samedi 27 décembre 2014

BILAN FIN 2014

Faut il aligner seulement des chiffres sur un bilan pour bien le faire ? il me semble que bien des éléments sont inquantifiables ou sont plutôt de l'impression, des faits, que purement chiffres. Parfois j'ai l'impression ainsi de n'avoir "rien fait" depuis 1985, ou rien réussi, ou pas réussi à ma vitesse nécessaire, ou trop lentement à Mattes, dans ce monde des vins qui n'était pas le mien.

Pourtant, alors mon scepticisme se brise en mille morceaux en voyant combien Mattes a changé en 30 ans. Certes, la ligne des collines est inchangée, les principaux arbres sont là, l'emplacement immuable. Mais les bâtiments ont rajeuni, les vignes ont multiplié les belles parcelles, les vins sont nés, et ont progressé, et ceci n'est pas tombé du ciel, mais voulu.

Les évènements n'ont pas manqué, racontés pour certains. Mais une fois que le sillon fut pensé et décidé, il a été suivi. Bien sûr, des efforts, du temps, et pas mal d'argent, mais pas que ceux ci, car beaucoup d'argent n'aurait  pas donné plus de résultats, ni plus d'efforts, ce que je constate en voyant un voisin vaillant vendre à l'aube de sa retraite après des efforts qui m'impressionnent vraiment, a côté des miens. Je pense que le secret fut ailleurs, à la fois en moi, et dans les gens qui ont porté ce rêve et le portent encore. Comme de vieux soldats, nous pouvons être  fiers de ce qui a été fait et qui l'est encore.

Mais le monde n'est pas resté immobile. Les autres domaines ont bougé pour la plupart. Je suis parfois frappé de la qualité d'humbles produits, cabernet, chardonnay, merlot, découverts ici ou là. Mais chaque fois, il s'y trouve a la base quelqu'un qui a voulu cette qualité là.

Je lisais cette nuit que les Chinois vont acquérir leur premier domaine en Languedoc, et que ce sera dans les Corbières. J'ai oublié le nom de ce domaine, qui deviendra sans doute célébre. Mais basiquement, ils ont raison. Les Corbières sont toujours et encore, et le restera, la région viticole où la géologie est la plus complexe - donc signe de diversité et de vins originaux - de France , et où la terre agricole est la moins chère.

Dans cette même revue, l'injustice ressentie en lisant qu'un vigneron de St Emilion, en 4 ans a redressé sa barraque, malgré bien des erreurs, et vend ses bouteilles à 56 € pièce. Il fait seulement 100 hl, sur un peu plus de 4 ha. Il est vrai que la terre coûte cher la bas, mais est ce "bien rationnel" ? sinon le miracle du nom, ce que j'appelle une injustice. Est ce que les mêmes consommateurs paieraient dix fois plus cher pour des salades de Corbeil, que pour celles de Perpignan ou l'inverse ? pourtant la réalité, c'est celle ci. Il existe quelques bons st emilion, mais souvent j'ai bu des horreurs indignes !! même dans les grands noms.

Sans doute le consommateur, le client moyen est abruti par les montagnes de papiers et de pub qu'on lui verse dessus, et qui l'aveuglent. Il en est de même des parfums, des vêtements, bientot des chaussures, des bijoux, des livres, des spectacles, des restaurants  où l'illusion prime sur la réalité. Oui, jadis, j'avais l'impression que les gens "lucides" étaient plus nombreux. A tous les niveaux de la sté.

Je n'ai pas encore goûté les vins 2014, donc je ne peux pas rééllement faire le bilan de cette année assez bizarre a tous points de vue. Nous avons continué à investir largement, amplement, profitant de la hausse des cours, qui marque un mieux. Hélas les inondations d'il y a un mois montrent que la Nature est seule souveraine.

Une inquiétude, les vins blancs, nous allons connaître une rupture d'appro. La conjoncture export fut relativement molle, à l'exception des USA, en rédémarrage après des années noires. 2015 verra t'il un mieux ? Quand est il de la clientèle française ? je dirais hélas que les gens modestes soit locaux soit vacanciers qui dans les années 1995-2005 venaient volontiers au caveau, ne viennent plus et qu'on ressent généralement un souci d'économie et de bonnes affaires même pour les autres.

Mais 2014 a vu - et c'est important - notre clientèle gagner de nouveaux noms, et je suis fier de voir que certains apprécient les Mattes depuis parfois vingt ans. Car mon but, finalement, aura toujours été de voir le vin devenir meilleur, et surtout être accessible au plus grand nombre, pour un plaisir quotidien et abordable.
Etre le Berthillon des vignerons !!! Et je suis content que cette maison continue apres le décès du fondateur cette année.


vendredi 26 décembre 2014

FIN D ANNEE 2014


Rarement une année m'aura pesé autant que 2014 sans que je puisse vraiment en attribuer a quiconque la responsabilité, j'étais donc pressé d'en voir la fin, même si hélas, la course du temps ne va pas s'arrêter au 31 décembre. Du moins ai je l'illusion pour quelques jours de courir moins vite, d'être moins bousculé, et de souffler un peu.

 Oui, cette année, je pense la détester parce que je n'ai pas été libre de mon temps, et les rares moments de liberté, de paix ou de tranquillité furent trop rares. Sans doute l'époque veut cela, cette bousculade permanente, mais j'y suis parfois obligé par les réalités, marchés, fisc, âge, évènements extérieurs qui ont fait une danse sans fin !!

 Aussi, ce n'est que mercredi à midi que j'ai dételé , pas vraiment d'ailleurs, car il fallait se mettre au déjeuner du lendemain, en passant par la crèche dont on m'attribue la construction !

  https://www.youtube.com/watch?v=dQ_Wkwg-YhM


Suis je capable à cette heure de dresser un bilan de ce que fut 2014 ? pas encore. Il y faudrait et du Temps et de la Raison. Je vois qq points positifs dans un océan de menaces ou de flots noirs.
Du moins ai je trouvé sans conteste l'APOLLON 2011 hors concours, parmi quatre ou cinq vins que j'ai tirés de la cave ou sont arrivés au hasard, dégustés ces jours ci. Un Larrivet Haut Brion, de 2005, trop empyreumatique (pour faire simple, caoutchouc brulé et déplaisant, malgré son age, c'est a dire un mauvais boisage), et un LASTOURS 2012, cuvée ARNAUD de Berre, 2012, 9 € chez Carrefour, que j'ai pris sur la base de sa médaille d'Or au Concours General Agricole 2014. J'aimerais parler à l'oenologue que je crois connaître. Je lui dirais qu'un tel vin est rustique, manque de complexité, d'élégance, et que le boisé lui manque, car il aurait l'écorce d'un grand vin. Il en a le potentiel, mais ainsi,

Je penserai aussi à plusieurs de mes amis en leur disant : était il bien nécessaire de dépenser des millions pour faire un chais ultra moderne, sans doute pratique et performant, pour ne pas atteindre le résultat de votre cave centenaire, percée de toute part, mais qui comme la créche millénaire, donne parfois naissance à des miracles !!!
Mystère de l'Etable, de la crèche, et depuis ce soir, mystère du cuvier, qui sans doute ce soir dort dans le  silence sur lequel  seulement  la Lune veille.

lundi 1 décembre 2014

INONDATIONS - Nuit du 29 au 30 novembre 2014.

Pour une fois ici, je parlerai d'eau, une fois n'est pas coutume, enfin pas encore, apres 1987, 1999, 2009, et cette nuit là.

Cette fois ci aussi, l'alerte météo avait été donnée. Ce qui fut plus étonnant, c'est que la pluie fut très forte, puisqu'il a fait en moyenne 220 mm, mais avec des pointes à 90 mm à l'heure, ce qui est beaucoup. Si bien que la Berre jouant son rôle de collecteur des montagnes voisines, soit un bassin de 40 km2, est montée d'un coup, et la pente devenant basse, l'écoulement naturel vers la mer aussi, l'eau est montée, montée, montée...

