mercredi 30 novembre 2011

CLOS DU MOULIN 2003 - dégustation du 30 novembre 2011

Bouteille donc de 8 ans, conservée à Paris, dans une cave moyenne, sans précaution particulière.
La couleur n'a pas évolué, elle est assez stable. Le nez est complexe, sans être violent, avec des impressions de fleurs d'acacia, de sureau. L'attaque est bonne, le vin encore vif et présent, sans le caractére de vin passé, ou imbuvable, pas du tout, une belle fraîcheur, qui permet d'envisager une conservation sur au moins encore 6 ans. La bouche a évolué comme les rolles de M. GAVOTY. Ce fut donc une belle école. Oui, fleur d'acacia, de sureau, donc des aromes ternaires très intéressants, avec une longueur en bouche moyenne, mais satisfaisante.
Note 18,5/20

jeudi 24 novembre 2011

BF The Best Friend (comme le diamant pour MM, Marilyn Monroe).

Hier, 23 novembre 2011, après une journée chargée, nous avons voulu goûter un des nouveaux vins de Mattes, le BF.
Millésime 2008. C'est un vin de table. Dirait il comme le Sire de Coucy "Roi ne puis, prince ne daigne, je suis sire de Coucy"...romanée ne puis, corbieres ne daigne, je suis BF".

C'est un assemblage que j'ai voulu proche d'un vin que j'avais beaucoup admiré, ou aimé, un vin de Ste Roseline dans le var, assemblage de cabernet, mourvèdre, et syrah...Mais à Mattes, pour des raisons inconnues, l'assemblage ne me plaisait pas, et nous avions fait du BB, issu du seul cabernet, et de mourvèdre.

Ce BB a été mis en barriques, en partie, ainsi que du cabernet seul, et de la syrah seule. Fin juin, au moment des assemblages barriques, nous avons vu que nous pouvions faire trois vins tres différents, à savoir le Chevreuse habituel, un Apollon, issu de pure syrah, et ce BF, fruit du hasard et de la volonté.

Comment définir ce BF ? il est très différent du BB, mais aussi des autres vins de Mattes. Pour simplifier, il serait tres Bordelais, et de la race des Grands Crus Classés, s'il n'était issu du seul Languedoc.

Dans le verre, il apparait rouge rubis sombre, dense, foncé. Au nez, il révèle des notes nettes et fortes de vin mûr et frais. Son attaque est franche, puissante, la bouche est structurée, délicate, nette,presque féminine  avec un rien d'austérité, c'est un vin "protestant" taiseux, qui n'aimerait pas les familiarités, mais s'offre au silence. Secret, il apparait sans se dévoiler, et si l'on sent la présence de cabernet, les autres cépages sont assez indétectables, bien que présents. La finale est droite, longue, et le boisé est fondu. C'est un vin pudique, discret, mais malgré tout impressionnant, oui, de la race des Grands Vins.
On l'imagine sur des pièces de boeuf grillé, un bon gigot, du jambon cru, et à vrai dire, toute bonne cuisine classique.
Oui, il ressemble assez à ce que je l'avais vu, comme je l'avais vu : le noir du mystère, du silence, de la profondeur,  le brillant de l'intelligence vive, et cet aspect unique, cette personnalité à la fois attentive et posée, solide et fragile,  dont les yeux parlent plus que la bouche, cet or, qui le rend précieux et inaltérable. Ce goût spécial dans l'enfance, qui deviendra plus complexe avec l'âge. Longue Vie à BF, qui prouve que la singularité est parfois la meilleure voie.

samedi 19 novembre 2011

CLOS REDON 2001/DEGUSTATION DU 16 NOV. 2011

Les températures baissent, ca sent l'hiver, en deux jours. Une cuisine d'hiver ? pourquoi pas. Le hasard fut là, sous la forme de

Avec cela, que boire ??

Après réflexion, en ne fouillant même pas la cave, mais la main guidée vers une bouteille que je souhaitais mentalement, car dix ans, je tombe sur
2001 fut une année plutot sêche, nous avions alors un oenologue qui voulait des vins mûrs, je ne me souviens plus des parcelles de syrah, mais les vignes étaient rélativement jeunes, labourées, donc plutôt productives.
Au départ, le vin me séduit et me décoit à la fois. Il me séduit par son bouquet,ayant évolué,  le fait qu'il soit encore tres frais, bref que dans dix ou quinze ans, il sera encore tres buvable. Il ressemble à un chevreuse 1998, donc à un vin qui aurait été élevé en fûts, ce qui n'est pas le cas. Bref, frais, préservé, ayant bien vieilli, mais il semble aussi manquer de puissance par rapport aux éditions suivantes, plus concentrées, comme le 2003, et peut être de structure par rapport à un tres grand Vin, comme s'il était un peu dilué. Mais sur ce genre de cuisine, il est très agréable. Ce qui me surprend le plus, ayant bu ce vin sur trois jours, c'est qu'il se garde bien, qu'il évolue positivement, devient plus agréable, que son bouquet se complexifie. Sans doute aurait il fallu carafer ce vin avant de le servir !!! mais dans dix ans, oui, il sera encore intéressant.

