lundi 31 décembre 2012

FIN ANNEE 2012

Fin d'année, dont le visage chaque année s'accentue. Pour les uns, la fête obligatoire, sinon le départ pour des vacances, pour les autres, pas mal de formalités, notamment pour les entreprises, et leurs gérants : boucler les comptes, faire des bilans, voir les actions à venir, faire les inventaires au 31.12, etc, toutes choses devenues de plus en plus impératives au fil du temps.
 
Tout s'est accentué de part et d'autre au fil du temps. Oui, je peux regarder le passé, arrivant dans l'année de mes 60 ans ! jadis, les voeux étaient la chose la plus indispensable, surtout pour l'enfant que j'étais. Voeux à chaque membre de la famille, même aux plus insupportables, cartes pour les plus lointains, voeux à la maîtresse d'école qui avait droit à un petit cadeau, aux voisins, ceci dès le 1° janvier. Il n'était pas rare de voir arriver des gens pour moi inconnus à la maison venant présenter leurs voeux, et qui repartaient après les propos d'usage, et le verre de goutte, pour les plus "buvards", dans les familles généreuses..Ma grand mère s'en tenait aux prières, et à un billet de 5 F, parce que j'étais le filleul.
 
Il n'y avait pas de réveillon, au moins tant que nous fûmes enfants, c'est à dire jusqu'à 15 ans, et 20 ans pour les aînés. Le 1° janvier, il y avait un grand déjeuner de famille, chez l'un ou chez l'autre, réunissant les cousins.
 
Cette année, Paris est plein de touristes, noir de monde. Il fallait hier matin vers 11H les environs de la Tour Eiffel. Même le marché de la rue Clere, dans ce 7° discret et prudent, était peuplé, et d'habitants et de musiciens. Certaines grands mères cherchaient déjà à préparer un réveillon, qu'on devinait parfois sommaire...à la commande..
 
Oui, Paris noir de touristes, que je suppose essentiellement étrangers, des ex pays de l'Est. Des Japonais plus âgés aussi, des jeunes couples, des bandes de chinois, surtout dans les grands magasins aux mille feux et vitrines effarantes par les prix. Les chinois sont là, ils dépensent, la Concorde déploie sa roue, son sapin un peu esseulé, les quais sont embouteillés, bref Paris pour une fin d'année ressemble à l'an 2000, alors que d'habitude, le silence règne.
 
C'est le cas dans notre quartier, où le seul visage (à vrai dire j'ai d'abord reconnu le dos puissant) croisé est celui de Gérard Depardieu, qui, non, hier n'était pas en Belgique, mais faisait du scooter dans "sa rue". Il aurait été intéressant d'avoir une conversation avec un confrère vigneron, et de saluer les mânes de Jean Carmet autour d'un verre, mais a t'on le droit d'une telle fantaisie, fut ce le 30 décembre ?
 
Donc bilan de fin d'année. Les chiffres comptables ne tomberont que début mai dans leur sécheresse et leurs colonnes alignées. Un sentiment en attendant ? contradictoire et mélangé. Les ventes directes sont juste égales à celles de 2011, qui avaient connu un fort recul. Faut il alors parler de résistance ? Le caveau semble remonter un peu. Les prix par contre sont aussi plats pour le vrac, qui représente maintenant la moitié de nos ventes. Sait on qu'ils sont inférieurs en monnaie courante à ceux de 1998, il y a quatorze ans ?
 
Cela fait rêver, quand les magasins, partout, témoignent d'une inflation invraisemblable pour des choses banales ! pommes à 2 €, etc, le croissant à 1.50 € soit dix francs de jadis..chèvres à 7 €, baguette...Je l'ai connue à 0.35 puis à 0.42 au début des années soixante, ce qui fait 5 ou 6 centimes d'euros. Pour 40.000 FF, on avait une vaste maison spacieuse en pierre, et son terrain.
 
Oui, tout a glissé, et pas vraiment vers le progrès, sauf pour certaines classes sociales, qui vivaient vraiment dans des conditions proches de la misère, réelle. Car là aussi, le visage de la misère a changé.
 
Il n'était pas rare que bien des logements alors (1970)  n'aient pas le confort élémentaire, non de nos conditions d'aujourd'hui, mais d'alors. Sol de terre battu, ou plancher hors d'âge, ou ciment,  une ampoule maigre, l'eau froide à la fontaine, parfois sur l'évier. Pas de salle de séjour, mais une cuisine, vaste ou rétrécie, qui servait à tout. omni présent, un fourneau, servant aussi bien à la cuisine qu'au chauffage. La machine à laver arrivait. Il n'était pas rare de voir encore des souliers en bois, et les voitures n'étaient pas autant répandues. Des meubles souvent rares, ou très vieux.
 
Aujourd'hui, parfois la TV présente des cas de familles dites "nécessiteuses" ou "pauvres". Ma réaction est souvent la même : des cuisines auxquelles rien ne manque, des visages parfois rubiconds, des ordinateurs, des tv écran plat, des gens assez bien habillés,  bref, comme l'on dit, "une misère loin de sauter aux yeux". Certes, Paris regorge cette année de clochards, mais c'est différent de la "misère officielle".
 
Cette idée - du confort relatif - m'a souvent frappé. J'avais alors le sentiment que les différences entre riches et pauvres, à mon échelle, n'étaient pas si grandes qu'aujourd'hui. Des gens relativement riches - pas des émirs - vivaient , et s'en contentaient, dans des conditions qui nous paraitraient aujourd'hui sommaires. Chauffage central souvent absent. Cuisine préhistorique ou inexistante. J'ai eu la confirmation de cette impression d'alors en visitant la Boisserie et Malagar plus tard. A part l'espace, le volume de la maison, certains beaux meubles, ces maisons certes ont un charme, mais ne sont pas l'idéal des générations d'aujourd'hui, et même l'opposé, décors simples voire pauvres, en tout cas peu rationnels et inconfortables suivant les normes actuelles.
 
Mais je m'égarerai presque, sinon pour dire que sur cette place de la Madeleine qui elle n'a pas changé, je viens de voir  une bouteille de château Latour à 970 €, et un coffret de trois bouteilles, dont deux seconds vins de grands châteaux à 2.960 € !! on est en train de perdre le sens commun !
 
Ceci me ramène à un livre que j'aime beaucoup de William Bonner sur ""l'inéluctable faillite de l'économie américaine", qui a le mérite sur beaucoup d'ouvrages d'avoir prédit la crise de 2000 (internet), et surtout 2008, bancaire, en analysant le fonctionnement de l'économie américaine : privilège du dollar, baisse relative des salaires pendant 40 ans, endetttement excessif des classes moyennes, qui non seulement s'endettent, mais n'épargent pas !! tout en voulant protéger leur niveau de vie..parmi mille symptomes.
 
Oui, aujourd'hui, nous sommes à la veille de la falaise fiscale. Que faut il souhaiter ? tout ceci semble bien impossible à mettre en oeuvre de façon rationnelle.
 
Oui, de plus en plus, il semble que nous vivons dans un "monde virtuel". Je ne parle pas spécialement de ce monde audiovisuel, que je ne connais pas, de toutes ces stars, dont le nom ne me parle pas, de ces atmosphères un peu irréelles dans lesquelles nous baignons, et pas seulement le 31 décembre. Jamais on n'a tant fait d'émissions de cuisine à la tv, et jamais les gens n'ont si peu cuisiné !! tout maintenant appartient au monde du préparé, du surgelé !! on parle de la fonte des glaciers, mais la fonte de nos traditions, qui pourtant explique notre histoire pour 2000 ans, est passée sous silence. Hier, à la radio, un de nos grands cuisiniers, M. ALAIN SENDERENS, expliquait que pour son restaurant, et la qualité, il s'approvisionnait en agneaux d'Espagne !! que les éleveurs français avaient perdu le métier ! pourtant la France n'a t'elle pas plus de verts paturages que la seche Espagne ?
 
