dimanche 31 août 2014

31 aout 2014. Fin !!

Cette année poursuit son chemin bizarre. Me voici par exemple à Paris, où tout affirme déjà un automne tôt, au lieu d'être dans la vieille maison, à la veille des vendanges..

La veille des vendanges, plus tardives cette année. 1° septembre donc, au lieu du 25 aout en général, voire plus tôt. Me voici loin de la vieille maison et de ses murs rassurants, de son atmosphere si spéciale, qui, si les lecteurs ne craignent pas les fantômes, je décrirais comme peuplée de morts et de fantômes, mais tres vivante.

Cela tient sans doute à l'âge de la maison, mais pas seulement. Des meubles ont été changés, des décors aussi, mais la permanence de ces présences reste. Cela tient il aux livres ? à la disposition des meubles ? le style ? les bustes ? les portraits ? les vieilles choses ? au silence ? sans doute. Une certaine pénombre y participe. Mais nulle part ailleurs ai je senti de telles présences !! de personnes d'ailleurs connues de leur vivant ou inconnues..des femmes essentiellement.

Très curieusement, j'ai cherché si ailleurs j'avais déjà ressenti cette même impresssion, ces présences. Nul doute que Colombey, ou Malagar ont cette densité. Mais alors, ce peut être le vertige des personnages qui nous marque. On le ressent aussi dans certains musées, type CAMONDO, ou des lieux, comme le Grand Trianon, ou le bureau du premier ministre à Matignon, mais ce sont des lieux hantés par l'Histoire. 

Mattes n'a rien d'un tel prestige, il ressemble plus à une petite chapelle de province ignorée qu'à un lieu chargé d'Histoire. Je ne saurais dire d'où cela vient. Mais une vieille dame me dit un jour, directement et d'un ton surprenant, "on sent que cette maison a une âme".

Oui, toucher les pierres de ses murs, coeur vibrant en cette veille de vendanges. s'apaiser a la vue de ce paysage millénaire, qui change insensiblement, par les arbres qu'on y met, les vignes qui le marquent, et qui reste pourtant le même.

Que sera Mattes dans 20 ans ? que sera la vieille maison sur l'ocean du Temps ? Que sera meme ce paysage qui après avoir connu la vigne partout voit maintenant des friches de plus en plus importantes ? il y aurait de quoi douter de l'avenir, même sans écouter le pessimisme ambiant. Pourtant, cette année,  nous avons largement investi, donc pris des risques importants, alors que la raison pousserait à tout freiner et à vivre autrement. Plantations, 3 ha, un pressoir, des cuves inox, des barriques, soit un peu plus de 100.000 €, soit plus du double d'une année normale.








samedi 16 août 2014

IDEES RECUES AUXQUELLES TORDRE LE COU !!!!

En voici qq unes, parmi d'autres, mais celles ci me sont venues plus récemment, ou avec d'autres arguments,

1°) EFFET TERROIR

Je m'en tiens à l'application vigneronne, comme quoi le terroir serait la source de tous les bienfaits, l'alpha et l'omega de toute la viticulture !!! Hors de la Champagne, impossible de faire un vin mousseux qui soit bon !! les grands Cabernets ne viendraient qu'à Bordeaux, et pour  tout le reste, nous serions des égarés. Ou les bonnes voitures viendraient d'Allemagne, les tissus d'Italie, et les présidents de l'ENA. Hors du terroir, point de salut. Pommes de terre de l'Ile de Ré, ratte du Touquet, cochon d'Andalousie, etc.

Or, quand on fait marcher son cerveau, et qu'on observe les réalités, que voit on ? Les meilleures tomates mangées cet été sont trouvées à Sigean et Portel, lieu qui n'est pas spécialement connu pour sa production de tomages mondialement, il en est de meme des pommes de terre, salades, et courgettes notamment !!

L'effet terroir, c'est comme si on choisissait un restaurant, ou un produit, sur la base de son lieu de production !! et non pas pour ses qualités propres  ou de cuisinier, ou de jardinier !!!!  Il est evident que si on prend deux frères, aux qualités dissemblables, sur un même sol, tenant des vignes, il est évident que les vins en seront différents !!