Sur la première photo on voit la ligne droite qu'a suivie la Berre en sortant de Portel (virage du haut), et se dirigeant vers Sigean (en bas de la photo). Cette ligne correspond aux vignes de plaine de Mattes, soit 15Ha, sous l'eau à l'heure qu'il est.
de chaque côté de l'autoroute, qui elle fut surelevée lors de sa construction en 1976.
Dans l'ordre, en descendant, a gauche de l'auto









route, viognier, cabernet, puis un second, puis le sauvignon ici en vert. De l'autre coté, une syrah, puis le chardonnay (les trois tâches cote droit, vers une haie d'arbres).

Bref............que d'eau, que d'eau
(Mac Mahon, je crois en 1876, visitant  comme Président de la République des zones inondées).

mercredi 26 novembre 2014

APOLLON 2011 - dégustation du 23 novembre, et autres propos indigestes !!

Naturellement, quand un vin est embouteillé, je souhaite le goûter, et voir ce qu'il donne en réalité, après son embouteillage, qui parfois malmène le vin pour quelques mois, et aussi pour me remettre le souvenir presque proustien de l'assemblage.

Car un assemblage, c'est très délicat, et souvent du travail sans filet. Souvent les avis divergent, en raison de mille facteurs, les personnes qui le font, leur expérience,leurs compétences,  la chaleur, l'heure, l'endroit, l'humeur..et justement mes pires expériences sont comme jury de vins, dans un concours, avec des non professionnels, car les avis sont completement opposés souvent, et chacun tient au sien !!

Mais à Mattes, les choses sont moins disputées, même si je me souviens de plusieurs séances sans conclusion. D'abord parce qu'au fil des semaines, un classement intrinséque des cuves se fait, en février, puis mai, puis juillet, et souvent ca reste dans les clous initiaux (mais pas toujours........)

Mais faire un assemblage, même quand les matières premières sont excellentes, en l'occurence des barriques vieillies, est quand même exigeant, car il faut comme un parfumeur essayer de trouver par combinaison un goût unique...et mon nez me joue souvent des tours, moins ma bouche.

Bref, l'Apollon 2011 fut décidé ou construit qq part en aout, puis embouteillé début Octobre. Mais retrouverais je ce que j'avais aimé au bout de quelques mois ?

C'est donc dans une certaine anxiété - et même une anxiété certaine, car le lendemain avait lieu un rv important - que dimanche dernier, j'ouvrais une bouteille. Sur une cuisine de hasard, mais pas mauvaise, a savoir une pintade sautée, une échalotte, et je fis un risotto au safran, en catastrophe, car nous avions un invité inattendu.

Bien sûr, je recherche d'abord la tonalité de l'APOLLON 2008 (le 2° essai chronologique). Le vin est certes proche, mais sans être similaire. Tout d'abord, il supporte mieux la température ordinaire, ce qui est une qualité certaine, ensuite il est "tres net" même s'il est moins long (?) en bouche. Et surtout il fait la queue de paon, c'est à dire son goût revient en bouche et remonte une fois - qq secondes - après être bu. Comme un feu d'artifice qui illumine le ciel après avoir donné son bruit, et qui éclaterait.

C'est certainement un des meilleurs vins que Mattes ait produits, de ma vie. Comment évoluera t'il dans le futur, ce jh apollonien ? un autre mystère.....

Puisque vous m'avez lu jusque là, je vous en remercie tout d'abord, et je vous livre un second mystère. Aujourd'hui, sainte catherine, tout investissement ne prendra pas racine !! La Commission Européenne vient d'annoncer un plan d'investisements de 315 milliards !!! Cela tient de la franche rigolade........après quelque examen attentif, mais sommaire..comment des gens dits sérieux peuvent énoncer de pareilles conneries ? et en attendre le salut ?

Tout d'abord, le PNB européen représente 10.000 milliards par an, pour simplifier la valeur de notre activité annuel. Ca veut dire, globalement, une formation brute de capital fixe (FBCF) de 3.000 milliards, la somme des investissements annuels en Europe, a la louche..comme Mattes dépense pour renouveller ses plantations, son matériel, faire des améliorations, etc, environ 25% de son chiffre d'affaires..

315 donc représente environ 10 % de l'effort annuel ? pensez vous qu'un tel chiffre, réparti sur plusieurs années, car il y faut du temps, sauvera le Navire ?
Ensuite, il n'y a pas 315 milliards dans la caisse, mais seulement 21 milliards mis par la Communauté, le reste étant supposé venir des Banques, des stés privées ? mais imagine t'on une sté privée créant la nouvelle gare de Nimes (projet français mis en avant) ? deuxième connerie. Si les investisseurs privés avaient des projets rentables, ils investiront d'eux mêmes et sans la poussée de la CEE.
Troisième connerie, ou mystère si vous êtes plus policé, ce montant est supposé créé 1.000.000 emplois. De mon temps, en septième, on faisait du calcul mental. On aurait vu que chaque emploi dit créé couterait 300.000 €, et on dirait, il vaut mieux que les gens restent chez eux a etre payés...que de dépenser un tel montant..
Ah si je vous livre un autre tour budgétaire entendu ces jours. Le plan de sauvegarde de l'école va engager 50 millions d'€ supplémentaires pour rattraper les hors parcours. Sachant qu'il y a 10 millions d'éleves en france, que 20 % sont presque illetrés, soit 2 millions, l'effort national pèse 25 € par élève a rattraper, soit moins d'une heure par an d'un prof dit normal.

Ah, messieurs, si vous saviez un peu compter !!! Mais la Banque Centrale trouvera facilement 1.000 milliards si une banque devait sauter..

mardi 18 novembre 2014

CLOS REDON 2008 - dégustation du 17 novembre.

Après un vin portuguais hélas portant la mention "barriques françaises", mais plus certainement fabriqué avec une décoction de copeaux, à midi, j'ai eu droit par hasard - on pioche - à un CLOS REDON 2008, dont je n'avais pas un bon souvenir, car très représentatif de ces vins un peu chauds et lourds, certes agréables mais dont le fruit manque, car venant de grappes surmuries, comme les asperges perdent tout gout quand trop cuites. Pour la syrah, suivant l'été et sa chaleur, la date des vendanges peut se jouer a moins de deux jours !! On comprend qu'il faut le fil vert sur le bouton vert, etc, très précisément.

6 ans après, mes regrets sont moins grands. Cette syrah est capiteuse, et pour les puristes de la dégustation, a des notes affirmées de réglisse. La bouche est souple, presque lactique, mais en effet, on voit par contraste ce qui manque : le fruit, la longueur, la finesse, malgré le côté droit du vin.Mais il est indéniable qu'il peut se faire encore attendre dix ans. Par la concentration, et même le gout, il n'est pas sans rappeler certains grenaches des côtes du Roussillon, ou des chateauneufs.

Dans un sens, la barrique , avec l'APOLLON 2008, donne une complexité a ce vin, et le rend très feminin. Lequel des deux préférer ?

J'attends avec impatience ma spéciale 2013 !

dimanche 16 novembre 2014

DEGUSTATION SABRAN 2000 /16 NOVEMBRE 2014

Un peu le hasard........Depuis que la cuisine a été refaite, disons rendue "normale" au printemps dernier, je cuisine plus facilement, car c'est plus facile, le four marche mieux, et les résultats sont plus faciles, pour le même effort initial, bref, les choses ont été rendues plus faciles.

Aujourd'hui, ce fut un poulet au blanc, un peu par hasard. Ce devait être un sauté, mais je ne voulais pas aller courir un poulet d'origine Dieu sait ou en ce dimanche matin. Bref, le secret, si secret il y a, est de faire un bouillon et de le laisser cuire à feu doux longtemps. Celeri, clous de girofle, laurier, poivre, oignon, persil, carotte, un peu de thym, et du poireau, qui manqua. Ce bouillon est en plus excellent pour préparer un riz pilaf, ou des pâtes italiennes.

J'aurais aimé un clos redon un peu ancien sur ce plat assez lyonnais. Mais hier, en rangeant un peu la cave, j'ai trouvé qq bouteilles de SABRAN 2000.

2000 est un peu un millésime de transition a Mattes. 1999 avait été pitoyable a cause de la pluie. 2000 fut un des premiers caniculaires. Il marque aussi la transition dans le "style" de Mattes, qui je l'observe au fil du temps, est plus le reflet du régisseur que le mien.