Hier toujours, chez un des plus anciens et connus pâtissiers de Paris, je demandais à un de ces grands jeunes hommes maigres tout en noir qui marquent nos boutiques de luxe, "une tarte Bourdaloue" qui fut longtemps la spécialité de la maison, et méritait en effet le détour!! Il me tourna une paire d'oeils surpris, pensant à une fantaisie de diplodocus égaré ! Eh oui, il ignorait, dans ce vatican de la patisserie, ce qu'était une tarte Bourdaloue !! la gloire de sa maison !
 
Ce sont toutes ces impressions qui me baignent en cette fin d'année. Traditions, apparences ronflantes, écume des jours, réalités discrètes mais solides, qui va l'emporter à long terme ? C'est particulièrement critique pour la viticulture française, héritière de traditions nées à Rome, retrouvées au Moyen Age, et simplement perfectionnées depuis. C'est aussi le premier poste excédentaire de la balance commerciale. Garder les traditions, voire les enrichir, mais aussi évoluer dans un monde qui change.
 
« Si nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change » (Le Prince Lampedusa).
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


mardi 18 décembre 2012

BUGARACH

Si vous observez la photo sur la page facebook, chateau mattes-sabran, vous verrez à l'arrière plan une montagne bleue sous le soleil du midi, garnissant l'horizon. c'est le massif de BUGARACH, devenu si fameux avec les récentes prédictions de fin du Monde....oui, fin du Monde, j'allais dire, comme vue du balcon.

J'ignore ce qui se passera le 21 décembre, je ne m'y suis pas intéressé, en aurais je eu le temps que je ne l'aurais pas fait, me souvenant des mots terrifiants de mon enfance

« En ces temps-là, après une terrible détresse, le soleil s’obscurcira et la lune perdra son éclat. Les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel.

et ma mère ajoutait "et les hommes sécheront de frayeur", ce qui ne manquait pas d'exercer sur mon imagination fertile d'enfant une forte pression, car dans l'échelle de l'horreur, les orages d'aout la poussaient au placard, véritablement bouleversée, et aveugle, se bouchant les oreilles toute une apres midi, et allumant un cierge bleue, dont j'ai oublié à qui il était dédié. St Barbe ? mais enfin l'orage finissait par disparaître dans la soirée, la vie reprenait son cours,  ces éclairs qui faisaient trembler les murs, les grondements terrifiants m'avaient forgé une idée du grand déluge final, ou de ses débuts.
 
Il y a quelques semaines, France Culture mit au programme une émission d'une heure sur Bugarach. Mais mon esprit occupé par les factures de Mattes n'écouta que d'une oreille distraite, a peine entendis je l'histoire d'une cathédrale souterraine, de pics géodésiques, de châteaux cathares..et quelques contradictions de scientifiques.
 
Il me plait toutefois que mon Aude éternelle et secrète soit pour quelques jours comme un Paradis Terrestre, qui sera épargné.

lundi 3 décembre 2012

SURPRISES CULINAIRES

En 2000, je crois, je me mis dans la tête de refaire une cuvée de sauvignon. Nous avons à Mattes une parcelle de 1992, et d'ailleurs, en octobre, avec surprise, je bus une bouteille de 1994, qui à mon avis, valait bien un grrand sancerre.

Donc en 2000, j'achetais des barriques, que sur une impulsion stupide, j'achetais tres brûlées, et en outre, nous laissâmes le sauvignon trop longtemps...

Bref, de cette expérience malheureuse, il me reste dans un coin du caveau je crois 600 bouteilles dont j'extrais de temps en temps quelques exemplaires pour faire des fonds, poisson, veau, gelée, ou il est tres bon.

En effet, finalement, si je devais risquer une comparaison, cela ressemble à un madère blanc..Hier, donc au marché du dimanche matin, quelqu'un me brandit un plateau de framboises, qui me parurent tres roses et bonnes pour moi, 5 €, 8 barquettes..

Mais au retour, que faire de tout ceci ? pour ma part, je décidais de faire un sabayon, qui est une sorte de crème anglaise au vin, eh oui.
5 jaunes d'oeufs, 200 gramms sucre, vanille gousse, zeste de citron, peu, et 200 ml de vin. Une fois que tout est blanchi, mettre sur bain marie, et ajouter le vin. Au bout d'un quart d'heure, sans trop de chauffe, on obient une creme visqueuse, mousseuse, et ...................délicieuse....sans aucun gout de sauvignon..Servir tiède en versant sur les framboises dans une coupe.

Ce même jour, un de mes amis, suisse d'origine, et amateur de choses suisses, me dit "a midi, on a fait une fondue fribourgeoise avec ton vin" qui n'est pas suisse, puisqu'il s'agit de viognier de Mattes, et c'etait délicieux.

vacherin fribourgeois - gruyère (les deux fromages suisses de saison  50/50- ail - et viognier donc.


Sans couteau suisse, mais avec du vin de Mattes !!

vendredi 30 novembre 2012

HONORE DE LAREINTY (1996).

Revenant tard de notre expédition en Banlieue (marché de Noel, pour le fameux Bourgogne de l'Hay les Roses), nous cherchons la fortune du pot.

Un reste de poulet froid, du fromage de tête, des chips gaufrette, mais quoi boire ??? le hasard de la pioche à la cave me fait tomber sur une bouteille dont mentalement j'ai un mauvais souvenir, et donc "bouteilles à boire avant qu'il ne soit trop tard".

Il s'agit de l'Honoré de Lareinty, qui fait partie des cuvées essais chevreuse, et je crois qu'elle utilisa les foudres désormais immobiles que j'avais achetés pour l'occasion, 40.000 F je crois les deux, 22 hl chaque, je crois, pour faire comme à Bandol..

Oui, car il s'agissait de mourvèdre, dans une bonne année, mais j'ignore s'il s'agit de mourvèdre pur ou non !! ah mémoire.

Oui, la même année, en syrah, il y avait eu la cuvée Jean Ruffel, qui elle n'a pas tenu, voila pourquoi j'ai une mauvaise image de 1996 !!

Oui, le vin est très frais, assez frais disons, pour un vin de 16 ans, je ne me fais pas gronder pour avoir monté un vin imbuvable ! il est tout à fait "mourvèdre", c'est à dire net, sans fioritures, spécial, discret, long, avec la menthe poivrée finale...L'austère qui se marre, pour moi c'est bien le cépage "Jospin", protestant dans sa rigueur et son côté contenu, même si parfumé.

J'aurais aimé comparer ce vin avec des Bandols de la même année.......hélas, je n'en ai pas. Mais voila qui me renforce dans mes convictions, un cépage remarquable, qu'il faut cueillir mûr, et surtout attendre, au moins deux ou trois ans, et assembler. Ce n'est que dans l'assemblage délicat qu'il est vraiment grand (ex Dionysos).

CONSEILS

Ami lecteur que j'accable de ratiocinations, je veux au moins te faire découvrir quelques divins breuvages qui t'apporteront sinon l'ivresse, du moins la gaieté et le plaisir,


1°) En un samedi pluvieux de novembre, dans la côte des Bars, la bien nommée,  je découvrais, sur les pas du Guide Hachette, certes, mais c'etait aussi le seul ouvert dans ce village endormi pres de Bar sur Aube,

Champagne Philippe FOURRIER

www.champagne-fourrier.fr


J'ai acheté trois types, un blanc de blanc pour l'apéritif, à 15.50 €
Un cuvée réservée, assemblage classique, comme champagne de repas, à 13.80 €
enfin, mon préféré, qu'il faut boire dans les six mois, sic, champagne rosé, à 13.80 € dont le nez m'apparut prodigieux.

Depuis que j'ai découvert ce producteur, un côté assez unique, des vins mûrs, complexes, et fins, j'ai oublié les crémants et autres mousseux auxquels j'avais, nous avions dû nous résoudre, faute de trouver de bonnes choses dans les prix accessibles ou même supérieurs type Laurent Perrier.


2°) ce matin, deuxième essai pour des Bourgognes,

là aussi perle du Guide Hachette.

Domaine de Maupertuis, à Civry, dans le 89.

Choix de 5 rouges et 6 blancs .

