mercredi 26 novembre 2014

APOLLON 2011 - dégustation du 23 novembre, et autres propos indigestes !!

Naturellement, quand un vin est embouteillé, je souhaite le goûter, et voir ce qu'il donne en réalité, après son embouteillage, qui parfois malmène le vin pour quelques mois, et aussi pour me remettre le souvenir presque proustien de l'assemblage.

Car un assemblage, c'est très délicat, et souvent du travail sans filet. Souvent les avis divergent, en raison de mille facteurs, les personnes qui le font, leur expérience,leurs compétences,  la chaleur, l'heure, l'endroit, l'humeur..et justement mes pires expériences sont comme jury de vins, dans un concours, avec des non professionnels, car les avis sont completement opposés souvent, et chacun tient au sien !!

Mais à Mattes, les choses sont moins disputées, même si je me souviens de plusieurs séances sans conclusion. D'abord parce qu'au fil des semaines, un classement intrinséque des cuves se fait, en février, puis mai, puis juillet, et souvent ca reste dans les clous initiaux (mais pas toujours........)

Mais faire un assemblage, même quand les matières premières sont excellentes, en l'occurence des barriques vieillies, est quand même exigeant, car il faut comme un parfumeur essayer de trouver par combinaison un goût unique...et mon nez me joue souvent des tours, moins ma bouche.

Bref, l'Apollon 2011 fut décidé ou construit qq part en aout, puis embouteillé début Octobre. Mais retrouverais je ce que j'avais aimé au bout de quelques mois ?

C'est donc dans une certaine anxiété - et même une anxiété certaine, car le lendemain avait lieu un rv important - que dimanche dernier, j'ouvrais une bouteille. Sur une cuisine de hasard, mais pas mauvaise, a savoir une pintade sautée, une échalotte, et je fis un risotto au safran, en catastrophe, car nous avions un invité inattendu.

Bien sûr, je recherche d'abord la tonalité de l'APOLLON 2008 (le 2° essai chronologique). Le vin est certes proche, mais sans être similaire. Tout d'abord, il supporte mieux la température ordinaire, ce qui est une qualité certaine, ensuite il est "tres net" même s'il est moins long (?) en bouche. Et surtout il fait la queue de paon, c'est à dire son goût revient en bouche et remonte une fois - qq secondes - après être bu. Comme un feu d'artifice qui illumine le ciel après avoir donné son bruit, et qui éclaterait.

C'est certainement un des meilleurs vins que Mattes ait produits, de ma vie. Comment évoluera t'il dans le futur, ce jh apollonien ? un autre mystère.....

Puisque vous m'avez lu jusque là, je vous en remercie tout d'abord, et je vous livre un second mystère. Aujourd'hui, sainte catherine, tout investissement ne prendra pas racine !! La Commission Européenne vient d'annoncer un plan d'investisements de 315 milliards !!! Cela tient de la franche rigolade........après quelque examen attentif, mais sommaire..comment des gens dits sérieux peuvent énoncer de pareilles conneries ? et en attendre le salut ?

Tout d'abord, le PNB européen représente 10.000 milliards par an, pour simplifier la valeur de notre activité annuel. Ca veut dire, globalement, une formation brute de capital fixe (FBCF) de 3.000 milliards, la somme des investissements annuels en Europe, a la louche..comme Mattes dépense pour renouveller ses plantations, son matériel, faire des améliorations, etc, environ 25% de son chiffre d'affaires..

315 donc représente environ 10 % de l'effort annuel ? pensez vous qu'un tel chiffre, réparti sur plusieurs années, car il y faut du temps, sauvera le Navire ?
Ensuite, il n'y a pas 315 milliards dans la caisse, mais seulement 21 milliards mis par la Communauté, le reste étant supposé venir des Banques, des stés privées ? mais imagine t'on une sté privée créant la nouvelle gare de Nimes (projet français mis en avant) ? deuxième connerie. Si les investisseurs privés avaient des projets rentables, ils investiront d'eux mêmes et sans la poussée de la CEE.
Troisième connerie, ou mystère si vous êtes plus policé, ce montant est supposé créé 1.000.000 emplois. De mon temps, en septième, on faisait du calcul mental. On aurait vu que chaque emploi dit créé couterait 300.000 €, et on dirait, il vaut mieux que les gens restent chez eux a etre payés...que de dépenser un tel montant..
Ah si je vous livre un autre tour budgétaire entendu ces jours. Le plan de sauvegarde de l'école va engager 50 millions d'€ supplémentaires pour rattraper les hors parcours. Sachant qu'il y a 10 millions d'éleves en france, que 20 % sont presque illetrés, soit 2 millions, l'effort national pèse 25 € par élève a rattraper, soit moins d'une heure par an d'un prof dit normal.