Ce vin donc de 14 ans, ordinaire, car il s'agit d'une cuvée de base, vendue je pense l'équivalent de 20 FF la bouteille ou moins, a bien vieilli. La couleur n'a pas varié, assez dense. Le nez, j'en suis mauvais juge en ce moment en raison d'une sinusite durable, la bouche est souple, équilibrée, agréable, fruitée, sans doute le grenache, mais pas que lui. Surtout, ce qui frappe, c'est son bouquet, complexe et la ressemblance avec de vieux côtes du rhone. La longueur en bouche, environ 7-8, et surtout la queue de paon, la rétroolfaction, le gout revenant en bouche au bout de 3 secondes. Au final, un vin agréable, même s'il n'est pas aussi complexe que le Millénium, élevé en barriques, et sans doute plus riche en syrah.

Par rapport à la décennie suivante, le vin apparaît moins lourd, moins concentré (c'etait le premier pas d'un oenologue nouveau pour Mattes), moins riche en alcool. Pendant presque dix ans, nous allions produire des vins sûrmuris, moins sur le fruit, plus chauds, parfois trop chauds, dont l'exemple type est le CLOS REDON 2003.

samedi 8 novembre 2014

8 Novembre 2014 /CHEVREUSE 2008.

En ce samedi soir, la maison est tranquille, la nuit est noire. Oui, j'ai relu le document COLLECTION 2014, et en effet j'aurais pu modifier des tournures, avoir un français plus net. Prendre des mots plus choisis. Mais le fond serait resté le même. Il fallait que le texte parte, et le temps m'a manqué.

Depuis le 2 Novembre, le blog d'avant, les Chinois ont en effet confirmé leur intérêt pour la Sabran, et seconde prévision, le Président a parlé, mais n'a pas été entendu ! 

Tout se rejoint dans le souvenir, celui dont je parlais dans la Collection 2014. Parce que c'est le 8 novembre, parce que c'était Elle, nous avons ouvert à midi un CHEVREUSE 2008, dédié à ma mère, et qui aurait eu aujourd'hui 96 ans.

La nourriture est simple, mais ce Vin est Grand. Oui, sans doute x ou y le trouveront encore trop boisé, il a pourtant 6 ans, mais il est largement supérieur à beaucoup de Grands Crus Classés Bordelais. En le dégustant, non seulement je prends conscience que c'est rééllement un Grand Vin dont je suis fier, mais comme dit dans Collection, me reviennent mille choses de cette année 2008, si marquante à bien des égards.

Très curieusement, ils ne surgissent  pas dans l'ordre chronologique, comme pour un film, mais  dans le désordre. Les bons, les mauvais. Peu furent bons cette année là, sauf un été insouciant et prolongé. Oui, d'abord le dimanche de Paques, où la neige tombait a midi  sur Lyon. Ses funérailles, le week end du 8 mai, dans un printemps retrouvé. La guerre du Liban. Mon licenciement au printemps, mes secousses au cocotier japonais, et ce bruit de pachinko. Les 20 ans de ma fille, à la maison, nous parqués et  invisibles. Des invités s'égarent dans le couloir de ma chambre, je  ratrappe ce couple sans moutons.. La fin d'un manuscrit de 5 ans. La première discussion avec un hacker hyerois étonnant. Surtout globalement, 2008 fut la dernière année de ce qui restera le monde d'avant, c'est à dire avant Lehmann Brothers...Il aurait pourtant suffi que les USA achètent toutes ces créances douteuses, j'avais calculé 3000 milliards de dollars à l'époque, pour éviter toute cette crise. alors que le QE a pesé depuis lors a peu pres le même montant.......

Mais je ne suis pas ministre des Finances, ni cultivateur de regrets. En cherchant, en voyant des photos, sans doute d'autres souvenirs reviendraient. La montée à ND des Anges. 2008, circonstances obligent, fut aussi la première année ou nous passames les vendanges à Mattes. N'est ce pas alors que fut mis la seconde version du site web ? quels travaux ai je fait cette année là ?

Plus les années passent, et plus je vois que les êtres qui nous entouraient étaient exceptionnels. Pourquoi ?
est ce que les circonstances qui les avaient forgés ? une enfance orpheline ? pourtant peu d'études, mais une culture orale immense, du bon sens, de l'énergie, du caractère !! et des principes stricts avec lesquels je n'étais pas toujours d'accord, loin s'en faut. En vrac, la messe deux fois par semaine (et à 9 H, à partir de 7 ans), la soupe pour commencer tout  souper, pas de mauvaises lectures (et le territoire du permis était étroit, dicté  par l'Eglise), et pour le reste, une grande indépendance. Elle se remit à travailler en 1968, à 50 ans, pour avoir son indépendance, et passa le permis, au grand étonnement de ses soeurs. Je ne l'ai jamais entendu dire du mal de quiconque, sauf de ma grand mère, femme solide, et de son beau frère, comme "pénibles". Pour le reste, elle aurait secouru l'humanité malade ! Mais quand elle avait un cap, permis, transformer sa cuisine, faire son devoir, rien ne l'aurait fait dévier. Son grand chagrin avait été de perdre sa soeur, brutalement et violemment, l'année de ma naissance, et elle ne remit jamais les pieds dans sa maison natale, par chagrin.
C'est une photo je pense des années 1920, elle est a droite, premier rang, avec ses 3 soeurs.
la, je pense, que c'est une photo prise peu apres 1945, avant son mariage.

tout est plus facile pour celle ci, ou je suis jeune, 25 ans, et mince !! elle a 60 ans, et cette photo fut prise dans la cathédrale de Chartres, en juin 1978.

Voila en quelques mots, son  histoire, et la raison d'être de ce Vin, ô lecteur buveur .

PS du 9 novembre. Le lendemain, au déjeuner, sur une canette au poivre vert, sauvage, il fut encore plus splendide !! Il tiendra encore dix ans, je pense...et me reviendront encore quelques fortes paroles..


dimanche 2 novembre 2014

BILANS d'AUTOMNE /2 Novembre 2014

En ce dimanche matin, des chinois sont quelque part dans Paris, et vont goûter les vins de Mattes 2011. J'ai dû insister pour faire participer la SABRAN, qui me paraît la plus adaptée a leur marché, à leur cuisine. Que seront leurs avis ?

Les 300 lettres sont aussi parties, portant notre offre de fin d'année, aux quatre coins de France, et même au milieu !!

Les vinifications sont terminées, conduisant à une récolte de 2.475 hl, c'est à dire en retrait sur celle de 2013 et 2011, mais dans la moyenne décennale. Les grenaches ont peut etre manqué d'un fort soleil, par contre les syrahs semblent très intéressantes.

Il faudrait que les températures tombent, pour que la végétation s'endorme, et aussi de la pluie, un peu plus tard, pour arroser les sols. Bref, l'inquiétude du paysan pour le temps ne m'échappe pas. mais je n'ai plus le temps de suivre.

Tout va trop vite. Il y a quinze ans, ce qui me paraît hier d'une certaine façon, nous décidions par réaction de vendre directement, faute d'un contrat positif et équitable avec les Caves Rocbere. Alors a l'époque, un coup de téléphone par semaine, le vendredi à 13H, suffisait à "tenir la barre", avec un courrier, ou quelques fax. Maintenant, les mails se succèdent à une cadence accélérée, les problèmes parfois s'accumulent, ou se multiplient (ah la simplicité d'une expédition en Chine, ah les normes sur les étiquettes, avec les américains qui ne veulent pas de logo femme enceinte, les européens qui l'exigent, etc), les banques certes souples, mais pointilleuses, et comment dire, moins encourageantes.

Les contraintes n'ont pas été allégées, syndicat, confédération, administration, europe, msa, comptabilité, fisc, sans compter les administrations de l'eau et des effluents (alors qu'elle n'arrive pas à Mattes). Bref, un carcan assez lourd, alors qu'on imagine le paysan seul avec son chien, ou calme sur son tracteur.