En rouge, j'en ai pris plusieurs, mais sans conteste, c'est le moins cher que je préfère, il est concentré, net, typique, long, agréable,
Pinot Noir, les Brulis, 2010, à 6 €

En blanc chardonnay, idem, coup de foudre pour Les Truffières 2011 à 5.70 €.


Dans un autre domaine, ami lecteur si tu veux suivre mes pas, n'oublies pas de visiter une patisserie etroite et cachée sur la RN7 de jadis,

Patisserie F. BROYER, à Tain l'Hermitage, RN7, avec des gâteaux traditionnels (dont la Pogne de Romans aux vraies pralines), des choux, à prix canon et qualité super garantie.




PROPHETIES A L ANCIENNE

Le 11 septembre dernier, Madame et moi arrivions à Mattes pour les vendanges. Un temps normal, ni chaud, ni froid. Une montagne de  bagages.

C'etait le début d'apres midi. Je regardais mes arbres proches de la maison, après l'été. Je dis "mes" avec une certaine possessivité, car j'en ai planté quelques uns, qui méritent et mon regard et mon attention.
 

Notamment le cedre bleu de mes cinquante ans...le pin noir d'autriche, le thuya qui s'est bien acclimaté, alors que je le croyais condamné au climat humide breton,

quand soudain je vis une chose curieuse dans le ciel, et saisis mon appareil . C'était un vol de cigognes. au moins deux cent. Photo originale disponible sur demande à jlbrouillat@numericable.com (google la refusant ici à cause de sa taille).




Je me dis soit l'hiver va être tôt, car il était tôt pour une telle migration, qui intervient plutot début Octobre, vers le 10 en général sur la côte méditerranéenne, soit il va apparaître des bébés.

Ami lecteur, que j'abreuve souvent de propos bizarres, à défaut de bons vins, j'avais raison, et pour les deux choses. La neige est bien arrivée tôt, vers Grenoble, sur mes montagnes natales aussi, et va descendre ce week end. et les bébés sont pour bientôt............





jeudi 29 novembre 2012

MONDIALISATION, tjrs et encore.

Parfois l'inconscient poursuit son travail souterrain même quand nous nous croyons endormis. Il n'est pas rare que le matin, sommeil profond ou non, ou pensées seules, je me réveille en disant voila quelque chose qui t'est venue, pendant la nuit, et que hier soir, tu n'y aurais pas pensé.Ainsi fut crée une étiquette, est venue une idée, une action.

C'est vraiment une venue, une arrivée,  plus qu'une apparition soudaine, car dans le sommeil, le cerveau agit comme un ordinateur tournant à petite vitesse, et balaierait  par ci par là des bribes éparses, jusqu'à ce que la pensée vienne, et surgisse, comme un tour de décolettage s'arrêtre, une fois la pièce finie. Cela tourne, jusqu'a ce que la pensée vienne, et s'arrête. La plupart du temps, la pelote se dévide, infinie, puis touche une autre, se tricote, puis s'arrête, car les deux ne sont pas cohérentes, et le travail continue, souterrain, jusqu'a apparaitre.

Mais peut être est ce un fonctionnement qui n'est pas général, et m'est particulier. En tout cas, depuis quelques jours, les idées "tournaient" sur la mondialisation, la syrie, le devenir de la Chine, l'avenir de la Palestine, la crise ici en Europe, la réaction des peuples, qu'on voit très différentes, sur Dali, ("la différence avec un fou, c'est que moi je ne suis pas fou"), sur les vins aussi, sur le progrès, et allez savoir pourquoi, sur Bossuet..S'y mêlait aussi le sentiment étrange que quelque part, toute notre vie, nous restons au moins pour nous l'enfant que nous fûmes, avec ces yeux de cinq ans, et au moins son étonnement. Bref, toutes ces balles de ping pong sautaient en l'air, chacune ayant sa trajectoire, sans que l'ensemble apparaisse.
 
Oui, l'âge nous saisit, nous apprend, nous apporte des expériences, des épreuves, mais nous sommes au fond toujours celui que nous avons été, sans être exactement le même. C'est alors que le Passé apparaît, dans ses déterminismes, ou ses lecons, ou ses échos. Oui, échos du Passé, comme en descendant la rue du Bac, voyant chez Deyrolles ces images de classes de jadis, tout me revient justement de ces classes, des points de cette époque, et pourtant le cerveau n'est qu'un assemblage de circuits +/- , avec des polarités changeants selon les affects. Bref, on pourrait dire que nous sommes en quelque sorte des circuits électriques, avec un programme qui s'est formé dans la tendre enfance, tendre ou pas d'ailleurs, et qui fonctionne, consciemment ou pas, la vie durant. Si bien qu'en 2012, nous sommes à la fois en 2012, et ce que nous fumes en 1958, à 5 ans, donc relativité de l'espace temps. Simplement avec une expérience différente.
 
J'avais donc relu la Bruyère et ses strophes sur les "esprits forts", puis quelques pages de Bossuet. Par comparaison avec la TV de la veille, que j'ai oubliée, j'ai réalisé que, moi vivant en 2012, au coeur de Paris, j'avais plus de "proximité" disons de clés et d'affects  pour des personnages du XVIII eme siècle que pour des figures contemporaines fameuses comme les pussy riots ou justin bieber. Que finalement, quelque part, accident ou pas, je me sentais mieux au XVIIIeme siècle, qu'aujourd'hui, au moins sur le plan mental. Qu'en quelque sorte, j'étais plus proche, au moins par le raisonnement, l'approche, de personnes ayant vécu il y a 400 ans que maintenant. Relativité de la pensée par rapport à son temps lui même.
 
Ca s'est prolongé par une autre réflexion, que graphologue amateur, je poursuis depuis longtemps, l'évolution des écritures depuis deux cent ans, et surtout les 30 dernières années..et qui m'a amené à la notion de progrès. Le progrès absolu. Y a t'il eu progrès ? une écriture ordinaire il y a 50 ans ou 100 ans, est claire, nette, structurée, controlée, bonne ou méchante, mais révèle des âmes fortes ou simples, mais pas quelconques. La plupart de celles d'aujourd'hui sont souvent narcissiques, malheureuses, et trop souvent immatures ou artificielles. En quelque sorte, que savons nous de notre époque, de ses fleuves souterrains, comment la juger ? comment savoir si le cerveau humain a progressé ? le XX° siècle n'est t'il pas pavé des plus grands massacres de l'humanité ?
 
Poursuivant mon survol des siècles, et me jouant moi même Jacquouille la Fripouille, j'ai pris quelques personnages, comme Louis XIV, La Fayette, Clemenceau, et je les ai amenés en 2012. Comprendraient ils notre époque, en auraient ils les clés ? ou même, pour prendre plus moderne, Picasso et Marie Bonaparte, que verraient ils ? et même Dali ? sans doute le paysan sibérien, mais quid du trader singapourien dans son building climatisé.
 
Un immense fossé avec leur Temps. mais justement, ces fortes personnalités diraient elles que nous avons fait "des progrès" sur le plan humain ? sans doute sur le plan médical, scientifique, transports (il fallait sous louis xiv une semaine pour aller de Paris à Moulins), mais quels seraient aujourd'hui les yeux de Stendhal sur le Languedoc, qu'il parcourut vers 1830, c'est à dire moins de deux siècles ?
 
Y a t'il aujourd'hui un personnage qui ait l'énergie de Richelieu, la vision de Colbert, le goût de Louis XIV ? Quand on pense à la formidable vague d'artistes de toutes sortes jaillissant sous Louis XIV, dans tous les domaines, Molière, Racine, Corneille, pour le théatre, Mignard, le Brun, Clouet, etc pour la peinture, Mansart, le Vau pour l'architecture, Lulli, Delalande, pour la musique, on peut penser que le soutien du Roy intervient, pour la France. Mais on trouve sans roi Buxtehude en Allemagne, Purcell en Angleterre, Caravage en Italie, etc, bref un foisonnement, un feu d'artifices inexplicable. mais de géants en tout cas.

