samedi 24 mars 2018

AU FIL DES JOURS

Enfants, nous apprenions tous un poème, une ritournelle, et dont la fin était : "Mars ramène en secret le printemps".

En ce samedi matin, je vois sur meteoferrals.com qu'il fait 6.4°c à Mattes,  que la pluie semble tomber. Quant à Paris, le ciel est ce matin clair, mais il ne fait pas plus de 8°C. Il y a quinze jours, nous gelions !

Malgré cela, le monde continue de tourner. Les évènements n'ont pas manqué : certains montrant que le monde est resté tel qu'il y a cinquante ans. Elections italiennes, qui ne conduisent a rien. Elections russes à la soviétique. Enfin, la Chine revenant à la Présidence Mao, tout en combinant un parti communiste et des milliardaires, c'est à dire le grand écart. Serions nous rejetés en arrière ?

C'est le sentiment qu'on peut avoir, comme si les peuples ne changeaient pas. Pourtant que la vie, le mode de vie, la vie bien souvent, a changé en 50 ans. Je me rappelle assez bien le printemps de 1968, alors que j'étais en seconde. Mais les échos en parvenaient assourdis dans cette ville de Province qui s'est donnée désormais à Wauquiez. Oui, les universités remuaient, défilaient, contestaient. Mais si le bon prêtre nous avait dit - comme on le dit désormais - que tout avait commencé par des revendications de liberté sexuelle, nous aurions ouvert des yeux ronds. Nous percevions plutot le poids de trop d'académismes dans ce monde ancien, notamment éducatif. La vivacité d'une jeunesse, la tâche de la guerre du vietnam.

Est ce que 1968 fut une Révolution ? Certainement pas. Certes, beaucoup de l'ordre ancien sauta en éclat, mais ou voit on l'équivalent d'un saut en avant ? Beaucoup de choses, de gens, resterent en place, mais sans doute la génération de la guerre céda la place à la suivante, pour simplifier De Gaulle à Pompidou, Giscard, Mitterand et autres.

Néanmoins, 1968 marqua le début d'une ébullition qui dura longtemps. Tchéchoslovaquie, puis Pologne dix ans plus tard, et enfin Allemagne de l'Est,  effondrement du mur de Berlin, et explosion de l'ancienne URSS en x republiques. Ensuite deux évènements différents, la mort de Mao, puis l'élection du tandem Thatcher Reagan marqua le début du retour du libéralisme effréné.  Que de secousses en tout genre, et l'on ferait rire bien des gauchistes de l'époque en leur disant que leur résultat le plus apparent fut le retour en Russie de la religion orthodoxe, et l'enrichissement des milliardaires américains.

Beaucoup de choses ont néanmoins bougé - mais sont ce vraiment des progrès ? . Un certain éclatement de la famille, le poids de l'argent, un écrasement des valeurs anciennes au profit du fashion, de l'individualisme, d'un certain autisme, de la sphere individuelle, des égoismes. Quand j'ai commencé à travailler - 40 ANS -  il y avait une certaine éthique dans l'entreprise, des règles, un formalisme, un respect des uns et des autres, des choses qu'on n'aurait jamais faites. Là aussi, tout a disparu, au moins dans beaucoup. C'est vrai aussi de beaucoup d'institutions. Inversement, la confiance était plus grande, plus simple. Aujourd'hui, si vous n'avez pas de téléphone portable,, et de CB, vous ne pouvez rien payer !!! 

Le monde était relativement simple, pour qui en connaissait les règles. De Lille à Marseille, du grand bourgeois à l'auvergnat le plus reculé, on pouvait se parler et se comprendre, comme en témoignent Pompidou et aussi Chirac au cul des vaches. La France était restée paysanne.  L'ascension sociale était évidente, pour qui voulait. Aujourd'hui, les communautés sont nombreuses, quasiment fragmentées et éclatées : les CSP+, les bobos, les ghettoisés, les tradi, les fashion, les "français de souche", les gens ayant fait des études supérieures, les musulmans, les catholiques, les athées, les riches, les pauvres, les sans enfants, les sans maris, les divorces, les vieux, les jeunes, les geeks, que sais je !! les naturistes, les textiles, les bourreaux de travail, les relax, les corses, les continentaux, les fana de gym, de footing, les métal, les classiques,  on pourrait nommer des dizaines de catégories, chacune ignorant presque les autres, et restant assez hermétique.

Certes, il y avait des différences, très grandes, mais l'ADN était commun. Si on compare par exemple la réaction du peuple  face à la mobilisation en 1914, puis en 1939, déjà on voit des craquements, des changements. et la réaction après le Bataclan fut instinctive, certes, mais limitée à une population bien définie.