Je vois cette différence avec ceux qui m'ont précédé ! et même en fouillant mes souvenirs !!  il faut savoir presque tout faire, de la conception d'une étiquette, à une offre de prix, pour ne pas parler de la vigne elle même. Finalement, dans la vigne, je n'aurais pas vraiment mis mon nez, laissant faire les compétents. Au plus, ai je pris parfois certaines décisions, qui me semblaient dictées par l'évidence, et à m'y tenir : replanter des parcelles, privilégier des cépages que j'aimais, type Syrah, implanter des blancs, car ce sont les plus difficiles, faire de bons vins, et ensuite simplement vouloir qu'ils soient payés "au juste prix". Les sacrifices ont été nombreux, et il est probable que tout n'a pas été fait pour le mieux. Mais avant hier, j'étais assez satisfait, voire fier, des commentaires de M. DUBERNET, oenonologue sur les vins 2014, surtout en les comparant avec ceux qu'ils avaient portés de même, sévères mais justes, sur la récolte 1992...

Pourtant, dans tout cela, si j'avais eu la charge d'orienter les choses à l'échelle nationale, ou eu quelque poids, dans les instances de décision, j'aurais pesé pour "une doctrine française", car je constate que trop de vins, même réputés, et alors que la technique permet beaucoup de choses, restent médiocres sinon nuls !!!

Combien de fois, dans des restaurants moyens ou même hauts dans la classification, les vins présentés par la carte le sont mal, déjà, sont cher, bien souvent, et ne parlons pas de ce qu'on retrouve dans les verres, et dans toutes les régions ! de tout cet été, je reprends un seul vin, un blanc, vers la Clape, qui était a prix très raisonnable, 17€ la bouteille. Mais il est vrai que la gastronomie voit aussi des crimes commises en son nom, là aussi, le comble ayant été un souflé glacé à la verveine, à Narbonne, aussi dur que du béton !! pas glacé ai je fait remarquer !! encore gelé.

Pourtant, une des chances de ce pays serait le Tourisme, avec mille métiers, et mille traditions qui enrichiraient mille endroits de cette France. Pourtant les vrais plaisirs sont simples, un bon croissant, un bon pain, une bonne friture, et j'allais dire désormais, une bonne tomate !!

Seuls les fromages et les vins ne semblent pas avoir connu cette décadence générale !! Assez !

 


mercredi 22 octobre 2014

SILLONS. 21 OCTOBRE 2014.

Parfois, comme dans le post précédent,le futur mailing a venir,  le pessimisme me gagne, et ébranle tout, ou plutôt provoque une décharge électrique, et ranime mal un corps ayant besoin d'un électrochoc.

Néanmoins, hier, alors que la tempête faisait rage dans l'apres midi, que je m'activais à mille choses urgentes, France Culture donnait la parole aux chinois de Hong Kong, aux deux camps opposés. Tout était en anglais, intéressant, bien fait, direct, sans commentaire superflu.

Sans doute vous pouvez pendant un mois retrouver cette émission, par le site. Je crois que c'etait à 16H.

Ce qui m'a frappé d'abord, c'est le langage quasiment révolutionnaire de ces jeunes, au sens Révolution de 1789, c'est à dire égalité (entre chinois), fraternité (entre HK et le continent) et égalité (entre paysans et urbains, riches et moins riches, travailleurs et rentiers).

Un se référait explicitement aux Droits de l'Homme, langage clair. Surtout ces étudiants a la fois enfants et très cultivés - leur connaissance de l'Histoire m'a frappé - savaient et voulaient situer leur action dans l'Histoire, notamment celle de la Chine depuis 5000 ans...Qu'était le PCC (parti communiste chinois) dans l'Histoire de la Chine, pour décider a la place du Peuple Chinois ? une virgule de moins de 100 ans..Les opposants avaient des arguments, mais moins fondamentaux (vaut il mieux etre banquier pas libre que pauvre et libre...?)

Cela m'a fait plaisir de voir que la jeunesse d'un Pays, c'est à dire son avenir, et sans doute le Premier du Monde, au moins par la taille, ait une telle maturité politique et historique.

Et m'est venue ensuite une autre pensée, assez positive, en tout cas forte et peu contestable. Depuis que le monde est monde, au moins le monde connu, disons six mille ans, le Bien avait survécu au Mal, et finalement avait quand même gagné, loi mystérieuse. Hitler a rejoint Néron dans son incendie et son apocalypse, Staline n'a rien gagné au final, la guerre de 14 est finie,  et les religions "méchantes" - celles qui tuaient les esclaves, les jeunes filles, les animaux, les cannibales - aujourd'hui n'existaient plus, des azteques aux cannibales, et qu'il en était de meme dans l'ordre politique, comme si existait aussi un troisieme principe de la Thermodynamique, le bonheur de l'Homme et son universalité.

Une certaine évolution vers le Bien...et que la vie était toujours là, forte et renaissante. Nul doute qu'un jour la paix reviendra sur les déserts de Syrie. "Quand bien même nous mourrons, nous allons vers la Vie".

Oui, sans doute, si Dieu le veut, HK sera un jour libre, et peut être avant 2045.

mercredi 15 octobre 2014

15 Octobre 2014 - JOUR DE LA TAXE FONCIERE - et réflexions.

Le 15 0ctobre, comme beaucoup de français dits propriétaires, j'ai envoyé mes cheques pour les taxes foncières. Au risque de passer pour riche ici, surtout pour beaucoup de contribuables, j'ai envoyé un total d'un peu plus de 21.000 € !!! excusez du peu.

Tout d'abord, je vais situer l'absurdité de ces taxes, et surtout leur non cohérence entre elles, et avec les "mots maux" de ceux qui nous gouvernent, par un exemple simple, comme je l'avais fait il y a deux ans pour le fameux CICE, dont je prédisais le futur impuissant à créer des emplois, et l'usine à gaz !!! eh bien, un autre exemple pratique aujourd'hui.

1°) taxes foncières du Domaine.

Elles sont maintenant de 12.000 € par an. c'est à dire 1.000 € par mois. En principe, les batiments agricoles ne la supportent pas (cave, etc), et les terres agricoles devaient être exonérées (promesse de Jacques Chirac en 1995...soit 19 ans).

Les vignes a elles seules  représentent un total de 7.500 €, dont 1.800 € pour la seule Chambre d'Agriculture, qui si j'applique la règle que Mattes "pèse" 0.5 % de l'agriculture de l'Aude (soit 200 exploitations comme Mattes), voudrait dire que la chambre d'agriculture a au moins un budget de 1.800 X 200 soit 360.000. Si à l'agriculture, on appliquait les règles de la fameuse taxe prof chère au MEDEF, et le plafonnement par la valeur ajoutée, cela se traduirait sans doute par une économie de 10.000 € !! soit 80%.

J'ignore sur le plan concret a quoi sert la chambre d'agriculture, mais voila qq chose qui coûte cher. Enfin, la  seule taxe d'ordures ménagères réprésente 800 €.

Les collectivités locales prélèvent à elles seules un peu plus de 7.000 € !!! signalons pour être complet que Mattes ne bénéficie pas de l'eau de la ville, a dû payer son raccordement éléectrique, et naturellement n'a pas le tout à l'égout !!

On pourrait multiplier les considérations fumeuses, du genre les impots ont augmenté alors que la surface vignes (et leur valeur marchande) a baissé, qu'ils ont augmenté de 33 % pour les bâtiments en 7 ans, et que la valeur a pris sans doute le chemin inverse. Bref les absurdités sont innombrables, et l'injustice augmente.
Il serait intéressant - je n'ai jamais trouvé les chiffres en 30 ans - savoir ce que paierait un agriculteur similaire implanté qui en Provence, qui en Bordeaux, qui en Bourgogne ou Champagne !! juste pour la comparaison.

2°) ABSURDITES.

Ce que les français sentent surtout, c'est que ces taxes sont profondément inégales. et différentes suivant les villes. Mais au fil du temps, les absurdités et inégalités s'amplifient. Le même montant , 4000 € par exemple, peut correspondre a des biens très différents, de valeur tres différente, c'est donc une injustice (suivant la constitution, et les droits de l'Homme).
4000 € correspond par exemple a la taxe de 30 ha de Corbieres, soit un capital évalué à 300.000 €. Ca correspond a tres bel appartement sur Paris, d'une valeur disons de 4 à 5 millions, et à une grande maison, qui suivant son implantation en province, vaudra de 500.000 à 1.000.000 voire plus, suivant les cas particuliers  (ne pas hésitter à me fournir des exemples précis et localisables).