Toujours pour situer la relativité d'une pensée par rapport à une autre, en cette même année 2012, je pense que le nouveau président de la Chine est à la fois proche de Louis XIV, par le pouvoir, sa tradition, de ses contemporains, certes, puisque vivant en notre  époque, des paysans chinois au fin fond des campagnes, tout en vivant à l'heure probable de l'informatique. Bref, il est l'exemple même de la personne plongée dans un jeu à dix mille balles de flipper, venants de toute part, de toutes époques, de toute pensée (enfin, au moins traditionnelle et semi moderne..). Louis XIV pouvait avoir une vision horizontale, nous en sommes à la vision Lectra (c'est à dire devant changer en permanence d'années et de milieux), en permanence, sans que notre esport ait été formé à cela, et puisse décrypter en permanence. Et nécessité de rendre cohérent tout cela, sous peine de "sauter". Dieu, le boson, les pussy riots, la ferrari, la dacia, l'enfance, le futur.
 
La deuxième réflexion me vint, mystérieuse, car c'était plus une confirmation qu'une déduction, en écoutant cinq économistes "non classiques" disserter sur la crise. Chacun y allait de son analyse sur les raisons, mais s'arrêtait, à mon avis, en chemin. Sans aller au fond. Sans toucher au fondamental.

Certes, ils s'accordaient tous sur les méfaits de M. GREENSPAN, et de sa politique, non de taux, mais d'easy money, c'est à dire de planches à billets pendant des années. Et ils ne nommèrent pas le privilège du dollar, monnaie de réserve que nul -jusqu'à présent - ne conteste. Pourtant ce que font les USA en ce moment, n'est ce pas donner un bout de papier, marqué 10.000 $, pour tout acheter ? Mais la réussite des USA en ce moment, ce n'est pas l'iphone, mais le dollar !
Mais ils n'allèrent pas non plus jusqu'à proposer des remèdes ou des solutions à la crise. Leur science n'allait pas jusque là. Il y a quelques années, pourtant, on parlait abondamment de la crise de 1929, et il est vrai que l'Histoire, sans être identique, pourrait apporter des lecons.

La première, c'est que cette crise fut aussi provoquée par les USA et par un excès de liquidités faciles, alimentant en 1929 une bulle boursière. En 2007, la bulle était partiellement boursière, partiellement immobilière, du fait de la titrisation des emprunts immobiliers.

Dans les deux cas, on voit un effet d'un excès bancaire. Roosevelt d'ailleurs prendra des mesures extremement sévères vers 1937 pour remedier à cela, mesures qui seront supprimées, sauf erreur de ma part, par Clinton en 1997, comme par hasard.

Bref, n'allons pas plus loin dans cette direction, juste pour souligner qu'aujourd'hui les solutions proposées, en Europe notamment, vont de la planche à billets britannique, tournant sur son île, au garrot espagnol version Merkel. Pour ceux qui l'ignoreraient le garrot n'est pas un pansement, mais une facon de serrer le cou jusqu'a ce que la mort s'ensuive...

Même les néo libéraux ont oublié la gloire qu'ils tissaient à l'Espagne avant 2007 : budget en excès de 7 %, alors que nous étions déjà en déficit, taux de chomage insignifiant puisqu'il fallait importer des sud américains en grand nombre, presque un million, et endettement public voisin de 40 %, ce qui en faisait un bon élève, et M. AZNAR pouvait pousser sa moustache vers les amis américains. Les banques espagnoles, les travaux publics étaient les plus prospères d'Europe...Pensez, l'Espagne a construit pendant dix ans plus de logements que la France et la Grande Bretagne réunies. Sauf que les logements ont fini par ne plus être vendus, et quand vendus, par être payés ou remboursés.

Sur une chose aussi fondamentale "que peut on faire pour sortir de ce merdier" on voit que personne n'a une solution cohérente et globale (moratoire des dettes..soutien public ou non ? libéralisation), mais chacun veille sur sa chapelle, qui  protégeant ses banques, qui protégeant son industrie. Il est donc probable que chacun, à son niveau, a une analyse différente de la crise, et réagit partiellement en fonction de sa vision.

D'où relativité de l'analyse, et des solutions à mettre en oeuvre. Mais il y a aussi des scléroses de la pensée, qui tourne bien souvent à vide. Pendant que l'Espagne affiche 25 % de taux de chomâge, qui sait que la Suisse, l'Autriche sont en plein emploi ? cette simple évidence mériterait quand même de soulever le coin du tapis. Faut il mettre cela sur le compte des vaches et des alpages ?

Il y a aussi d'autres faits qui sont pour le moins singuliers dans ce bas monde. Le Japon est presque endormi depuis 1989, que s'y passe t'il ? un endettement public de 200 % du PIB, des leaders mondiaux industriels en quasi faillite, après avoir dominé le monde (Sony, Sharp, etc), une natalité nulle .Pourquoi cet arrêt ? le changement de générations ?

En  revanche, de petits pays (est ce la soif de revanche ?), telle la Corée et Taïwan sont en pointe dans l'électronique de très haut niveau, tout en ayant une population, au moins pour la Corée,  mécontente ?

Eh bien, toutes ces difficultés viennent de ce que nous sommes incapables de structurer, hiérarchiser des choses différentes et parfois non connectées . Comme disait Pascal "embrasser le tout" à propos de l'esprit de géométrie et de finesse. Longtemps j'ai pensé que les petits peuples (pour simplifier Israel ou la Suisse) avaient un avantage de fonctionnement sur les grands pays, car plus faciles à actionner, plus homogènes, mais la suisse n'est pas elle pas une mosaique de cantons différents, de langues très différentes sur une petite surface ?

Si l'on cherche, on finirait par arriver au génie des peuples, je pense. Le suisse veut sa maison et sa vue, donc travaille dur, en paysan qu'il est resté. Bref, chaque peuple se concentre, ou se programme, sur son essentiel, sa racine, son programme intrinsèque, comme si rien ne changeait, ou si peu. Les allemands ont toujours eu ces deux faces : grand peuple travailleur, mais aimant aussi son confort et ses vacances, ou ses autos propres. C'est à dire qu'ils répètent le message de JS BACH il y a trois cent ans "quiconque travaillera autant que moi fera aussi bien". Pourquoi les peuples changeraient ils quand nous changeons si peu, au delà des apparences ?

C'est dire que nous sommes prisonniers de nos raisonnements, de nos peurs, de nos succès aussi, mais les prisons mentales sont immenses et différentes, à la fois dans le temps, l'espace et le lieu. Archipel du Goulag ou nous nous sommes, presque volontairement, en tout cas inconsciemment, et dont pourtant il faut sortir pour parler à l'autre, ne serait ce que du réchauffement climatique. Prendre conscience de ses propres barreaux, et néanmoins être capable de  faire preuve d'empathie, pour se mettre à la place des autres, une autre époque, un autre lieu. Quelle gymnatisque désormais, surtout que les mentalités désormais sont multiples.

Le chomâge par exemple est il un mal ? certainement pas pour un libéralisme bon teint, mais beaucoup pour un socialiste grand teint. pourquoi la même chose est elle percue différemment ?

Pourtant, si l'on raisonne sans parti pris, comme une communauté religieuse, dont le moteur ne serait pas le profit, le chômage c'est du temps libre, donc de la liberté, du temps pour soi et pour les autres, la liberté de faire ce que l'on veut, de lire, de se promener, de voir des gens. Le problème réel, et tragique, c'est l'absence de revenus.

Il ne serait pas venu à la duchesse de Sabran l'idée  de travailler, de prendre le métro sale et bruyant à 7 H du matin dans la nuit froide, pour atteindre une banlieue sinistre où dans un bureau froid il aurait fallu se pencher sur des choses sans intérêt réel pour être harcelé par un patron névrosé et malade. Et sans doute aurait elle eu raison, au delà de l'époque. Mais elle avait des revenus, ce qui l'en dispensait.

C'est assez schématique, mais non faux. J'avais été frappé jadis par la cuisine de Malagar, restée comme en 1969, et qui me parut en 2005 d'une pauvreté effrayante, même pour moi contemporain. Le sol était en terre battue, sombre, des casseroles hors d'âge, un fourneau malingre, était ce la la cuisine du Prix Nobel, de l'homme qui avait plus de 1000 hectares de pin landais, dont les livres se vendaient , et qui avait chauffeur, et passait sa saison à Lucerne ?