OU SUR CE PLATEAU DE FROMAGES, typiques de la syrah, reblochon, cendré, et salers. VIVE LA FRANCE aux 365 sortes de fromages !!! vive la Gaule !!!

mardi 1 novembre 2011

MUSIQUE & VINS

Les émotions qu'on peut ressentir n'appartiennent pas aux mêmes espèces. Que je vois un paysage remarquable, grandiose, une fleur nouvelle, l'oeil se met en marche, et veut pénétrer les détails, pour saisir le maximum dans une sorte d'enveloppe, de baiser. Mais cela reste à la surface et n'agite pas l'âme. Le toucher quant à lui est plus discret encore, au contact d'une soierie et d'un lainage, cela en est presque rationnel, et concerne le travail bien fait. L'odorat quant à lui est souvent surpris, et il cherche dans sa mémoire une analogie. L'odeur des pins, de la vanille, des épices, de la muscade, des branches de cedres, des lis, de ce gâteau, voire des expériences de chimie, ou de ces sols de supermarché. L'odeur des couvents du passé, des fermes d'autrefois. Mais c'est une sensation qui s'impose malgré soi, qui vient de dehors, et n'émeut pas outre mesure. Tout au plus éveille t'elle un souvenir, un instant passé, un moment d'avant. Le goût quant à lui est plus suggestif, il demande de prendre conscience, de réfléchir, de chercher des analogies, et suivant le moment, le jour, l'endroit, le goût peut légèrement varier. En tout cas, on le sent en soi, quelque part il devient interne, part de soi, dans le présent. Mais le coeur ou le sentiment n'intervient pas, les émotions frémissent mais se maitrisent.
Le son quant à lui est très différent. Cela peut être celui d'une voix, d'une musique, et pour des raisons mystérieuses, notre coeur se met parfois au diapason, fortement et involontairement. Ce peut être la voix si spéciale de François Mauriac, parlant de Malagar, valant par les mots, les silences, et surtout le ton, le timbre lui même, ca peut être le Général, dans un discours et ses rythmes "un quarteron de généraux en retraite ...jusqu'au Francais, Françaises, aidez moi", qui tiennent certes à leurs auteurs, à une sensibilité disons programmée, et qui alors s'écoule. Mais on peut le retrouver dans un film, avec un acteur inconnu, mais c'est déjà plus rare. Cela ne tient pas au contenu lui même, au drame possible, car ca peut relever du comique, comme Bourvil dans "en revenant de la revue, gais et contents". Ce sont en quelque sorte des clés qui ouvrent en nous de multiples portes fermées, et pénétrent par leur magie.
La musique de Bach offre souvent cela, quand l'interprète est à la hauteur. Le Divin passe et apparaît, s'impose, s'incarne. Puis il y a ces musiques que nous ne connaissions pas, que nous entendons un jour par hasard, comme l'opus 34 de Brahms, comme l'Heroique de Beethoven, comme Wagner souvent, et qui vous broient , vous agitent, vous retournent, et témoignent d'une intense émotion, comme aussi des chansons de Piaf, ce qui montre bien que ce n'est pas une question de genre musical, et que tout le processus est mystérieux.
Parmi toutes ces musiques, justement, celle du site, accueil, fait partie de celles ci. Je l'entendis par hasard un jour de grande tempête, vers 17H20, et à 19 H, j'avais ce disque dont l'effet est le même, apres 100 ou 200 fois. Il s'agit de l'ALLELUIA, 2° morceau de la cantate 15 de BUXTEHUDE, maître de JSB. "Le Seigneur est avec moi", qui rejoint quelque part dans sa perfection le "Ich Habe genug" BWV 82 de JS B.

Quand mes vins seront capables d'inspirer un flot identique d'émotions, et de perfection, alors oui "Ich habe genug". Toujours est il que lorsque je fais des dégustations ou des assemblages à Mattes, j'ai souvent dans la tete une musique particulière, qui m'entraîne. Comme aussi en buvant un vin, un assemblage, on sent s'il est dans le ton. Il y a la musique du Chevreuse, un son spatial, qui serait entre violon et orgue, mais dont le ton est connu, qu'il faut retrouver, reproduire à chaque millésime, en essayant de l'améliorer.
Notre travail d'assemblage ne consiste qu'a combiner des sons, à faire justement qu'ils soient agréables, une belle attaque, une harmonie, pour se combiner et avoir une finale aussi longue et agréable que possible.Oui, le vin, c'est un diapason, pour l'essentiel. Le son du cristal............