Enfants, nous apprenions tous un poème, une ritournelle, et dont la fin était : "Mars ramène en secret le printemps".
En ce samedi matin, je vois sur meteoferrals.com qu'il fait 6.4°c à Mattes, que la pluie semble tomber. Quant à Paris, le ciel est ce matin clair, mais il ne fait pas plus de 8°C. Il y a quinze jours, nous gelions !
Malgré cela, le monde continue de tourner. Les évènements n'ont pas manqué : certains montrant que le monde est resté tel qu'il y a cinquante ans. Elections italiennes, qui ne conduisent a rien. Elections russes à la soviétique. Enfin, la Chine revenant à la Présidence Mao, tout en combinant un parti communiste et des milliardaires, c'est à dire le grand écart. Serions nous rejetés en arrière ?
C'est le sentiment qu'on peut avoir, comme si les peuples ne changeaient pas. Pourtant que la vie, le mode de vie, la vie bien souvent, a changé en 50 ans. Je me rappelle assez bien le printemps de 1968, alors que j'étais en seconde. Mais les échos en parvenaient assourdis dans cette ville de Province qui s'est donnée désormais à Wauquiez. Oui, les universités remuaient, défilaient, contestaient. Mais si le bon prêtre nous avait dit - comme on le dit désormais - que tout avait commencé par des revendications de liberté sexuelle, nous aurions ouvert des yeux ronds. Nous percevions plutot le poids de trop d'académismes dans ce monde ancien, notamment éducatif. La vivacité d'une jeunesse, la tâche de la guerre du vietnam.
Est ce que 1968 fut une Révolution ? Certainement pas. Certes, beaucoup de l'ordre ancien sauta en éclat, mais ou voit on l'équivalent d'un saut en avant ? Beaucoup de choses, de gens, resterent en place, mais sans doute la génération de la guerre céda la place à la suivante, pour simplifier De Gaulle à Pompidou, Giscard, Mitterand et autres.
Néanmoins, 1968 marqua le début d'une ébullition qui dura longtemps. Tchéchoslovaquie, puis Pologne dix ans plus tard, et enfin Allemagne de l'Est, effondrement du mur de Berlin, et explosion de l'ancienne URSS en x republiques. Ensuite deux évènements différents, la mort de Mao, puis l'élection du tandem Thatcher Reagan marqua le début du retour du libéralisme effréné. Que de secousses en tout genre, et l'on ferait rire bien des gauchistes de l'époque en leur disant que leur résultat le plus apparent fut le retour en Russie de la religion orthodoxe, et l'enrichissement des milliardaires américains.
Beaucoup de choses ont néanmoins bougé - mais sont ce vraiment des progrès ? . Un certain éclatement de la famille, le poids de l'argent, un écrasement des valeurs anciennes au profit du fashion, de l'individualisme, d'un certain autisme, de la sphere individuelle, des égoismes. Quand j'ai commencé à travailler - 40 ANS - il y avait une certaine éthique dans l'entreprise, des règles, un formalisme, un respect des uns et des autres, des choses qu'on n'aurait jamais faites. Là aussi, tout a disparu, au moins dans beaucoup. C'est vrai aussi de beaucoup d'institutions. Inversement, la confiance était plus grande, plus simple. Aujourd'hui, si vous n'avez pas de téléphone portable,, et de CB, vous ne pouvez rien payer !!!
Le monde était relativement simple, pour qui en connaissait les règles. De Lille à Marseille, du grand bourgeois à l'auvergnat le plus reculé, on pouvait se parler et se comprendre, comme en témoignent Pompidou et aussi Chirac au cul des vaches. La France était restée paysanne. L'ascension sociale était évidente, pour qui voulait. Aujourd'hui, les communautés sont nombreuses, quasiment fragmentées et éclatées : les CSP+, les bobos, les ghettoisés, les tradi, les fashion, les "français de souche", les gens ayant fait des études supérieures, les musulmans, les catholiques, les athées, les riches, les pauvres, les sans enfants, les sans maris, les divorces, les vieux, les jeunes, les geeks, que sais je !! les naturistes, les textiles, les bourreaux de travail, les relax, les corses, les continentaux, les fana de gym, de footing, les métal, les classiques, on pourrait nommer des dizaines de catégories, chacune ignorant presque les autres, et restant assez hermétique.
Certes, il y avait des différences, très grandes, mais l'ADN était commun. Si on compare par exemple la réaction du peuple face à la mobilisation en 1914, puis en 1939, déjà on voit des craquements, des changements. et la réaction après le Bataclan fut instinctive, certes, mais limitée à une population bien définie.
Comment Mattes a t'il évolué pendant la période ? est ce qu'il est sur les bons rails , dans la bonne direction ? que sera le Futur ? que doit on faire pour les 50 prochaines années ?
J'entends parfois quelqu'un m'affirmer que les entreprises françaises ne sont pas assez informatisées, que nous avons des progrès à faire. Je ne crois pas que ce soit le défaut majeur de nos entreprises. Par exemple, jamais les banques françaises n'ont été aussi informatisées. Est ce qu'elles rendent individuellement de meilleurs services qu'il y a 20 ou 40 ans a leurs clients ? Le seul progrès que je constate pour ma part est l'accès rapide aux comptes. Est ce qu'une expérience informatique aide à mieux monter une palette ? à planter des vignes ou des arbres ? à fouiller l'avenir ? au contraire, l'avalanche de données non classées perturbe la décision, et n'aiguise pas l'instinct ni la réflexion, à voir les fondamentaux.
La mécanisation sans doute a aidé l'agriculture, internet aussi, la globalisation aussi. Ce mois ci, nous avons expédié notre premier container - 14.400 bouteilles quand meme- sur la Chine. Hier, sont aussi parties des expéditions vers les USA, l'Allemagne, le Japon. Le boulot a aussi changé de nature, au moins pour le régisseur et l'exploitant. Mais la météo, l'état des vignes, font toujours la récolte. Ce qui a peut être le plus évolué, et qui doit le faire encore, c'est sans doute notre attention à l'environnement - même si les oiseaux et les écureuills n'ont jamais quitté Mattes, comme les chauve-souris - et j'allais dire le travail à faire après la récolte, c'est à dire l'élevage sans doute, et aussi le travail d'assemblage, qui est à la fois intuition et expérience. Pour la troisième année, la confusion sexuelle est pratiquée, permettant d'éviter des traitements chimiques et délicats.
Hier, a Carcassonne, à deux pas de Mattes, a eu lieu un évènement tragique résumant toute cette évolution. Dans l'Aude tranquille, presque millénaire, un homme au nom d'Allah a tué 4 personnes plus que bêtement. Un colonel a donné sa vie. Il n'y a nulle explication rationnelle a ces crimes, sauf l'ignorance, la soif de revanche, et la bêtise ambiante qui monte encore.
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