Certes, c'était celle de sa cuisinière à la campagne. Mais connaissant des campagnes plus pauvres à la meme époque, combien étaient elles plus convenables, confortables, avec frigo deja, cuisinière électrique, sol carrelé...

C'etait donc en quelque sorte une vision de la vie,  un choix, qui s'imposait, comme si un niveau d'exigences n'y arrivait pas.  Comme il m'apparait impossible, irréel, fou de voir des vins vendus à 5000, ou 10000 € !! le vin est certes sacré, mais vaut il vraiment cela ? j'ai lu récemment l'histoire de cet homme qui aurait la plus belle cave du monde, 30 millions € parait il. J'aurais peur que tout s'abîme, car le vin évolue, change. Et quelques bouteilles méritent autant d'efforts ? Je n'arrive pas à comprendre une telle passion, accumuler pour le record, sans distance.

Justement, on en revient à la notion de progrès. La semaine dernière, ma femme a monté de la cave une bouteille sans etiquette sans capsule. Donc que nous avions embouteillée nous même, à la cave. Mon cerveau patine, qu'était ce ?

C'ést encore buvable, sans doute une dizaine d'années. Le bouchon est abîmé, mais le vin est rond, plaisant, avec des dépôts partout. Ah pourquoi filtre t'on autant aujourd'hui, alors que le vin finalement est tel que !! d'abord, je pense à un vin de loire, à un chinon. Mais ce n'est pas possible. Les connections jouent. C'est probablement une syrah de 1996 ou de 1998. Je dirais 1998, car ce fut la première bonne année, ronde, qu'on retrouve encore dans les Sabran de l'époque.

Une certaine nostalgie m'a alors saisi. 14 ans avaient passé depuis ce vin, stocké par ailleurs dans une mauvaise cave (car trop chaude auparavant). Mais les vins de Mattes justement ont ils fait des progrès, et ces progres ne valaient ils pas trop cher ? je veux dire en terme d'efforts.

Il faudrait que maintenant, 2012, je puisse goûter les vins tels qu'ils seront en 2026, 14 ans plus tard. Mais là, je me heurte au mur du futur.

Ce que j'ai appris, et là aussi l'enfant que je suis encore l'a appris sans être changé fondamentalement, c'est une autre évidence, à savoir que le vin est comme la cuisine, la main de la cuisinière change le goût. En 14 ans, Mattes a connu 3 régisseurs, et sans que les choses soient semblables en tout point, il est indéniable que chacun a modelé "ses vins".

C'est largement vrai sur un vin disons mono critère, comme le CLOS REDON qui ne fait appel qu'à la syrah. Les parcelles ont été augmentées, les clones changés, le temps aussi, mais quand on regarde ces vins, sur les différentes époques, le style en est différent, indéniablement. L'une est moins concentrée, plus simple, un peu plus animale, l'autre est plus mûre, plus riche, plus lente à évoluer, mais plus monocolore, la dernière serait plus fruitée, vive, sautillante. Si bien que plus de terroirs comme on se complait à le dire, je parlerais de vignerons.

Les salades cet été m'ont confirmé ces degrés, les gâteaux aussi. Des horreurs standardisées de grande surface ou de marchés à touristes, quelle surprise parfois de trouver une salade à l'ancienne, c'est à dire sentant le frais, ferme sans être dure, et ayant du goût. Sans tomber dans la complainte du bon vieux temps, la salade a t'elle fait du progres en 40 ans ? certainement pas. Cela veut bien dire que dans certains domaines, nous n'allons pas dans la bonne direction.

Ce qu'il y a peut être de plus étrange dans notre époque, par ailleurs passionnante par tout ce bouillonnement multiple et général, c'est peut être justement de voir qu'elle oublie de se demander ce qu'elle veut et ne veut pas, ce qui est fondamental et accessoire, bref les directions vers lesquelles elle veut aller, de la salade, aux vins, à l'conomie, aux dettes, à la vie, à la mort...

On a souvent tort d'oublier le passé, de ne pas s'y plonger,de peur de faire preuve de nostalgie. J'ai quelque part un livre de 1725, l'Art de la Vigne. J'avais étonné que maintes conclusions de cet ouvrage écrit à une epoque où la science  était balbutiante, empirique, étaient profondément vraies, pleines de choses tirées de l'observation. De l'intérêt des vignes de côteaux, d'attendre une maturité suffisante, de bien labourer, de fumer raisonnablement, de travailler dans une cave propre, etc, de la futaille aussi en bon état.

L'Homme a t'il vraiment évolué en trois siècles ? même à l'échelle des vins, et du Monde, le résultat semble bien modeste.









 

samedi 24 novembre 2012

VIOGNIER 2011

Le hasard, du marché, de la cave, font qu'une lotte au curry rencontra un viognier 2011 !! que croyez vous qu'il arrivât ? l'ensemble est très harmonieux, en ce 24 novembre, veille de ste catherine. Un vrai mets de fête.

Cela me console un peu du temps gris, de Paris qui s'agite, et si j'osais, je ferais un mot d'esprit, mais il ne me serait pas pardonné.

jeudi 22 novembre 2012

BONNETEAU LEGISLATIF ET PROTESTATIONS DE TOTO


Château de MAttes

Tél. +33.9.77.78.21.35                                                                      



Marie-Alyette BROUILLAT

     Château  de Mattes                                        

1 1 490 – PORTEL DES CORBIERES

             FRANCE

 

22.11.2012

 

 

 

Monsieur Le Député,

 

 

 

 

 

Alors que des mesures apparemment favorables au coût du travail viennent d’être adoptées par la représentation nationale, je me permets d’attirer votre attention sur des mesures précédentes, adoptées dans le cadre du budget précédent, et qui n’ont pas encore été appliquées, alors qu’elle étaient supposées l’être au 1.01.2012.

 

Je veux parler des mesures dites « amendement coca cola » qui devaient permettre un abaissement des charges sociales pour la main d’œuvre agricole temporaire (toujours dans l’espoir de rendre la France agricole compétitive par rapport à l’Allemagne ou l’Espagne), par une taxe sur les boissons sucrées.

 

A ce jour, nous agriculteurs de base, n’avons pas encore vu la moindre mise en place de ces mesures par une MSA quelconque. Vous comprendrez donc notre scepticisme quant à l’efficacité immédiate de mesures votées, mais qui devraient prendre la forme d’un crédit d’impot surgissant mi 2014….

 

 

Veuillez agréer, Monsieur le Député, l’assurance de ma parfaite considération, et de mon souvenir électoralement durable…..

 

 

 

 

 

M-Alyette BROUILLAT

 

 

 

               


Château de Mattes Sabran

SIRET 334 539 913 - TVA FR 363 345 3991300015

IBAN : FR76 1350 6000 5714   9283  1000 078 – BANK Code : AGRIFRPP835

Brouillat-Arnould, propriétaire-exploitant

Médaillé au Concours Général Agricole et Foire de Macon

Coup de Cœur Guide Hachette 2000&2008

 

vendredi 16 novembre 2012

MONDIALISATION 3°

A l'heure où M. OBAMA a triomphé sans gloire mais non sans intelligence, j'apprends qu'un des anciens propriétaires de MATTES, le baron de Monteil, l'époux de la fameuse (au moins dans notre cercle) ANNE JOSEPHINE de SABRAN, fut un des marins participant à la guerre d'Indépendance, et qu'il serait même parmi les Cincinatti.

Est ce lui sur ce portrait dont nous ignorons tout ? peut être, même si le seul lien semble être l'époque
 
C'est vrai que la vie ou plus exactement la Mort, en quatre ou cinq générations, voire moins, balaie tout, et nous ignorons tout, ou presque tout, de ceux qui nous ont précédés. Peut être internet changera t'il cela en créant "des archives instantanées", chacun pouvant empiler dans le "cloud computing" sa tombe ou ses archives, que tout le monde pourra consulter par la suite.
 