Ah, messieurs, si vous saviez un peu compter !!! Mais la Banque Centrale trouvera facilement 1.000 milliards si une banque devait sauter..

mardi 18 novembre 2014

CLOS REDON 2008 - dégustation du 17 novembre.

Après un vin portuguais hélas portant la mention "barriques françaises", mais plus certainement fabriqué avec une décoction de copeaux, à midi, j'ai eu droit par hasard - on pioche - à un CLOS REDON 2008, dont je n'avais pas un bon souvenir, car très représentatif de ces vins un peu chauds et lourds, certes agréables mais dont le fruit manque, car venant de grappes surmuries, comme les asperges perdent tout gout quand trop cuites. Pour la syrah, suivant l'été et sa chaleur, la date des vendanges peut se jouer a moins de deux jours !! On comprend qu'il faut le fil vert sur le bouton vert, etc, très précisément.

6 ans après, mes regrets sont moins grands. Cette syrah est capiteuse, et pour les puristes de la dégustation, a des notes affirmées de réglisse. La bouche est souple, presque lactique, mais en effet, on voit par contraste ce qui manque : le fruit, la longueur, la finesse, malgré le côté droit du vin.Mais il est indéniable qu'il peut se faire encore attendre dix ans. Par la concentration, et même le gout, il n'est pas sans rappeler certains grenaches des côtes du Roussillon, ou des chateauneufs.

Dans un sens, la barrique , avec l'APOLLON 2008, donne une complexité a ce vin, et le rend très feminin. Lequel des deux préférer ?

J'attends avec impatience ma spéciale 2013 !

dimanche 16 novembre 2014

DEGUSTATION SABRAN 2000 /16 NOVEMBRE 2014

Un peu le hasard........Depuis que la cuisine a été refaite, disons rendue "normale" au printemps dernier, je cuisine plus facilement, car c'est plus facile, le four marche mieux, et les résultats sont plus faciles, pour le même effort initial, bref, les choses ont été rendues plus faciles.

Aujourd'hui, ce fut un poulet au blanc, un peu par hasard. Ce devait être un sauté, mais je ne voulais pas aller courir un poulet d'origine Dieu sait ou en ce dimanche matin. Bref, le secret, si secret il y a, est de faire un bouillon et de le laisser cuire à feu doux longtemps. Celeri, clous de girofle, laurier, poivre, oignon, persil, carotte, un peu de thym, et du poireau, qui manqua. Ce bouillon est en plus excellent pour préparer un riz pilaf, ou des pâtes italiennes.

J'aurais aimé un clos redon un peu ancien sur ce plat assez lyonnais. Mais hier, en rangeant un peu la cave, j'ai trouvé qq bouteilles de SABRAN 2000.

2000 est un peu un millésime de transition a Mattes. 1999 avait été pitoyable a cause de la pluie. 2000 fut un des premiers caniculaires. Il marque aussi la transition dans le "style" de Mattes, qui je l'observe au fil du temps, est plus le reflet du régisseur que le mien.

Ce vin donc de 14 ans, ordinaire, car il s'agit d'une cuvée de base, vendue je pense l'équivalent de 20 FF la bouteille ou moins, a bien vieilli. La couleur n'a pas varié, assez dense. Le nez, j'en suis mauvais juge en ce moment en raison d'une sinusite durable, la bouche est souple, équilibrée, agréable, fruitée, sans doute le grenache, mais pas que lui. Surtout, ce qui frappe, c'est son bouquet, complexe et la ressemblance avec de vieux côtes du rhone. La longueur en bouche, environ 7-8, et surtout la queue de paon, la rétroolfaction, le gout revenant en bouche au bout de 3 secondes. Au final, un vin agréable, même s'il n'est pas aussi complexe que le Millénium, élevé en barriques, et sans doute plus riche en syrah.

Par rapport à la décennie suivante, le vin apparaît moins lourd, moins concentré (c'etait le premier pas d'un oenologue nouveau pour Mattes), moins riche en alcool. Pendant presque dix ans, nous allions produire des vins sûrmuris, moins sur le fruit, plus chauds, parfois trop chauds, dont l'exemple type est le CLOS REDON 2003.

samedi 8 novembre 2014

8 Novembre 2014 /CHEVREUSE 2008.

En ce samedi soir, la maison est tranquille, la nuit est noire. Oui, j'ai relu le document COLLECTION 2014, et en effet j'aurais pu modifier des tournures, avoir un français plus net. Prendre des mots plus choisis. Mais le fond serait resté le même. Il fallait que le texte parte, et le temps m'a manqué.