Il y a certes un effet régional, ou local, le sol, le climat, l'exposition, la tradition rurale, mais rien ne remplace la patte du vigneron. C'est le vigneron essentiellement qui fait le vin, comme un cuisinier fait ou ne fait pas sa cuisine, et tout le reste est balivernes. Changez le propriétaire, l'oenologue, le chef de cave, etc dans un domaine, et vous obtiendrez des vins différents.

2°) L AGRICULTURE, activité pour les "simples".

Contrairement à ce qu'on pourrait croire - et qui explique sans doute le génie français - une longue tradition agricole forge un peuple. Le Japon peut s'expliquer par le côté insulaire et la culture du riz. La France par cette longue tradition agricole, mais qui s'erode, certainement. On voit des chefs d'entreprise échouer ou se lasser en viticulture (comme on voit des vignerons faire des erreurs ou vouloir faire autre chose). Les qualités propres à un vigneron sont sans doute peu communes, l'intution, le jugement, l'observation, l'anticipation, et bien sûr, des qualités de travail et d'énergie. Je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui des BAC + 5  nés hors de ce milieu, et transplantés dans les vignes, soient les meilleurs "vignerons". Et ma génération qui disparait n'aura pas une suivante identique.

autre idée recue : que la viticulture ne nécessite pas d'investissements. Quand je vois "alignés" les investissements de cette année "moyenne", dans une époque où l'argent est compté, j'en suis rêveur, ou songeur, pour le moins. 3 ha de plantations, au moins 40.000 € en prix de revient, un pressoir , 62.000 €, des cuves, pour 18.000 €, soit déjà 120.000 €, plus 10.000 de barriques, etc. certes, un pressoir ne "revient" pas toutes les années, mais l'année dernière, ce fut un tracteur, etc. Bref, c'est un taux d'investissement très élevé.

3°) Où va t'on ?

Sans être pessimiste, très franchement, et sans l'avoir directement connue, je pense que la période actuelle est a bien des égards assez proche de la période 1929-1939, à savoir crise économique, conjuguée à des difficultés d'en sortir, états impuissants, tensions internationales, et surtout paralysie des esprits. Les vieux combattants veulent " la paix" et les générations actuelles sont marquées, globalement, par "l'esprit de jouissance l'a emporté " sur l'esprit d'effort.  Pire, l'école produit depuis bientot 40 ans 20 % des effectifs "non conformes"..........ce qui au fil du temps fait 4.000.000 de personnes pour le moins. Enfin l'ensemble des dirigeants semblent incapables d'imaginer comme jadis  aussi une vision du futur.



vendredi 8 août 2014

8 AOUT 2014 - CHOSES VUES, a la recherche du temps a venir

Me voici depuis un peu plus d'une semaine sur mon ile de Robinson, c'est à dire, à Mattes, sans trop bouger, faisant la permanence, faisant tourner un peu la boutique dans cette période creuse. Le temps a été variable, désormais chaud, je n'ai pas vu la mer à 5 km, les factures sont épurées, et malgré le calme, les journées sont bien remplies.

Hier, le chat s'est échappé !! avait il marre de sa prison obligatoire sans condamnation ? sa maitresse le rechercha bien sûr tout l'apres midi, appelant a 500 m a la ronde, il avait disparu, c'etait le grand deuil muet. A minuit, épuisé, je dormais, le ventilateur tournant, quand j'entendis un miaulement d'alerte dans l'escalier de la chambre, et le chat sauta sur le lit, tout content et muet !! il avait bien retrouvé le chemin de la maison et seul, laissant crier sa maitresse dehors.

Les gîtes, et mille petits problemes,  le téléphone, le caveau.....on apprend beaucoup au caveau, le type de clientèles, leurs soucis, leur recherche, leurs goûts, ce qu'ils aimeraient, ce qu'il faudrait faire. En une semaine, plusieurs choses m'ont frappé.