Mais ce sont là des pensées de Toussaint. Nous vivons une époque intéressante, avec plein de tendances contraires, soif d'individualisme et de plaisir immédiat, mais aussi noyé dans une foule géante, mondiale, sans direction claire, massification, disait on en 1968.
 
D'autres tendances sont sous jacentes. Qui aurait pu penser que les ethnies détruiraient en dix ans l'Union Soviétique, que la foi renaîtrait de ses cendres en moscovie,  que la Chine elle même arriverait sans encombre a la table des Grands, et se mettrait aux vins ?
 
Je me souviens avec émotion des années 58-60, où je trouvais un jour une grand mère assise sur une chaise, le chapelet à la main, impassible. Mais que fais tu ? "Je prie pour la conversion de la Russie". Sa simplicité intransigeante et sa foi ne doutaient pas que les "choses arriveraient", que c'était le message de Fatima, et elle tenait vivement que les victoires de la Marne, fin 1914, quand Paris était menacé par "les Boches", était l'oeuvre de la Ste Vierge. Monde simple, clair, où tout était structuré, sans hésitation profonde, guidé par quelques vérités profondes et inébranlables. De nos jours, seule la reine d'Angleterre semble encore témoigner de cette sérénité.
 
La Chine vient de nous faire une première grosse commande. Ce sont toutes ces pensées mêlées qui sont les miennes "où va le Monde ?". Nous vivons une époque bouillonnante, du fait de la Crise, de toutes ces tendances parallèles ou divergentes, de mutations, de changements, sans percevoir encore "notre nouvelle frontière". Oui,  comme dans les années 65-70, quand , en france, les traditions ont sauté, L'Ecole, La Famille, l'Eglise aussi, sans qu'apparaisse une Renaissance, un vrai changement, sauf de façon anedoctique, l'écologie. Mais beaucoup de choses ont empiré : la pression de l'argent, la pression du travail et de l'entreprise, la soif de plaisirs, par compensation, la vie familiale, avec la multiplication du divorce, et même si on parle encore  de l'importance de la famille, on doit noter sans nul doute la perte du lien familial, ou du moins sa distanciation, au profit du groupe, des copains, des réseaux ..La perte de sens aussi, la perte de l'altérité, de la religion, du poids des traditions, même au Japon, la drogue aussi, sans compter la fievre nationaliste ou parfois religieuse, la communauté..L'homme s'est auto centré. François Mauriac, grand bourgeois, pouvait partir à Salonique et se sentir homme parmi les troupiers des tranchées en 1915. Aujourd'hui, quel serait le dialogue de M. ARNAUD avec une de ses ouvrières d'Ardeche ?
 
Même Mattes reflète cette tendance, j'allais dire, non fraternelle, peut être parce que "les choses ont changé". J'ai sous les yeux une fête à Mattes, dans les années 1965,  pour célébrer une remise de médaille du travail, 25 ans, que de visages joyeux, malgré sans doute les difficultés de l'heure ? Bref, ou est le progrès ?
 
La question fondamentale, quand on voit tout ce que l'on voit - ma dernière scene d'horreur ayant été de voir la mort filmée en direct d'un militant palestinien à Gaza par un missile - serait de se demander : "Le monde a t'il encore une âme ?". Mais il y a sûrement des démons quelque part.
 
En tout cas, quelques anges ont veillé sur la récolte de Mattes. Elle est supérieure à la moyenne quinquennale, 2250 hl, mais inférieure bien sûr à celle exceptionnelle de l'année 2011. La qualité semble être là. Mais sans perdre du temps, hélas, déjà la question des investissements 2013 se pose, avec des chiffres là aussi à faire peur :
 
- 25.000 € pour une plantation de 2.50 ha, soit les plants, environ 1 € pièce, le travail, les piquets, etc
- 35.000 € pour un tracteur
- 25.000 € pour des cuves inox supplémentaires, rendues nécessaires pour la conservation des vins blancs notamment.
 
voila nos investissements prioritaires. Il y aura besoin aussi de barriques, 500 € pièce, de travaux, de réparations, ..
 
ah, que le monde est rapide, quel flipper géant, qui fait flipper...........!mais à quoi sert que cette boule aille si vite, et que les compteurs sautent ?
 
 
 
 
 
 
 
 
 


lundi 22 octobre 2012

MONDIALISATION, 2°

Oui, une chose a aussi changé par rapport il y a dix ou vingt ans, en tout cas très nettement depuis 1985, c'est l'influence de "l'extérieur", du monde en quelque sorte, sur la marche de Mattes. Et cette dépendance s'est accrue, conséquence ou syndrome de la mondialisation.

En 1985, la seule variable "externe", pour parler économie, sur la marche de Mattes était le taux de base de la banque de France ou interbancaire, qui fixait le taux de nos emprunts. Se souvient on que des prêts alors avaient des taux de 17 % ? tout le reste, à part le niveau du smic, n'avait pas d'influence.


Aujourd'hui, la liste des variables exogènes serait longue, sans qu'on puisse bien la hiérarchiser : la consommation étrangère, des pays clients, type USA, Allemagne, Japon, le prix du vrac mondial, par exemple le prix du vin chilien ou argentin, les taux d'intérêts ont actuellement moins d'importance, car ils sont historiquement bas, les taux de change (pas vraiment), la publicité ou la réputation, et bien sûr la consommation de vins et son évolution dans chaque région du monde.

J'en raconterai un exemple concret qui sera mon papillon de Singapour. Pendant des années, la politique monétaire de la Réserve Fédérale Américaine fut pour le moins accomodante, sinon imprudente, avec des taux trop faibles. Quand il a fallu reserrer le licol, ce fut la faillite de quelques banques imprudentes, et la grande crise dûe à l'effrondrement du marché immobilier US, de la faillite de Lehman Brothers. S'en est suivie une véritable crise de la consommation USA, une hausse du chômage, et pour nous, une baisse tres sensible des exportations USA, au fil du temps. En 2008, nous avions exporté pour un peu plus de 30.000 € aux USA. Cette année, après l'année dernière, est presque nulle, trois fois moins. Le Japon, apres Fukushima, a cessé pendant un an ces achats. Pourtant, les prix sont inchangés, la qualité aussi. Ce qui montre bien l'effet du battement d'une aile de papillon à l'autre bout du monde.

Mon observation ne se limite pas au cas microscopique de Mattes. Une grosse coopérative, 40 fois plus importante que Mattes, de nos voisins, avait fait fortune dans les années 2000-2009 sur le marché britannique, qui représentait 70 % de ses ventes. La crise, et la purge de la consommation, a eu raison de sa présence, se traduisant par des difficultés plus que sérieuses pour ses membres !!

Voila pourquoi, dans un sens, on ne peut pas se désintéresser - euphémisme - de la prochaine élection américaine, et notamment de l'adéquation de la vision économique des candidats aux réalités de l'heure. Et à l'échelle du simple bon sens, pour une nation connue pour être peu épargnante, vouloir baisser les impôts (déjà bas, aux dires de M. BUFFET et des chiffres) des riches contribuables, comme le veut un candidat, alors que l'Etat Fédéral est en déficit budgétaire et doit 18.000 milliards de $, laisse pour le moins songeur..........au moins, les shadoks pompaient...Nous avons eu ici un essai du même genre en 2007, et aujourd'hui, le résultat en est salé !! à votre santé. Comme quoi, il vaudrait mieux des présidents ivres que des présidents manquants de sens commun, car au moins on peut penser "in vino veritas". Et il m'amuse de voir que le taux d'alcool des dirigeants n'est pas à l'échelle de l'Histoire si mauvais qu'on le prétend...Nixon..
tiens il faudra poursuivre la réflexion la dessus, mais en se limitant aux vins, car des amateurs de vodka ont aussi laissé des traces...

mercredi 17 octobre 2012

VENDANGES 2012, suite et fin, et RENTREE.


