne et port la nouvelle - pleins, avec des réservations à faire deux jours à l'avance, mais comme l'on  dit, les touristes arbitrent pour d'autres dépenses que le vin. 

Certes, c'est par périodes, ou aussi, suivant le temps. mais c'est un fait. Je croyais être atteint de la peste, voyant la fréquentation chuter, les habitudes changer (aucun ne remplit la voiture), quand j'ai eu accès aux ventes d'un domaine réputé, bien placé...le chiffre n'était pas différent de celui de Mattes.

La Région ? ce qui frappe a 20 km alentours - faute d'aller plus loin - est le nombre de vignes arrachées, abandonnées, ou de terres retournant à l'état sauvage, d'une part, et de l'autre, le faible nombre de plantations. Je pense en avoir vu une seule en 40 km.

C'est inquiétant, car l'investissement, c'est l'avenir du paysage, de l'exploitation, de l'économie régionale. Il faut d'abord avoir des plantations jeunes pour améliorer l'encépagement et la base aromatique, améliorer ce qui est fait, et préparer l'avenir. La, pour beaucoup, rien ne semble en prendre le chemin. Pourtant on voit des terroirs magnifiques, et vers quoi pourrait se tourner la région ?

Vendredi apres midi, j'ai lu des choses confortant mon point de vue. Elles étaient tirées du dernier recensement general agricole, 2010, actualisé. On voit que si la viticulture régionale est sorti globalement d'une crise longue, elle manque d'atouts décisifs. La coopérative a fondu, en surface et en nombre d'adherents, et ceux ci par exemple, ne détiennent qu'en moyenne 3 ha de vignes, ce qui est largement insuffisant pour faire les choses rationnellement. Ce n'est plus de la viticulture, c'est du jardinage, sans en avoir la qualité.

Quant aux caves particulières, leur surface moyenne est de 23 ha, ce qui est certes plus important, mais me semble riquiqui. Production moyenne 800 hl !! tant pour les économies d'échelle que pour le matériel, tout se passe comme si du côté du lait, des céréales aussi, de l'élevage, la taille des exploitations aient considérablement augmenté depuis les années 1950, mais pas en viticultue. Certes, beaucoup de raisons pourraient l'expliquer, mais c'est un frein, notamment sur le plan commercial, car ici, ce n'est pas la Bourgogne, et son fonctionnement adapté.

Il y a le probleme des parcelles, mais aussi celui des débouchés, et des moyens, car tout n'est pas élastique. Confusément, pourtant, je sens que la taille optimale de Mattes devrait être autour de 75 hl (et sous mon trentenaire, nous sommes partis de 52 ha, pour monter à 98 ha, en passant par 38 ha). Mais il est clair que le nombre de grosses exploitations serait un facteur de dynamisme, créant un maillage résistant.

La dernière conclusion, serait qu'en 30 ans, certes des progrès ont été faits , mais ce n'est pas une vague generale, et fondamentalement, la région n'est pas à son niveau "naturel".

Pour regarder les choses plus proches, si le temps se maintient, point trop chaud, et que peut être une autre pluie arrive avant debut septembre, alors oui, la récolte pourrait être belle.