Ces montants au fil du temps sont de plus en plus significatifs, et importants par rapport aux revenus potentiels ou possibles. Cela veut dire que les communes nous tondent de plus en plus, et pour un service sans doute pas meilleur qu'il y a trente ans.

La moindre commune veut sa salle polyvalente, son terrain de foot avec gradins, sa salle omnisports, son parc des expositions, ses salles de concerts, etc, pour les plus grandes. C'est de la démagogie !!! Pourquoi pas instaurer  les bordels gratuits, au nom du bien être physique et mental des populations ??? En Allemagne, souvent citée comme exemple, les activités municipales sont restreintes, quelquefois un musée et une salle de concerts, fonctionnant sur fonds privés, pour les plus grandes villes d'Allemagne, type Dusseldorf, Koln, ou Munich !! et ne parlons pas des réseaux de bus, ou autres.

Surtout on voit bien que tout cet argent "versé" sans compensation apparente et concrète, un impôt puisqu'il faut appeler les choses par leur nom, est prélevé aux dépens d'autres dépenses plus prioritaires et plus utiles pour le Domaine ou ses propriétaires actuels, , par exemple, avoir un autre salarié, et donc créer un emploi, soulager les existants, faire des travaux sur les bâtiments, ou simplement vendre un peu moins cher !!! voila concrètement  "trop d'impôts tue l'impôt" et surtout nuit à la compétitivité. Quand nos éminences ouvriront ils les yeux ??? au moins le Pape, vieille institution, convoque t'il ses ouailles pour avoir leur avis !! oui, la Révolution reste à faire dans ce Pays.

samedi 4 octobre 2014

4 OCTOBRE 2014

Non, les vendanges, a cette heure, ne sont pas terminées. Il manque environ 8 ha. Deux grosses pluies inattendues, le jour de la st michel, puis le lendemain, ont tout fait retarder. Lundi, en revenant de Mattes, j'ai traversé vers Bessan le fameux orage qui allait inonder Montpellier dans l'apres midi. Il était formidable, les voitures sur l'autoroute étaient presque obligées de s'arreter, tellement la visibilité était courte, moins de 5 m, et la pluie abondante. Cela dura une bonne vingtaine de minutes, jusqu'a Florensac. Ensuite le Gard, tout calme en ce lundi matin, et les dernières vendanges, puis Marseille et le Var, où la pluie commencerait demain.

Mais globalement le temps s'est maintenu beau sur toute la France, je pense que les vendanges ont beneficié de conditions exceptionnelles en Champagne, Bourgogne pour les blancs, et peut être Val de Loire.

Cette saison, cette année s'achève déjà. Il faut préparer la fin de l'année, se bousculer pour les prochains embouteillages...a un rythme de plus en plus vite.



samedi, ce fut d abord la battue aux sangliers, avec une belle prise. Ces gourmands gourmets ont mangé cette annee en une nuit une parcelle de muscat, soit l'équivalent de 3000 bouteilles !!!Il est temps de faire le menage envers ces terroristes à 4 pattes !!

Dimanche, des narbonnais sont venus s'initier aux vendanges et à la fabrication du vin, avec ces raisins ramassés entiers.

Il est certain que la machine, new holland, sic, ou autres, va beaucoup plus vite, mais quelle satisfaction de voir ces raisins entiers, et parfaitement sains.

 dans ces flacons, les futurs assemblages 2013, a embouteiller dans un mois.

Il m'est étrangement revenu un souvenir, d'un coup, de plus de 40 ans, exactement du 4 Octobre 1974, à Lyon, un samedi aussi, mais ceci serait une autre histoire dont tous les acteurs sont aujourd'hui morts, sauf le principal, à l'époque président fraichement élu..Mais en 40 ans, je peux remarquer que le monde a bien changé - on se demandait a l'époque comment faire face au choc pétrolier, alors que l'essence n'était qu'a 0.20 € - mais que ses dirigeants manquent toujours et encore plus de sens commun qu'autrefois. Car  Pompidou n'aurait jamais emmené Régine chez le Pape. Nous continuons de glisser dans le toboggan des faits, sans meme vouloir les éviter. Cette fatalité non seulement m'inquiete, mais commence a m'em...............er.



jeudi 18 septembre 2014

SAUCISSON, REFLEXIONS, VISIONS

Nous revoici dans le Midi, après un intermède sulpicien, le 5 septembre.

Dieu aime la France, car autant que je puisse en juger, le temps début septembre est devenu chaud, ensoleillé, si bien que les vendanges risquent d'en bénéficier, notamment sur les régions inondées tout l'été. Tant mieux, car voir ainsi compromis le travail de milliers de domaines par les caprices du Ciel, a de quoi stresser.

Je pensais à tout cela, et à plus grave encore, et commencais à ruminer que franchement, non, l'année pour bien des gens dans le monde, en france aussi, n'était pas facile, doux euphémisme. Pour moi :  en particulier, qui aime être maître de mon temps, je ne le suis plus, et de plus,  de moins en moins, alors que la retraite signifiait une liberté retrouvée. Mille choses m'occupent, ou plutot me dévorent, en ce moment ce controle fiscal, demain les travaux à faire, les clients a voir, les embouteillages à décider, la trésorerie de 2015, demander ma retraite, payer les impots, rechercher des objets disparus, faire les plantations d'automne, aller voir la chapelle qui prend l'eau, la toussaint, le mailing de fin d'année...ronde infernale dont je souhaite m'échapper.

Aussi redescendre de Paris au sud est une sorte de récréation  dans cette ronde. Nous décidâmes de le faire en deux jours, plutot que d'aller vite, par l'autoroute, et etre abruti le jour suivant. Un peu intuitivement, cette fois ci, je suivis la RN7 depuis fontainebleau, la vraie, pas son double autoroutier. D'ailleurs, les morceaux difficiles ont été renovés. Ce qui est frappant, c'est tous ces départements du loiret, allier, nievre, glisser dans une torpeur. Les villages ont perdu de leur caractère rieur. Semblent parfois abandonnés ou vides. Des maisons sont fermées, les volets clos. Roanne aussi a changé, on démolit les vieilles usines textiles en briques. 

Plus loin, par contre, des villages de la Hte Loire dont j'avais cru l'avenir perdu ou impossible sont vivants, des usines, des trottoirs propres, une vie. Pourquoi ? les subsides européens ? St Bonnet le Froid est ainsi, alors que la Louvesc, sa voisine d'ardeche, qui fut il y a 50 ans une coquette station de vacances, vivante, et peuplée est aujourd'hui morte et figée. Je n'ose pas interroger St Jean Francois Régis, enfant de l'Aude, né à Fontcouverte, venu mourir ici en voulant évangéliser les parpaillots de la Hte Loire..

Ma madeleine de Proust fut curieusement une rondelle de saucisson servi dans le restaurant CHATELARD à St Bonnet le Froid. Je retrouvais instantanément le goût de ce saucisson de montagne pur porc qui baigna mon enfance, et avec lui, arriverent des tas de souvenirs, et de réflexions....La France est un vieux pays paysan, cela se voit encore a ses murailles des champs montées il y a plus de 500 ans,


et a la vie de son peuple. Paysan à sa manière, pas paysanne comme un fermier japonais, ou un céréalier américain..Et j'en arrivais à disserter sur l'aphorisme pétainiste "seule la Terre ne ment pas"..Hélas, les nourritures du restaurant n'étaient plus celles de mon enfance, ni du plateau, mais presque exotiques pour mes montagnes, coquilles st jacques etc.

Et que finalement les deux meilleurs Présidents de la République, de la Ve, étaient sans conteste les petits fils de paysans, ou de militaires paysans..c'est à dire des gens qui avaient des racines puissantes, et centenaires dans ce sol. Mais ce monde là disparaît, me semblait il, et me vint une autre crise tenant justement à cette disparition, a ce changement, qu'allait devenir la France si tous les paysans disparaissaient ? si ce qui fut notre structure pendant 2000 ans, ce mélange d'indépendance et de solidarité, d'ardeur au travail et de simplidicité, d'attachement a cet horizon et à une vie simple, disparaissait ? déjà bien des choses craquaient, voila bientot depuis 50 ans, a tel point qu'une chatte ne reconnait plus ses chatons ? le monde ancien, ou est il ? non que j'y fusse attaché particulièrement, mais celui de demain me semble pire, bien pire. Quand les femmes montrent les dents a la Republique, à leur propre grandeur, et ceci dans un concert d'applaudissements, qu'aurait pensé Madame de Gaulle à laquelle je me réfère souvent quand les murs tremblent ?? non, ce n'est pas convenable.