Comment Mattes a t'il évolué pendant la période ? est ce qu'il est sur les bons rails , dans la bonne direction ? que sera le Futur ? que doit on faire pour les 50 prochaines années ?

J'entends parfois quelqu'un m'affirmer que les entreprises françaises ne sont pas assez informatisées, que nous avons des progrès à faire. Je ne crois pas que ce soit le défaut majeur de nos entreprises. Par exemple, jamais les banques françaises n'ont été aussi informatisées. Est ce qu'elles rendent individuellement de meilleurs services qu'il y a 20 ou 40 ans a leurs clients ? Le seul progrès que je constate pour ma part est l'accès rapide aux comptes. Est ce qu'une expérience informatique aide à mieux monter une palette ? à planter des vignes ou des arbres ? à fouiller l'avenir ? au contraire, l'avalanche de données non classées perturbe la décision, et n'aiguise pas l'instinct ni la réflexion, à voir les fondamentaux.

La mécanisation sans doute a aidé l'agriculture, internet aussi, la globalisation aussi. Ce mois ci, nous avons expédié notre premier container - 14.400 bouteilles quand meme- sur la Chine. Hier, sont aussi parties des expéditions vers les USA, l'Allemagne, le Japon. Le boulot a aussi changé de nature, au moins pour le régisseur et l'exploitant. Mais la météo, l'état des vignes, font toujours la récolte. Ce qui a peut être le plus évolué, et qui doit le faire encore, c'est sans doute notre attention à l'environnement - même si les oiseaux et les écureuills n'ont jamais quitté Mattes, comme les chauve-souris - et j'allais dire le travail à faire après la récolte, c'est à dire l'élevage sans doute, et aussi le travail d'assemblage, qui est à la fois intuition et expérience. Pour la troisième année, la confusion sexuelle est pratiquée, permettant d'éviter des traitements chimiques et délicats.

Hier, a Carcassonne, à deux pas de Mattes, a eu lieu un évènement tragique résumant toute cette évolution. Dans l'Aude tranquille, presque millénaire,  un homme au nom d'Allah a tué 4 personnes plus que bêtement. Un colonel a donné sa vie. Il n'y a nulle explication rationnelle a ces crimes, sauf l'ignorance, la soif de revanche, et la bêtise ambiante qui monte encore.





samedi 10 mars 2018

VIEUX MILLESIMES

L'intérêt d'amateurs du Val de Loire pour une dégustation verticale - plusieurs millésimes - de CHEVREUSE en fin d'année, et leurs résultats, m'a fait regouter depuis fin janvier des vieux vins de Mattes.

J'ai regoûté tout ce qui était disponible, ou à revoir.. Je n'ai pas regoûté ni LE MILLENIUM ou le FRANCOIS MAURIAC, de 2000. Non plus le 2003, dont je ne dois pas avoir gardé une bouteille.

Au final ont été dégustés, souvent sur plusieurs jours, les vins suivants, qui ont aussi l'intérêt d'avoir été produits - ou vinifiés ou élevés - par trois régisseurs successif, dont la patte apparaît à l'usage. Il y eu aussi quelques modifications dans la façon d'élever en barriques, et quand mettre en barriques.

CHEVREUSE 1998
CHEVREUSE 2001, Massoud
CHEVREUSE 2004
CHEVREUSE 2007
CHEVREUSE 2008
CHEVREUSE 2011
CHEVREUSE 2013
CHEVREUSE 2015


¨Première chose, tous ces vins sont "buvables", ils ne se sont pas passés. Pourtant le premier a 20 ans.
Le boisé s'est estompé au delà de 7 ans. Les vins sont très différents, par exemple le 1998 est plutot un vin faible, à 12.5, tandis que les millésimes suivants sont plus concentrés et dépassent souvent les 14°. Mais quel bouquet !! sans faire tourner la tête.

Il est difficile de les classer, car tous ont un âge différent.  Le 2007, mon préféré, est remarquable de complexité et de fraîcheur, son équilibre est là, son excellence aussi.

Les autres ont chacun leur caractère, et leur intéret. Le 2001, que j'ai longtemps trouvé trop marqué par le bois brûlé, est maintenant fondu. le 2004, qui ne me plaisait plus il y a environ 5 ans, me convient très bien, alors que le 2011 semble désormais en arrière. Reviendra t'il dans le peloton ?

En tout cas, l'objectif est atteint, Mattes est capable de faire des vins qui tiennent 20 ans, et surtout ce qui est plus étonnant, vous pouvez les déguster sur plusieurs jours, ils n'évoluent pas rapidement à l'ouverture.