Depuis le 2 Novembre, le blog d'avant, les Chinois ont en effet confirmé leur intérêt pour la Sabran, et seconde prévision, le Président a parlé, mais n'a pas été entendu ! 

Tout se rejoint dans le souvenir, celui dont je parlais dans la Collection 2014. Parce que c'est le 8 novembre, parce que c'était Elle, nous avons ouvert à midi un CHEVREUSE 2008, dédié à ma mère, et qui aurait eu aujourd'hui 96 ans.

La nourriture est simple, mais ce Vin est Grand. Oui, sans doute x ou y le trouveront encore trop boisé, il a pourtant 6 ans, mais il est largement supérieur à beaucoup de Grands Crus Classés Bordelais. En le dégustant, non seulement je prends conscience que c'est rééllement un Grand Vin dont je suis fier, mais comme dit dans Collection, me reviennent mille choses de cette année 2008, si marquante à bien des égards.

Très curieusement, ils ne surgissent  pas dans l'ordre chronologique, comme pour un film, mais  dans le désordre. Les bons, les mauvais. Peu furent bons cette année là, sauf un été insouciant et prolongé. Oui, d'abord le dimanche de Paques, où la neige tombait a midi  sur Lyon. Ses funérailles, le week end du 8 mai, dans un printemps retrouvé. La guerre du Liban. Mon licenciement au printemps, mes secousses au cocotier japonais, et ce bruit de pachinko. Les 20 ans de ma fille, à la maison, nous parqués et  invisibles. Des invités s'égarent dans le couloir de ma chambre, je  ratrappe ce couple sans moutons.. La fin d'un manuscrit de 5 ans. La première discussion avec un hacker hyerois étonnant. Surtout globalement, 2008 fut la dernière année de ce qui restera le monde d'avant, c'est à dire avant Lehmann Brothers...Il aurait pourtant suffi que les USA achètent toutes ces créances douteuses, j'avais calculé 3000 milliards de dollars à l'époque, pour éviter toute cette crise. alors que le QE a pesé depuis lors a peu pres le même montant.......

Mais je ne suis pas ministre des Finances, ni cultivateur de regrets. En cherchant, en voyant des photos, sans doute d'autres souvenirs reviendraient. La montée à ND des Anges. 2008, circonstances obligent, fut aussi la première année ou nous passames les vendanges à Mattes. N'est ce pas alors que fut mis la seconde version du site web ? quels travaux ai je fait cette année là ?

Plus les années passent, et plus je vois que les êtres qui nous entouraient étaient exceptionnels. Pourquoi ?
est ce que les circonstances qui les avaient forgés ? une enfance orpheline ? pourtant peu d'études, mais une culture orale immense, du bon sens, de l'énergie, du caractère !! et des principes stricts avec lesquels je n'étais pas toujours d'accord, loin s'en faut. En vrac, la messe deux fois par semaine (et à 9 H, à partir de 7 ans), la soupe pour commencer tout  souper, pas de mauvaises lectures (et le territoire du permis était étroit, dicté  par l'Eglise), et pour le reste, une grande indépendance. Elle se remit à travailler en 1968, à 50 ans, pour avoir son indépendance, et passa le permis, au grand étonnement de ses soeurs. Je ne l'ai jamais entendu dire du mal de quiconque, sauf de ma grand mère, femme solide, et de son beau frère, comme "pénibles". Pour le reste, elle aurait secouru l'humanité malade ! Mais quand elle avait un cap, permis, transformer sa cuisine, faire son devoir, rien ne l'aurait fait dévier. Son grand chagrin avait été de perdre sa soeur, brutalement et violemment, l'année de ma naissance, et elle ne remit jamais les pieds dans sa maison natale, par chagrin.
C'est une photo je pense des années 1920, elle est a droite, premier rang, avec ses 3 soeurs.
la, je pense, que c'est une photo prise peu apres 1945, avant son mariage.

tout est plus facile pour celle ci, ou je suis jeune, 25 ans, et mince !! elle a 60 ans, et cette photo fut prise dans la cathédrale de Chartres, en juin 1978.

Voila en quelques mots, son  histoire, et la raison d'être de ce Vin, ô lecteur buveur .