Dieu me répondit le lendemain au moins deux fois. Après La Louvesc, existe une longue descente sur l'Ardeche et Tournon. La végétation change rapidement, passant des mélèzes aux marroniers, puis aux oliviers presque. A un virage, dans un pré, se tenait de grand matin une bergere et ses chevres. Je n'osais la photographier. Mais le passé ressurgissait. Le prochain village était St Félicien, le nom d'un fromage introuvable a Paris. Je demandais à une vieille dame, et elle me conseilla la boucherie, où il y avait encore des trésors là aussi disparus ailleurs, à des prix d'avant !!! jambonette, feuilleté, saucisson a la fleur et frais, saucisse, fromages, nous voici enfin munis. Les gorges de l'Eyrieux sont impressionnantes, et que fut dure sans doute ici la vie d'autrefois.



Tournon, Valence, Montelimar, puis à Bollène, tournant. Je veux voir Gordes. Le hasard me ramene a UCHAUX où le restaurant COTE SUD je crois est toujours aussi agréable par ses plats et sa tonnelle. Et complet........Je n'ai pas croisé la veuve de Carpentras, mais c'est une bien belle ville, me sembla t'il.

Alors que je m'attendais à un pays plat, dès la fin du couloir rhodanien, ce ne sont que des petites routes de montagnes et des virages pour atteindre Gordes. Le pays est rempli de touristes, il est impossible de stationner, et après une halte planifiée et rapide, nous nous enfuyons. Les vignes que nous avons vu sont hétérogènes, certaines bien soignées, d'autres maigres, parfois l'oidium, parfois manque de grappes ou trop de grappes. Mais les vignes des coteaux sont en général plus intéressantes. Je revois Gigondas apres 35 ans, et tous ces villages connus du sud, Rasteau, Beaumes de Venise, Sablet, Ste Cécile des Vignes, ou les vendanges battent leur plein. Machines souvent, équipes aussi.




Les vignes de Provence, apres AIX, semblent plus saines et plus intactes. St Maximin traversé, qui s'étend de plus en plus. Enfin, la vieille maison est la, accueillante.

Curieusement, ou pressentiment, ce voyage m'avait mis mal à l'aise. Certes, existait un pays que j'avais connu, inchangé dans ses paysages, mais mille choses disaient son malaise, des volets fermés des maisons d'autrefois à ces zones commerciales hideuses, ou ces pavillons construits à la va vite. Peu de gens rieurs dans les rues, ou attablés à une terrasse. Des fourmis pressées sur l'autoroute.

Apres la bergère, la seconde vision déterminante fut celle d'Antenne 2, l'apres journal de midi, qui parlait de la paysannerie, et qui fut la brique manquante de mon lego cérébral. Cette émission de 40 mn parlait justement de la paysannerie et de la crise. De mémoire, la famille FILOCHE, dans la Sarthe, et une autre différente du Cantal. Il serait difficile de résumer sans les images la vie de ces éleveurs, de leurs difficultés, mais ce qui m'a impressionné, c'est disons la grandeur, au sens mental et moral du terme, des enfants, dans les deux cas. On voyait que bon sang ne saurait mentir, et ca criait a travers l'écran plus que des mots de grand orateur, une vérité, un coeur, une structure, une force déferlait, dont je ne pense pas que le réalisateur lui meme avait conscience. Ces gens la étaient non seulement authentiques, mais étaient des gens bien, dans la vérité, et au dela des épreuves qu'ils traversent. Cela m'a rassuré, apaisé. Comme un arc en ciel dans un jour d'orages.

Non, non tout n'est pas mauvais du Passé, au contraire. Il ramene parfois à l'essentiel, c'est à dire au fondamental. D'ailleurs, hier, mais c'etait plus rationnel, le meme journal televisé a montré une expérience scientifique confirmant que l'apprentissage de la lecture syllabique était le plus efficace :!!! ce que tous les gens de bon sens savaient depuis 1914. Tout le monde en 1945 savait lire !! couramment, et écrire. Et dire qu'aujourd'hui la France se satisfait d'une école genre broyeuse dont 20 % des éléves entrant en 6eme - et non pas en 11eme - ne savent pas lire couramment !!!

C'est comme si un paysan négligeait 20 % de ses vaches !!!!


DEGUSTATION DU CLOS REDON 1998

Avant hier, un peu par hasard, mais aussi par curiosité, et aussi par auto-récompense à propos de je ne sais quoi, j'ai sorti de la cave ou elle dormait une bouteille de CLOS REDON 2002.


La cave de Hyeres, si elle est vaste et bien enterrée, n'est pas tres optimale, car l'été, elle peut être assez chaude, aux environs de 20°C, mais disons qu'elle est quand même convenable.

Voila bien longtemps que je n'avais goûté ce vin. De ce milésime, que je qualifie de septembre de Jean Paul II, car il fut étonnamment beau et chaud sur toute la France, j'ai dégusté plus tôt dans l'année un chevreuse, à mon avis en limite de consommation, et un SABRAN, qui lui était parfait. Pour les puristes, à l'époque, le chevreuse était issu directement de la SABRAN, avec vieillissement en fûts. Les deux ont eu des médailles d'Or à des Concours, c'était le début du réveil de Mattes, qualitatif, sous l'oeil de M. Jacques RUFFEL.

Ce fut aussi le dernier millésime qu'on fit pour les Caves ROCBERE. Ensuite, nous prîmes ou plutôt reprîmes notre indépendance.

A l'épque, notre encépagement n'était pas le même. La, c'est une pure syrah, relativement jeune, des courtalous, donc une vigne de 8 ans, jeune. en outre, notre taille était longue.

C'est donc un vin différent des vins d'aujourd'hui, plus faible en alcool, moins concentré. a l'époque, il était assez proche d'un vin moyen des vignobles de Crozes Hermitage ou St Joseph.

 Voila la bouteille. Le verdict, ce vin aura t'il tenu 15ans ? - mon objectif d'alors - quel est il ?

Ce qui est frappant c'est que le bouchon est, au bout de 15 ans de bouteille, toujours intact, et parfait. Le niveau est intact. Oui, bouchon de qualité, alors qu'aujourd'hui, on trouve de plus en plus souvent des bouchons, et même sur des grands vins, "indignes".

C'est un bouchon TRESCASES, et nous utilisons les mêmes ou de meilleurs, pour les vins d'aujourd'hui.

Quant à la dégustation, le vin a une couleur identique, dense, brillante, le nez leger mais typique de la syrah, la bouche révèle quant a elle la complexité si peu fréquente d'un vin de 15 ans, le bouquet fin de fruits mûrs, comme des cerises a l'alcool, et des noyaux, le vin paraît certes dilué par rapport a ceux d'aujourd'hui, mais la longueur en bouche, la persistance sont assez exceptionnelles. Oui, un côté exceptionnel.

Le lendemain, sacrilège, j'avais mis la bouteille au frigo - j'ai horreur des vins trop chauds - et au déjeuner, le vin était intact, préservé, pas du tout oxydé, et toujours intact. Je suis incapable de dire combien d'années encore il pourra être gardé en cave, mais je suis fier de voir que mes propos d'aujourd'hui - le CLOS REDON  peut se garder et s'améliorer sur 15 ans - sont tout à fait fondés. Et donc, fort de cette expérience, nous allons nous même stocker des millésimes pour les vendre plus tard.




A votre santé !! et stockez du 2011 pendant qu'il en est temps !




dimanche 7 septembre 2014

CERTITUDES DES COEURS SIMPLES

A l'heure où l'actualité déverse un flot d'insanités inimaginables, noyant tous dans un flot inégalé de boue fétide, où les chevaux mal dressés ruent dans les brancards, les vendanges ont commencé sans moi. Les blancs ont été faits cette semaine, à l'exception du muscat dévoré par les sangliers en une nuit ! Si le volume se situe dans la moyenne des dix années années, pour les mêmes parcelles, il est en recul sur 2013 et 2011, mais voisin de 2012.

