Mattes est toujours aussi beau, de cette beauté spéciale, certes entretenue mais enracinée déjà dans son histoire, la pierre blanche, le bleu du ciel et des volets, les aiguilles de pin sur le sol avec leur teinte brune, les haies au vert méditerranéen, les lauriers aux tons si vifs. Oui, tout semble moins sec que les autres années, mais cette nature est si fragile.
Le mauvais temps aidant, beaucoup de monde au caveau dans la semaine du 17 au 24 juillet, avec des visites étonnantes, des vignerons sud africains, notamment, de nouveaux clients, des fideles aussi. Des curieux, dont des tandems de jeunes filles qui étudient les caves du sud de la france, des quebecois, et aussi, plus curieusement, venu en voisin, l'Ambassadeur de Suede à Paris, qui nous honorera deux fois de sa visite à l'heure ou nous répondons à un appel d'offres de son pays.
Malgré tout, les affaires sont molles, globalement. Les USA, sans doute en raison de la crise, ont peu commandé, le Japon, aussi, les autres importateurs, soit stocks soit ventes plus lentes diffèrent leurs commandes. Mais en accueillant au caveau, on voit combien est grande la satisfaction des cliens, en goutant tel ou tel vin.
C'est d'ailleurs à la confluence de multiples sources que j'ai compris pourquoi le Languedoc, vieille terre de vignes, avait sous le second Empire perdu ses traditions artisanales, qu'il nous faut désormais retrouver. De faire des vins qui soient des vins, c'est à dire pas industriels, qui aient un goût, voire une âme. Pour cela, il faut privilégier les meilleurs cépages, choisir les terres convenables, ramasser à maturité, après avoir bien labouré, les cuvaisons à adapter, mais surtout ensuite, les assemblages à soigner, raffiner, complexer, pour rendre le vin unique, et passer du "bon" au "très bon" voire à l'unique.
Saison aussi de plongée dans ce domaine que je porte depuis 25 ans, aussi bien dans le futur, les choix à faire, les décisions à prendre, que le passé, à travers ses murs, ses meubles, qui ont souvent une histoire. Accueuil des vacanciers, qui prennent des congés, et regrettent ce temps imprévisible.
Deuxième plus chargée, au moins en temps, comme je suis seul, mais sans catastrophe. Quelques visites , M. RUFFEL, l'ancien régisseur, sa femme, d'autres heureux de retrouver Mattes. Aussi quelques cadeaux, comme ce plateau de légumes magnifiques, les gâteaux de Portel, les cris des oiseaux, et des enfants aussi, jouant dans la cour.
Et aussi la découverte plus simple de l'agneau du pays cathare. Cette région a des trésors, qui ne sont pas ceux d'Alaric, ni de l'Abbé de Rennes le château, mais une mosaique de sols divers, le soleil, une tradition, une nature préservée, des plages immenses, la nature sauvage. Que lui manque t'il pour être à la pointe du tourisme, comme le Var, la Corse, et tout ?