- les clients de Mattes sont fidèles, certains parfois depuis plus de dix ans !
- la clientèle "populaire" a disparu !!! ce que j'appelais le "camping" de SIGEAN, le vacancier qui venait un peu par hasard, pour decouvrir. ou le type du coin. Cette clientèle la a malheureusement disparu, sans doute parce que la concurrence est sévère, ou plus rude, mais je pense surtout pour des raisons de pouvoir d'achat. Il est "plus rare de pouvoir se faire plaisir". Au fil des ans, parallèlement, j'ai vu les vins les plus chers, donc ceux qui semblaient les plus improbables ou invendables, devenir les plus vendus, disons les cuvées hauts de gamme.
- enfin, ca devient international, la mondialisation au sens absolu, et j'en prends pour illustration le déroulé de cette journée, certes atypique, mais pas surprenante,

le matin, 9H30, deux acheteurs, professionnels, des chinois, les premiers à Mattes, une bonne heure, ont le plus apprécié la SABRAN et la CHEVREUSE. Visitaient toute l'Europe du Sud, et la veille, étaient à Gigondas, et apres, partaient pour Montpellier,
ensuite deux clients, habitués, allemands, retournant à Munich, et faisant le plein  (CLOS REDON, ROSE, CHEVREUSE)
un client français, local, essentiellement du DIONYSOS, du ROSE
ensuite, un californien, ayant une maison vers Lezignan, parlant tres bien français, tres intéressant, CHEVREUSE, CLOS REDON, APOLLON et vins blancs, donc CLOS DU MOULIN

dans l'apres midi, un couple de retraités, français, la ROCHELLE, en vacances, ex restaurateur à Paris, a tout goûté, généralement apprécié. Venait surtout pour les rouges que son beau frère lui a fait goûter (un Nicois)..mais est reparti avec aussi des blancs (CHEVREUSE CLOS REDON DIONYSOS CHARDONNAY et CLOS DU MOULIN).

Bref, une journée tres intéressante, même unique !! 





vendredi 1 août 2014

2 AOUT 1914.

Que le monde a changé en un siècle, pourtant moins de deux générations. Ma grand mère était née en 1885, mais elle ne parlait pas de la Guerre, et peut être était ce son tempérament. Mais d'autres en parlaient abondamment, notamment son frère qui avait été membre de l'expédition de Salonique, pour la conquête des détroits. D'autres aussi avaient servi à Verdun, etc,.

Mais de ces propos que j'entendais enfant, nul ne donne forme à des souvenirs disons historiques, ou à des faits réels. C'étaient des propos, des souvenirs oraux, rien qui permette de "mentaliser".

Curieusement, c'est grâce un livre d'un ouvrier de l'Aude, vers 1978, que je découvris ce que fut de pres et pendant 4 ans la vie d'un soldat. C'est un livre encore remarquable aujourd'hui, et bien écrit.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Barthas

A l'autre extrêmité de l'Aude, géographique et sociale, se décidait aussi mon destin, et les évènements se bousculaient.

Le domaine appartenait à ALYETTE de LAREINTY (1892-1954), qui l'avait reçu en 1913, de sa mère, Louise, née SABRAN PONTEVES.

Dès l'entrée en guerre de la France, ALYETTE devient infirmière volontaire. Ses deux frères, JULES et HONORE, sont mobilisés comme aviateur. La mère d'ALYETTE décède d'ailleurs le 25 aout 1914, au chateau du Lac, pres de Narbonne, dans des circonstances mystérieuses, et aucun de ses enfants ne pourra revenir assister aux funérailles.

Je n'ai pas de témoignage direct sur la vie au Domaine pendant la guerre, dont le régisseur était M.   . Seules quelques photos existent.
Alyette passera toute la guerre sur le front, comme infirmière. J'ai d'ailleurs retrouvé à Mattes l'été dernier, une vieille photo sur verre où elle pose, à côté d'ARISTIDE BRIAND, qui devait soit lui rendre visite, soit faire un tour du front. Cette photo n'a pas manqué de m'étonner.

Honoré, le frère aîné, sera abattu dans son avion, au dessus de Corcieux, en 1917. IL est maintenant enterré au Pont Pietin. L'autre frère, Jules, terminera la guerre comme aviateur, ayant notamment participé au groupe aviateur (envoyé par ARISTIDE BRIAND, ministre) français pour la défense des Balkans.

Récemment, en juin, j'ai trouvé à la maison plus de 600 photos sur verre, qui sont probablement prises par Honoré, montrant la vie quotidienne du soldat. C'est un fonds iconographique incomparable pour connaitre la vie de tous les jours du soldat, a la fois au régiment et en campagne. Certaines concernent les Balkans. Le choc des photos.

Ainsi donc, tant l'élève de l'école élémentaire de Peyriac Minervois, que celui de Louis le Grand ont vu leur vie changer par cette Guerre qui bouleversa tout, et pour longtemps.