Les rouges vont bientôt suivre, avec une peau epaisse, signe que l''eau a manqué au bon moment (avril, mai). Nous verrons bien. Que le temps tienne, car septembre semble meilleur que l'été..

Me voici pour quelques jours à Paris, pour des jours singuliers !! mais hier, en écoutant une nouvelle fois l'histoire des taxis de la Marne, il m'est revenu une histoire curieuse dont mon enfance a été bercée et que j'avais presque oublié.

Je n'ai pas retrouvé la photo qui aurait tout expliqué. Peut être dans les prochains jours ? toujours est il, qu'enfant, je passais beaucoup de temps chez un couple de gens sans enfant, à l'ancienne, âgés d'environ 80 ans, nés vers 1880,  ex domestiques, qui étaient restés sur place une fois la retraite atteinte; D'ailleurs, les activités continuaient, devidage de la soie naturelle, chargement du charbon, jardin potager, entretien des lapins, lavage des voitures, etc. Un peu des grands parents, mais différents. J'avais tous les jours mon couvert mis, et sans doute là que je suis devenu gourmet. L'intérieur aujourd'hui paraitrait misère, cuisine et atelier dans la pièce d'entrée, deux petites chambres, pas de salles de bains, ni de wc..le fourneau assurait le chauffage, et l''eau n'arriva qu'en 1959.

Toujours est il que Mémé Maria parlait peu. Un jour je lui fis entendre un des premiers transistors, et elle regretta simplement que les polkas ou mazurkas de sa jeunesse n'existent plus. Son mari, épousé avant 1914, fit toute la guerre, notamment Verdun, de 1914 à 1918, comme ordonnance, et en ramena d'ailleurs un pistolet que je crois avoir encore. C'etait un homme intelligent et de coeur et de bon sens.

Mais une chose partageait ce couple uni et paisible. La victoire de la Marne...Lui, en bon rationnel - catholique certes - vantait les efforts de Joffre et des soldats. Elle, sans insister, mais sans en démordre, parlait de miracle de la Marne, en disant que le 8 septembre, jour de la Nativité de la Ste Vierge, une vierge était apparue sur les lignes allemandes et les avaient stoppées. Enfant, j'écoutais d'une oreille distraite, et je ne me souviens pas des détails, seulement de la conviction qui l'animait alors, et ils passaient à autre chose.

Pourtant Mémé Maria n'était pas une grenouille de bénitier, ni une scrupuleuse, certes catholique et chrétienne, mais ayant une vision des choses modérée. Ce qui est surprenant, c'est que je me souviens de son deuxième "dada", si j'ose dire. Fatima et les prophéties. Elle croyait fermement et sérieusement que la Russie se convertirait, alors que le communisme était triomphant a l'heure de Gagarine !!! sans faire une quelconque analyse politique, ni stratégique. Simplement parce que c'etait inscrit dans le ciel, comme la vierge de la Marne l'avait été.

Aussi quand je vois la renaissance de l'orthodoxie en Russie, la construction d'églises, etc, bref en quelque sorte la réalisation des paroles d'un coeur simple qui n'avait jamais quitté son village, je suis pris d'un certaine vertige. Et il me revient aussi d'autres souvenirs. Lui, avant la guerre, avait été marchand de vins, plus exactement employé par un marchand de vins, livrant des tonneaux en charrette aux clients. Il y avait d'ailleurs dans la cave un tonneau qui me semblait gigantesque, et était donc descendu, sous la chambre !! tonneau auquel j'allais souvent tirer avant midi une bouteille pour la journée. Sans doute est ce la que j'ai goûté mes premiers vins, parfois purs, sans doute d'algérie ou coupés, qui ressemblaient assez a nos grenaches d'aujourdhui.




dimanche 31 août 2014

31 aout 2014. Fin !!

Cette année poursuit son chemin bizarre. Me voici par exemple à Paris, où tout affirme déjà un automne tôt, au lieu d'être dans la vieille maison, à la veille des vendanges..

La veille des vendanges, plus tardives cette année. 1° septembre donc, au lieu du 25 aout en général, voire plus tôt. Me voici loin de la vieille maison et de ses murs rassurants, de son atmosphere si spéciale, qui, si les lecteurs ne craignent pas les fantômes, je décrirais comme peuplée de morts et de fantômes, mais tres vivante.

Cela tient sans doute à l'âge de la maison, mais pas seulement. Des meubles ont été changés, des décors aussi, mais la permanence de ces présences reste. Cela tient il aux livres ? à la disposition des meubles ? le style ? les bustes ? les portraits ? les vieilles choses ? au silence ? sans doute. Une certaine pénombre y participe. Mais nulle part ailleurs ai je senti de telles présences !! de personnes d'ailleurs connues de leur vivant ou inconnues..des femmes essentiellement.

Très curieusement, j'ai cherché si ailleurs j'avais déjà ressenti cette même impresssion, ces présences. Nul doute que Colombey, ou Malagar ont cette densité. Mais alors, ce peut être le vertige des personnages qui nous marque. On le ressent aussi dans certains musées, type CAMONDO, ou des lieux, comme le Grand Trianon, ou le bureau du premier ministre à Matignon, mais ce sont des lieux hantés par l'Histoire. 

Mattes n'a rien d'un tel prestige, il ressemble plus à une petite chapelle de province ignorée qu'à un lieu chargé d'Histoire. Je ne saurais dire d'où cela vient. Mais une vieille dame me dit un jour, directement et d'un ton surprenant, "on sent que cette maison a une âme".

Oui, toucher les pierres de ses murs, coeur vibrant en cette veille de vendanges. s'apaiser a la vue de ce paysage millénaire, qui change insensiblement, par les arbres qu'on y met, les vignes qui le marquent, et qui reste pourtant le même.

Que sera Mattes dans 20 ans ? que sera la vieille maison sur l'ocean du Temps ? Que sera meme ce paysage qui après avoir connu la vigne partout voit maintenant des friches de plus en plus importantes ? il y aurait de quoi douter de l'avenir, même sans écouter le pessimisme ambiant. Pourtant, cette année,  nous avons largement investi, donc pris des risques importants, alors que la raison pousserait à tout freiner et à vivre autrement. Plantations, 3 ha, un pressoir, des cuves inox, des barriques, soit un peu plus de 100.000 €, soit plus du double d'une année normale.








samedi 16 août 2014

IDEES RECUES AUXQUELLES TORDRE LE COU !!!!

En voici qq unes, parmi d'autres, mais celles ci me sont venues plus récemment, ou avec d'autres arguments,

1°) EFFET TERROIR

Je m'en tiens à l'application vigneronne, comme quoi le terroir serait la source de tous les bienfaits, l'alpha et l'omega de toute la viticulture !!! Hors de la Champagne, impossible de faire un vin mousseux qui soit bon !! les grands Cabernets ne viendraient qu'à Bordeaux, et pour  tout le reste, nous serions des égarés. Ou les bonnes voitures viendraient d'Allemagne, les tissus d'Italie, et les présidents de l'ENA. Hors du terroir, point de salut. Pommes de terre de l'Ile de Ré, ratte du Touquet, cochon d'Andalousie, etc.

Or, quand on fait marcher son cerveau, et qu'on observe les réalités, que voit on ? Les meilleures tomates mangées cet été sont trouvées à Sigean et Portel, lieu qui n'est pas spécialement connu pour sa production de tomages mondialement, il en est de meme des pommes de terre, salades, et courgettes notamment !!

L'effet terroir, c'est comme si on choisissait un restaurant, ou un produit, sur la base de son lieu de production !! et non pas pour ses qualités propres  ou de cuisinier, ou de jardinier !!!!  Il est evident que si on prend deux frères, aux qualités dissemblables, sur un même sol, tenant des vignes, il est évident que les vins en seront différents !!

Il y a certes un effet régional, ou local, le sol, le climat, l'exposition, la tradition rurale, mais rien ne remplace la patte du vigneron. C'est le vigneron essentiellement qui fait le vin, comme un cuisinier fait ou ne fait pas sa cuisine, et tout le reste est balivernes. Changez le propriétaire, l'oenologue, le chef de cave, etc dans un domaine, et vous obtiendrez des vins différents.

2°) L AGRICULTURE, activité pour les "simples".