 


10 MARS 2018, apres le SALON de l'AGRICULTURE

Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer.

Beaumarchais !

 

Dans une vie apparement sans relief, morne, boring, comme on dirait maintenant, les émotions et les indignations ne manquent pas. Je vais en livrer quelques unes à votre sagacité.

Tout d'abord, un mystère !! comme chacun sait, la récolte de vins a été dans le sud, disons trois bassins, Bordeaux, Provence et Languedoc, inférieure à celle de 2016 inférieure de 15 à  20 %. C'est quand même énorme !

 Les lois de l'offre et de la demande auraient laissé penser à un esprit rationnel type ... que le prix des vins devait augmenter ! aussi sûrement que la dernière peinture de Léonard da Vinci, par sa rareté, atteint des sommets.

 Voyons les faits. A Bordeaux, en moyenne, les prix ont augmenté de 17 %. Pour la Provence, citons des propos officiels :

La petite récolte de 2017, inférieure de 12 % à celle de l’année précédente, a inquiété les importateurs soucieux de s’assurer des volumes. De quoi échauffer les esprits et faire monter les prix. « Le prix du vrac a flambé de 26 % en janvier 2018, par rapport à l’année précédente, pour atteindre 2,6 à 2,7 euros le litre », affirme Brice Eymard, directeur du CIVP.

 EN Languedoc, il y a eu des tentatives de hausse, de grandes discussions, mais le message officielle des coopératives et des esprits relayés bien sûr par les acheteurs était prudence, engagement triennal, sauver les marchés, sous entendu, si hausse, tout s'effrondre.

 Résultat : les prix des vins de cépage n'ont pas bougé d'une année sur l'autre, à l'exception peut être du chardonnay. Le cabernet, qui part pour une part sous des cieux plus rémunérateurs, et était très demandé - nous l'avons vendu en deux jours - est resté stable.

Pour ce qui est AOP, là aussi, les marchés ont été rapides, en janvier, mais les prix n'ont quasiment pas bougé..disons le cout de la vie, quand l'acheteur fait partie du Cartel (les gros metteurs en marché, soit 3 à 5 groupes), et beaucoup, 7 à 15 % pour les négociants plus petits ou independants. 

Or, si on observe sereinement les choses, on voit bien que dans les bassins Bordeaux et Provence, les grands groupes type CASTEL, GCF, JEANJEAN et autres, n'ont pas ce pouvoir qu'ils ont dans notre région. et que les gens en face sont davantage des vignerons indépendants capables de vendre par eux mêmes, dont les marchés sont porteurs.

La conclusion est claire. POurtant, je persiste à penser que plutot que de se battre par le bas, notre région devrait se battre sur une qualité, et la faire reconnaitre.

C'est ce que j'ai voulu faire dès 1989, 1992, devant patienter jusqu'en 1998 pour tourner le volant, virage que j'avais préparé - ah l'audit de 1992 par le père Dubernet fut decoiffant - en plantant de la syrah, etc.

Le résultat est clair. Le Corbières vrac 2017 sortant de Mattes a été payé en moyenne 136 € par hl, alors que notre voisin et ancien metteur en marché payait 70 a ses coopérateurs...si l'on estime à 10 -15 € les frais de vinification, la différence est claire ! et si on inclut nos ventes bouteilles, le prix moyen de l'hl de vin vendu par Mattes monte à 206 €/hl

Il y a quarante ans - il faudra que je fasse un historique - les vins de Provence étaient sans doute aux memes prix que les vins du midi - aujourd'hui l'écart est du simple au double, un peu comme la France à l'Allemagne.


Deuxième épisode !!

Comme vous ne le savez sans doute pas, il existe un concours des vins de Corbières, dont le retentissement ne doit pas dépasser les portes de Boutenac, même si les échos en arrivent à Sigean.

Par contre, vous avez sans doute entendu parler des concours type CONCOURS GENERAL AGRICOLE ou MACON, qui ont pour eux l'ancienneté, et l'audience, bref un intérêt plus évident.

Je vous livre des choses étonnantes à méditer profondément, à l'heure où la Corée silencieuse semble avoir plus de résultats que les pantalonnades de M. TRUMP.

Nous avons présenté - ô faiblesse - les mêmes vins au Concours des Corbières, et au CGA, dont les dégustations ont eu lieu à un mois d'écart, certes pas par les memes dégustateurs !! 

Le Clos Redon et le Chevreuse ont été éliminés aux Corbières, et ont récolté deux médailles d'Or à Paris.