Longtemps, la rentrée des classes fut tard,  fin septembre, au moins dans mon enfance. Pourtant nous avons su apprendre à lire, à compter, écrire, sans plus de retard et de défauts que les générations actuelles. Il est vrai que les samedis étaient remplis, comme le jeudi matin, mais je n'ai jamais eu l'impression de traverser le bagne, ni d'ailleurs le paradis. Tout ceci m'apparaissait au pire comme un potion à ingurgiter, avant d'atteindre les grandes classes, que l'on voyait à côté..

Mais ce rythme de l'enfance m'est resté. La St Michel, le 29 septembre, reste pour moi la "fin des vacances", parfois marquée par un été dit de la st michel, où le vent soufflait chaud du sud, humide, balayant les feuilles, éclaircissant l'horizon qui redevenait lumineux après les orages d'aout, et que l'automne approchait, avec les champignons, et hélas la rentrée, les jours plus courts.

Maintenant, la fin septembre marque la fin des vendanges, au moins à Mattes. Cette année, elles se sont terminées le 8 Octobre, mais je n'étais plus là. La vie est désormais une course où les jours me sont de plus en plus comptés.

Oui, les vendanges. Après bien des appréhensions, des angoisses, elles sont "normales". Je les avais vues ainsi en mai, et juillet, peut être une faible sortie sur certains cépages. Mes angoisses ont grandi en aout, malgré une pluie bénéfique, quand j'étais loin des vignes. Les premières nouvelles des blancs, fin aout, étaient mitigées. Décevantes pour le chardonnay, qui paraissait pourtant remarquable. Mirifique pour le viognier, a l'allure chétive, et qui sait décevoir.
Un mois plus tard, la messe est dite. Oui, certaines vignes ont bien réagi. Et plutôt que de mettre en cause une météo bizarre, avec cet hiver tardif et très froid, je pense que les excès de l'année dernière, une trop grande production de certaines parcelles, sont annulées, et que les choses reviennent à la normale, dans un mouvement de balancier. Nous verrons en 2013.

Normales donc en volume, globalement. Je n'ai pas encore goûté les rouges, qui ne seront pas prêts avant plusieurs mois. Mais pour les blancs, les choses sont plus faciles.

Les arômes et les goûts sont bons, fins, et l'équilibre aussi. Je pense qu'il peut y avoir de belles réussites, si l'on a su ramasser à point. Beaucoup, par habitude et par méfiance du temps, ont ramassé trop tôt, ce qui va gâcher l'image générale du millésime, au moins pour notre région, où le temps ne fut pas réellement menacant (une pluie fin septembre). Cela va donner des vins durs. Par contre, si l'on a su attendre la bonne maturité, celle du fruit mûr, je pense que les vins rouges auront un bel équilibre, une bonne vivacité, et des arômes très présents.

A voir. Mais les prévisions de bas volume affolèrent les marchés !! depuis début janvier j'essayais vainement de vendre quelques cuves dont je n'avais pas besoin, sauf pour faire tourner la boutique. jusqu'en mai, j'accusais...car les années présidentielles donnent lieu à de l'attentisme...rien pendant l'été, "attendez fin septembre" tel était le message des courtiers, à un marché où les retiraisons traînaient...Miracle, en effet, vers le 25 septembre, le marché se débloque, et voici 1300 hl vendus en trois jours..Contrats en poche, le 1° Octobre...mais est ce un hasard ?

Cela conforte 2013, et les vendanges se terminent. Rentré sur Hyeres, je fais le bilan de cet été, assez différent, dans tous les domaines. Oui, les vins de Mattes évoluent, les autres vins aussi, puisque des vins aujourd'hui de valeur ne sont pas retenus par le Guide Hachette. J'ai bu ou goûté certes quelques horreurs, mais aussi des vins "bien", même s'ils ne sont pas la majorité. Il me faut leur rendre justice : le muscat sec du domaine de Barroubio, une cuvée d'un de mes voisins, un vin des vignerons catalans acheté en GMS, un côte du rhone dégusté a st gilles, dans ce restaurant tranquille, un exceptionnel grenache blanc de M. FABRE, un autre vin blanc, grenache et roussanne, par deux fois à Perpignan. Ah si, le domaine de Trians en Provence, de M. MASUREL, au prix raisonnable. Et quoi d'autre ? si, ma surprise aura été de constater que dans beaucoup de restaurants "distingués, étoilés" le vin était souvent très cher, et pas à la hauteur, voire infect.....ce qui déçoit doublement, et me vaccine, malgré ma curiosité. Mais le cassis de M. BODIN est toujours égal à lui même, depuis plus de vingt ans. Quelle régularité.

Ma surprise est d'autant plus agréable quand j'ouvris hier une bouteille de simple sauvignon 1993, de Mattes, et qu'il est largement agréable, un très bon sancerre, et a franchi les ages, malgré ses imperfections. Puis aussi, parce que je pense qu'il faut les boire, une bouteille de Chevreuse 1998, au bout d'un jour d'ouverture, elle tient, fidèle à sa marraine...

Je me demande ce que sera la prochaine étape de Mattes sur le chemin des vins, et dans quelles directions. Faire de nouveaux blancs ou amplifier l'apport des barriques sur certains rouges ? ou mettre en bouteilles juste à temps ? ou mieux assembler ce qui existe déjà ? ou changer les cuvaisons ? ou changer les levures ? quelles sont les voies ouvertes, et les plus intelligentes ?

Pourtant,  de tels efforts sont ils raisonnables ? ne faut il pas se satisfaire, pourquoi vouloir aller plus loin, ou plus haut ? nous verrons, parce que les tourments des jours ont aussi leur poids. Mais quel peintre ne reve t'il pas de dépasser le barbouillage ?



dimanche 23 septembre 2012

MONDIALISATION

En 1985, quand nous démarrâmes le domaine, certes existant, mais sans avoir aucune expérience pratique, ni du vin, ni de la gestion au jour le jour, mon horizon se limitait au canton voire à l'appellation. La cave à laquelle nous apportions les vins étaient à 5 km, et même aller prendre des idées en dehors du "coin" passait pour franc tireur......A la Clape, à 20 km d'ici, ou Gasparets, 15 km.

Certes, les californiens plantaient du cabernet dans la Napa Valley, mais ceci paraissait un monde lointain. Même les autres appellations, Provence, Côtes du Rhone, Espagne, en naissance, l'Italie, largement ignorée.

Je ne saurais dire quand les barrières tombèrent, sans doute progressivement. Une grosse coopérative performa, sic, sur le marché britannique à partir de 1989, suscitant des envieSs. La menace vint ensuite des négociants locaux, qui se mirent à nous faire peur encore avec des importations qui esgnoles et parfois italiennes, et nos prix de revient. Ils parlerent pour nous emoustiller des vins chiliens, argentins, qui en effet commencaient à arriver à Paris. il y eut ensuite la médiatisation des vins néo zélandais, australiens, d'ailleurs lancés par Pernod-Ricard, puis le succès des grands crus classés aux USA, dans le sillage de M. PARKER, tout cela avant 2000.

Mais le Languedoc à part le marché britannique n'avait pas toujours la réputation qu'il mérite. Le  Champagne n'est ce pas réussit bien davantage à être en avant.

Tout cela rendait donc bien inconcevable, même en 2000, qu'un jour les frontières tomberaient, que les Chinois boiraient du vin (même si je me souviens avoir bu en 1989 un vin taiwanais, blanc, ma foi fort convenable), et en voudraient si fort. Que les allemands et les danois s'installeraient en masse dans notre Languedoc venté, dont l'immobilier et le pittoresque restaient accessibles, et qu'enfin aussi, un jour, ils n'hésiteraient pas à franchir la porte de nos caveaux.

Désormais, je ne suis plus étonné de voir de nouveaux visages et nationalités, si je devais citer pour cet été, et une courte présence : 3 australiennes, un qatari, des danois, des allemandes, belges, suisses, des espagnols à la recherche de Carcassonne, deux splendides blondes russes, et pour conclure la saison, emmené par le même "tour agency" de Barcelone, lui même russe, deux autres russes, certes non mannequins !!!

Mais ils apprécient souvent les mêmes vins, et voici donc la grande confraternité des assoiffés du gosier qui s'agrandit !!