Contrairement à ce qu'on pourrait croire - et qui explique sans doute le génie français - une longue tradition agricole forge un peuple. Le Japon peut s'expliquer par le côté insulaire et la culture du riz. La France par cette longue tradition agricole, mais qui s'erode, certainement. On voit des chefs d'entreprise échouer ou se lasser en viticulture (comme on voit des vignerons faire des erreurs ou vouloir faire autre chose). Les qualités propres à un vigneron sont sans doute peu communes, l'intution, le jugement, l'observation, l'anticipation, et bien sûr, des qualités de travail et d'énergie. Je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui des BAC + 5  nés hors de ce milieu, et transplantés dans les vignes, soient les meilleurs "vignerons". Et ma génération qui disparait n'aura pas une suivante identique.

autre idée recue : que la viticulture ne nécessite pas d'investissements. Quand je vois "alignés" les investissements de cette année "moyenne", dans une époque où l'argent est compté, j'en suis rêveur, ou songeur, pour le moins. 3 ha de plantations, au moins 40.000 € en prix de revient, un pressoir , 62.000 €, des cuves, pour 18.000 €, soit déjà 120.000 €, plus 10.000 de barriques, etc. certes, un pressoir ne "revient" pas toutes les années, mais l'année dernière, ce fut un tracteur, etc. Bref, c'est un taux d'investissement très élevé.

3°) Où va t'on ?

Sans être pessimiste, très franchement, et sans l'avoir directement connue, je pense que la période actuelle est a bien des égards assez proche de la période 1929-1939, à savoir crise économique, conjuguée à des difficultés d'en sortir, états impuissants, tensions internationales, et surtout paralysie des esprits. Les vieux combattants veulent " la paix" et les générations actuelles sont marquées, globalement, par "l'esprit de jouissance l'a emporté " sur l'esprit d'effort.  Pire, l'école produit depuis bientot 40 ans 20 % des effectifs "non conformes"..........ce qui au fil du temps fait 4.000.000 de personnes pour le moins. Enfin l'ensemble des dirigeants semblent incapables d'imaginer comme jadis  aussi une vision du futur.



vendredi 8 août 2014

8 AOUT 2014 - CHOSES VUES, a la recherche du temps a venir

Me voici depuis un peu plus d'une semaine sur mon ile de Robinson, c'est à dire, à Mattes, sans trop bouger, faisant la permanence, faisant tourner un peu la boutique dans cette période creuse. Le temps a été variable, désormais chaud, je n'ai pas vu la mer à 5 km, les factures sont épurées, et malgré le calme, les journées sont bien remplies.

Hier, le chat s'est échappé !! avait il marre de sa prison obligatoire sans condamnation ? sa maitresse le rechercha bien sûr tout l'apres midi, appelant a 500 m a la ronde, il avait disparu, c'etait le grand deuil muet. A minuit, épuisé, je dormais, le ventilateur tournant, quand j'entendis un miaulement d'alerte dans l'escalier de la chambre, et le chat sauta sur le lit, tout content et muet !! il avait bien retrouvé le chemin de la maison et seul, laissant crier sa maitresse dehors.

Les gîtes, et mille petits problemes,  le téléphone, le caveau.....on apprend beaucoup au caveau, le type de clientèles, leurs soucis, leur recherche, leurs goûts, ce qu'ils aimeraient, ce qu'il faudrait faire. En une semaine, plusieurs choses m'ont frappé.

- les clients de Mattes sont fidèles, certains parfois depuis plus de dix ans !
- la clientèle "populaire" a disparu !!! ce que j'appelais le "camping" de SIGEAN, le vacancier qui venait un peu par hasard, pour decouvrir. ou le type du coin. Cette clientèle la a malheureusement disparu, sans doute parce que la concurrence est sévère, ou plus rude, mais je pense surtout pour des raisons de pouvoir d'achat. Il est "plus rare de pouvoir se faire plaisir". Au fil des ans, parallèlement, j'ai vu les vins les plus chers, donc ceux qui semblaient les plus improbables ou invendables, devenir les plus vendus, disons les cuvées hauts de gamme.
- enfin, ca devient international, la mondialisation au sens absolu, et j'en prends pour illustration le déroulé de cette journée, certes atypique, mais pas surprenante,

le matin, 9H30, deux acheteurs, professionnels, des chinois, les premiers à Mattes, une bonne heure, ont le plus apprécié la SABRAN et la CHEVREUSE. Visitaient toute l'Europe du Sud, et la veille, étaient à Gigondas, et apres, partaient pour Montpellier,
ensuite deux clients, habitués, allemands, retournant à Munich, et faisant le plein  (CLOS REDON, ROSE, CHEVREUSE)
un client français, local, essentiellement du DIONYSOS, du ROSE
ensuite, un californien, ayant une maison vers Lezignan, parlant tres bien français, tres intéressant, CHEVREUSE, CLOS REDON, APOLLON et vins blancs, donc CLOS DU MOULIN

dans l'apres midi, un couple de retraités, français, la ROCHELLE, en vacances, ex restaurateur à Paris, a tout goûté, généralement apprécié. Venait surtout pour les rouges que son beau frère lui a fait goûter (un Nicois)..mais est reparti avec aussi des blancs (CHEVREUSE CLOS REDON DIONYSOS CHARDONNAY et CLOS DU MOULIN).

Bref, une journée tres intéressante, même unique !! 





vendredi 1 août 2014

2 AOUT 1914.

Que le monde a changé en un siècle, pourtant moins de deux générations. Ma grand mère était née en 1885, mais elle ne parlait pas de la Guerre, et peut être était ce son tempérament. Mais d'autres en parlaient abondamment, notamment son frère qui avait été membre de l'expédition de Salonique, pour la conquête des détroits. D'autres aussi avaient servi à Verdun, etc,.

Mais de ces propos que j'entendais enfant, nul ne donne forme à des souvenirs disons historiques, ou à des faits réels. C'étaient des propos, des souvenirs oraux, rien qui permette de "mentaliser".

Curieusement, c'est grâce un livre d'un ouvrier de l'Aude, vers 1978, que je découvris ce que fut de pres et pendant 4 ans la vie d'un soldat. C'est un livre encore remarquable aujourd'hui, et bien écrit.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Barthas

A l'autre extrêmité de l'Aude, géographique et sociale, se décidait aussi mon destin, et les évènements se bousculaient.

Le domaine appartenait à ALYETTE de LAREINTY (1892-1954), qui l'avait reçu en 1913, de sa mère, Louise, née SABRAN PONTEVES.

Dès l'entrée en guerre de la France, ALYETTE devient infirmière volontaire. Ses deux frères, JULES et HONORE, sont mobilisés comme aviateur. La mère d'ALYETTE décède d'ailleurs le 25 aout 1914, au chateau du Lac, pres de Narbonne, dans des circonstances mystérieuses, et aucun de ses enfants ne pourra revenir assister aux funérailles.

Je n'ai pas de témoignage direct sur la vie au Domaine pendant la guerre, dont le régisseur était M.   . Seules quelques photos existent.
Alyette passera toute la guerre sur le front, comme infirmière. J'ai d'ailleurs retrouvé à Mattes l'été dernier, une vieille photo sur verre où elle pose, à côté d'ARISTIDE BRIAND, qui devait soit lui rendre visite, soit faire un tour du front. Cette photo n'a pas manqué de m'étonner.

Honoré, le frère aîné, sera abattu dans son avion, au dessus de Corcieux, en 1917. IL est maintenant enterré au Pont Pietin. L'autre frère, Jules, terminera la guerre comme aviateur, ayant notamment participé au groupe aviateur (envoyé par ARISTIDE BRIAND, ministre) français pour la défense des Balkans.

Récemment, en juin, j'ai trouvé à la maison plus de 600 photos sur verre, qui sont probablement prises par Honoré, montrant la vie quotidienne du soldat. C'est un fonds iconographique incomparable pour connaitre la vie de tous les jours du soldat, a la fois au régiment et en campagne. Certaines concernent les Balkans. Le choc des photos.

Ainsi donc, tant l'élève de l'école élémentaire de Peyriac Minervois, que celui de Louis le Grand ont vu leur vie changer par cette Guerre qui bouleversa tout, et pour longtemps.