PS du 9 novembre. Le lendemain, au déjeuner, sur une canette au poivre vert, sauvage, il fut encore plus splendide !! Il tiendra encore dix ans, je pense...et me reviendront encore quelques fortes paroles..


dimanche 2 novembre 2014

BILANS d'AUTOMNE /2 Novembre 2014

En ce dimanche matin, des chinois sont quelque part dans Paris, et vont goûter les vins de Mattes 2011. J'ai dû insister pour faire participer la SABRAN, qui me paraît la plus adaptée a leur marché, à leur cuisine. Que seront leurs avis ?

Les 300 lettres sont aussi parties, portant notre offre de fin d'année, aux quatre coins de France, et même au milieu !!

Les vinifications sont terminées, conduisant à une récolte de 2.475 hl, c'est à dire en retrait sur celle de 2013 et 2011, mais dans la moyenne décennale. Les grenaches ont peut etre manqué d'un fort soleil, par contre les syrahs semblent très intéressantes.

Il faudrait que les températures tombent, pour que la végétation s'endorme, et aussi de la pluie, un peu plus tard, pour arroser les sols. Bref, l'inquiétude du paysan pour le temps ne m'échappe pas. mais je n'ai plus le temps de suivre.

Tout va trop vite. Il y a quinze ans, ce qui me paraît hier d'une certaine façon, nous décidions par réaction de vendre directement, faute d'un contrat positif et équitable avec les Caves Rocbere. Alors a l'époque, un coup de téléphone par semaine, le vendredi à 13H, suffisait à "tenir la barre", avec un courrier, ou quelques fax. Maintenant, les mails se succèdent à une cadence accélérée, les problèmes parfois s'accumulent, ou se multiplient (ah la simplicité d'une expédition en Chine, ah les normes sur les étiquettes, avec les américains qui ne veulent pas de logo femme enceinte, les européens qui l'exigent, etc), les banques certes souples, mais pointilleuses, et comment dire, moins encourageantes.

Les contraintes n'ont pas été allégées, syndicat, confédération, administration, europe, msa, comptabilité, fisc, sans compter les administrations de l'eau et des effluents (alors qu'elle n'arrive pas à Mattes). Bref, un carcan assez lourd, alors qu'on imagine le paysan seul avec son chien, ou calme sur son tracteur.

Je vois cette différence avec ceux qui m'ont précédé ! et même en fouillant mes souvenirs !!  il faut savoir presque tout faire, de la conception d'une étiquette, à une offre de prix, pour ne pas parler de la vigne elle même. Finalement, dans la vigne, je n'aurais pas vraiment mis mon nez, laissant faire les compétents. Au plus, ai je pris parfois certaines décisions, qui me semblaient dictées par l'évidence, et à m'y tenir : replanter des parcelles, privilégier des cépages que j'aimais, type Syrah, implanter des blancs, car ce sont les plus difficiles, faire de bons vins, et ensuite simplement vouloir qu'ils soient payés "au juste prix". Les sacrifices ont été nombreux, et il est probable que tout n'a pas été fait pour le mieux. Mais avant hier, j'étais assez satisfait, voire fier, des commentaires de M. DUBERNET, oenonologue sur les vins 2014, surtout en les comparant avec ceux qu'ils avaient portés de même, sévères mais justes, sur la récolte 1992...

Pourtant, dans tout cela, si j'avais eu la charge d'orienter les choses à l'échelle nationale, ou eu quelque poids, dans les instances de décision, j'aurais pesé pour "une doctrine française", car je constate que trop de vins, même réputés, et alors que la technique permet beaucoup de choses, restent médiocres sinon nuls !!!

Combien de fois, dans des restaurants moyens ou même hauts dans la classification, les vins présentés par la carte le sont mal, déjà, sont cher, bien souvent, et ne parlons pas de ce qu'on retrouve dans les verres, et dans toutes les régions ! de tout cet été, je reprends un seul vin, un blanc, vers la Clape, qui était a prix très raisonnable, 17€ la bouteille. Mais il est vrai que la gastronomie voit aussi des crimes commises en son nom, là aussi, le comble ayant été un souflé glacé à la verveine, à Narbonne, aussi dur que du béton !! pas glacé ai je fait remarquer !! encore gelé.

Pourtant, une des chances de ce pays serait le Tourisme, avec mille métiers, et mille traditions qui enrichiraient mille endroits de cette France. Pourtant les vrais plaisirs sont simples, un bon croissant, un bon pain, une bonne friture, et j'allais dire désormais, une bonne tomate !!

Seuls les fromages et les vins ne semblent pas avoir connu cette décadence générale !! Assez !