Leur air satisfait n'est il pas notre meilleure publicité ? Qui a dit jadis que le communisme serait soluble dans l'alcool ? et encore à cette époque les vins français n'allaient pas jusqu'a là.

mercredi 19 septembre 2012

VENDANGES 2012

Elles ont finalement commencé le 4 septembre, par un temps frais, apres un mois d'aout disons assez chaud, variable, et assez venté.

Les blancs bien sûr. Déception quant au chardonnay, malgré une vigne dont l'apparence séduisait..peu de belles grappes, et au final, un jus maigre. Meilleur comportement du viognier, qui en général est capricieux, mais cette année fut convenable. Quant au sauvignon, il est maigre lui aussi.

Cela semble être général chez tous les producteurs. Sans doute un printemps tardif et court, après un froid historique et long, ont provoqué une mauvaise sortie et une floraison médiocre. Les rouges s'en ressentent aussi. J'avais redouté longtemps la sécheresse de cet hiver, et même celle de l'été. Je me suis trompé. Les peaux (au moins syrah, grenache, mourvèdre) sont fines, et le jus est abondant, bien présent, simplement les grappes sont moins nombreuses, et souvent moins grosses.

Dans le Var, au contraire, les peaux m'apparaissaient épaisses, et le jus faible. Pourtant la météo fut voisine, avec ces alternances.

Mais l'état sanitaire est bon, le raison sent bon, le jus est là, la cave s'emplit.

RV dans quelques semaines pour plus de détails, mais le degré sera moins élevé en général, et les vins frais.

A ce jour, 18 septembre, restent à rentrer le mourvèdre, les cabernets, qui sont des cépages tardifs, et le traditionnel carignan, qui aime être cueilli à point.

vendredi 13 juillet 2012

UN VIGNERON SUISSE.............12 JUILLET 2012

Un mois que nous avons quitté Paris, et sa pluie, déprimante à souhait, pour retrouver le Sud. Oui, cette année est un peu spéciale, un peu comme 2011 déjà. A Mattes depuis le 4 juillet, où tous les météo se sont rencontrées : vent, fraicheur, orage, pluie, marin, cers..mais au total, un mois de juillet frais, même si les maximales sont souvent de 30°, la nuit est fraîche, et la brise revigorante. Mais les vacanciers se plaignent que la mer est froide.

Tout semble encore calme, comme si les touristes n'arrivaient pas encore, la grosse vague. Certes, nous voyons des Hollandais, des Danois, des Belges, un Espagnol (ils sont rares malgré la proximité de l'Espagne), et peu de français. Malgré tout, les journées sont chargées, avec les robinets bouchés, les plombiers hors ligne, et le quotidien, le sien déjà, plus celui que donnent la TV ou les journaux, avec des nouvelles pleines de douches écossaises.

Que restera t'il de ce mois ? Peut être un AR Hyeres Mattes avec un crochet retour par le chemin des écoliers, St Gilles, Nîmes, Tarascon, Beaucaire, St Remy, dans la chaleur d'une apres midi. Et vers 4 H, la découverte du Lubéron, de Menerbes, de Bonnieux, de Lourmarin...Je n'ai pu résister au plaisir de m'arrêter pour goûter les cerises des arbres ployant sous leur poids, elles ne semblent pas ramassées. Après Cavaillon, la vigne re-apparaît, des parcelles généralement petites, certaines bien entretenues, d'autres négligées, une merveilleuse lumière du soir, et ces cerisiers si chargés. Le Lubéron fait figure de paradis terrestre, et de Bonnieux, je découvre la scène d'un tableau que j'ai, d'un peintre qui d'ailleurs, habite l'été à Menerbes, cette courbe si particulière.

La descente sur Cadenet emprunte une gorge sauvage et sinueuse à souhait. On reconnait deja la géologie des bords de mer, et donc sans doute un jour, la mer arrivait jusqu'ici.

Après l'escapade, le boulot. Beaucoup de choses à suivre, après dix jours. Mais peut être, ce vigneron suisse retraité, qui s'arrête hier au caveau, après recherches internet, est il le plus intéressant dans son discours, pour comparer les choses avec la viticulture d'ici.

Il revient de Terra Vinéa, dont en professionnel, il a jugé les vins insuffisants et sans intérêt, sauf un muscat vendanges tardives. Il se plaint aussi de la petitesse des verres de dégustation, mal adaptés. Qu'importe, nous parlons.

Il est francophone, et sans doute francophile, pour passer les vacances ici. Il habite Sion, vers Martigny, il est maintenant semi retraite. Son expérience de la viticulture suisse est intéressante par son discours et ce que j'apprends.

Tout le monde connaît les pentes de Martigny, et les vignes magnifiques, mais si difficiles a travailler. Je ne crois pas qu'en France nous ayons l'équivalent, même vers Condrieu. Il exploitait 3 ha, en 22 parcelles disséminées, et plus de quinze cépages (dont le pinot blanc, le gamay, etc). Son père, instituteur, avait constitué l'exploitation au fil du temps, car son salaire d'instituteur ne lui permettait pas de vivre. Il faut dire que le vin en Suisse fut longtemps un "or"....(après l'or blanc, le vrai or...). Ainsi en 1962, son père gagnait annuellement 7200 FS en étant instituteur, et sa récolte, sur 3 ha, représentait 62.000 FS, ce qui à l'époque payait l'achat d'une maison (qui voudrait maintenant 700.000 FS)....

En Suisse, on ne parle pas de prix à l'hectare, mais au m2....le m2 vaut actuellement 8 FS par m2, ce qui convertit à notre système donne 60.000 €/ha. C'est environ six fois le prix du Languedoc Roussilllon....

A part les parcelles très petites, c'est la difficulté à les travailler qui caractérise cette viticulture. IL faut environ 1000 heures/ha de travail, là où 150 h sont la norme ici. Planter une parcelle coûte 100.000 € à l'hectare, alors qu'ici c'est le dixième...

Longtemps les prix des vins suisses ont été bons et hauts, permettant des bénéfices incroyables. On vivait très bien avec un ou deux ha.

Maintenant, ce n'est plus le cas, car la concurrence étrangère est agressive sur les prix, et beaucoup de gens se détournent d'un travail pénible, et moins rémunérateur. Son fils a vendu sa cave (100.000 € par an pendant 99 ans....ce qui lui avait coûté 300.000) a une grande surface pour établir un discount d'objets en solde. Maintenant il vend le raisin à un négociant (le système champenois).

Il est difficile de trouver de la main d'oeuvre, essentiellement portuguaise, malgré des salaires plus hauts qu'en France (au moins 25 € de l'heure), car le travail est très pénible.

Bref, à l'écouter, on devine que la viticulture suisse évolue rapidement et vers un monde inconnu. Le prix de la vigne a fait l'objet de spéculations il y a quelques années, et est maintenant en baisse, (mais 100.000 € l'ha quand même)...mais a valu jusqu'à 8 fois plus cher...

L'impot sur les successions est aussi avantageux, et malgré ce qu'on dit de la France, notre système l'est aussi, puisqu'en suisse, il faut exploiter pendant 25 ans pour bénéficier de ce régime, et seulement 5 ou 10 en France.

Assez curieusement, les suisses apprécient les cépages purs (il voulait du grenache..), mais font des assemblages assez exotiques qui nous seraient interdits en France. Sion est une région chaude, bien exposée, peu humide, avec des terres rocailleurses drainantes, et une pluviométrie de 500 mm par an. L'irrigation est parfois nécessaire, et les traitements se font par hélicoptère...

Viticulture à la fois traditionnelle, et de "riches" j'allais dire....mais qui ne tient pas solidement malgré la proximité de Crans Montana...

Il a promis de revenir, a voulu une bouteille de chaque vin qu'il a aimé (c'est le Bacchus et l'Apollon qui le surprirent le plus, c'est vrai qu'ils sont différents des produits dits commerciaux, ainsi que le viognier).

Il m'a donné un vendange tardive de 2007. C'est paraît il comparable à un muscat de noel. Merci.