mardi 19 avril 2016

des CONCOURS et des Médailles !!



A 62 ans, je garde quelques illusions, mais une grande vient de tomber ces temps ci, je veux nommer "les médailles des concours", qui sont aux vignerons ce que la Légion d'Honneur est aux militaires lol, enfin disons au moins officier.

Les Concours ont une grande importance pour les vignerons, car les "clients" et même les professionnels sont avides de médailles, de ces petits macarons qui ornent les bouteilles, notamment au moment des foires aux vins ! eh oui, il est hors de doute que les médailles "font vendre".

D'ailleurs, avec une certaine émotion, je me souviens de la première médaille de Mattes, déjà 20 ans, obtenue pour une Cuvée Sabran.

Justement pendant presque 15 ans, je me suis contenté de les demander (et c'est payant, environ 80 € pour faire concourir un vin), de les collectionner, puis maintenant de les decerner, parfois.

Oui, je suis devenu juré !! d'ailleurs au concours des Vignerons des Caves Particulières, mon syndicat en quelque sorte, vers 2007 je crois.

Il se trouve que la RVF fait aussi un article aussi abscons que peu clair sur les concours, et leur validité, je serai ici beaucoup plus clair. Les vieux singes ne font plus de grimaces.

Bref, j'ai assisté pendant six ou sept ans aux dégustations du Concours des Vignerons Indépendants. Je me souviens avoir gouté des rosés varois qui me paraissaient clairement issus de vins blancs..Le principe est le même, toujours des tables de 4. Les vignerons indépendants sont productivistes, car deux sessions de 15 à 20 vins devaient être avalées dans la matinée, entre 9 et 12 H.

Ce qui me frappa aussi fut l'amateurisme sinon la crasse ignorance de certains dégustateurs, et encore pire de certaines dégustatrices...Et toujours la difficulté de mettre d'accord 4 personnes sur un classement. Au fil des ans, les choses s'améliorèrent, avec la dégustation par chacun d'un vin (identique pour la salle) d'un vin quelconque, et aussi le passage d'un examen écrit (sans doute pour éprouver les connaissances des jurés), assez difficile même pour un pro.

Néanmoins, j'étais peu satisfait de me retrouver pres du bois de vincennes, à faire pompette, sur des vins finalement qui ne sont qu'une partie de la production francaise, et parfois dans des appellations peu glorieuses, année après année.

Cette année, ivre de gloire, je m'inscrivis comme dégustateur a l'alpha et l'omega des concours français, je veux nommer, le Concours Général Agricole, du salon de l'agriculture, et le second, plus lointain, le Concours de Macon.

Les modalités de ces trois concours sont d'ailleurs différentes. Aux VIF, les candidats sont libres, le jury propose un classement, mais chacun remet son classement, et en principe, un ordinateur revalide une seconde dégustation (faite par qui ???). La grille de dégustation est fort bien faite.

Pour Paris, candidats libres, mais "sélection" à l'échelon départemental par des "autorités" (???).. Très curieux, car des vins sans doute magnifiques de Mattes ont été rejetés à ce niveau là par les "gardiens du Temple"...Oui, dans l'aude, on semble magnifier le carignan...n'est ce pas, Président ?
Ensuite, à Paris, sous la direction plus que vigilante d'un gardien du Temple de chaque appellation, on déguste, on propose un classement, on ne connait pas les vins dégustés. Cette année, dans mon jury, j'ai même eu une personne "ne buvant pas de vins" sic et resic, ce qui joint à l'épisode précédent m'a tout de suite rassuré sur les modalités du concours.

A Macon, modalités encore différentes, tous les candidats sont libres, tous millésimes !! nous avons cinq critères (pas très discriminants) a noter, et la grille de chaque dégustateur est ensuite analysée informatiquement, avec les commentaires individuels (j'en doute, vu la multiplicité des écritures)).

Ici, mon jury est plus professionnel si j'ose dire : deux vignerons, dont moi, un acheteur pro (de vins) et un amateur (venu de la Creuse). Le hasard fait que nous tombons sur les Bordeaux, sans autre indication, sans doute entre deux mers. C'est à la fois intéressant pour moi, car finalement c'est en principe "le gros" de la production française, en principe dans son meilleur, qui est là, et dans les cépages que je m'attache a produire à Mattes (cabernets, et merlot). Donc, cela me rend curieux. L'organisation est sans probleme, le silence grand.

Mais que diable allait il faire dans cette galère ??? J'espérais en faisant 400 km de Paris, goûter aux meilleurs vins de Bourgogne ou à d'autres appellations !! je n'avais éliminé que le Jura, car j'apprécie peu le savagnin jeune. Hélas, trois fois hélas, je compris d'un coup pourquoi la France reculait depuis dix ans sur les marchés export !! Ces bordeaux sont tous non pas "supérieurs" mais inférieurs a toutes les attentes d'un consommateur averti. 

Sur 17 vins dégustés, a peine un ou deux sont convenables, c'est à dire ayant une maturité et une concentration suffisante. La couleur est en général bonne, car le cabernet sauvignon est là. Mais le nez est faible voire inexistant. La bouche est loin d'etre agréable, ronde et charnue, comme on s'y attend, et révèle souvent des relents de vieille barrique déplaisante, genre serpillière mouillée. Un seul révèle du bois neuf, mais trop uniforme et d'ailleurs les trois autres n'aiment pas "les nouveaux vins". La concentration est maigre, insuffisante, et la longueur en bouche souvent nulle. Comment ensuite juger de l'harmonie de tels vins ?

Pourtant je suis en droit d'espérer que ces vins représentent le meilleur de la production des candidats ? suis je sévère ? sans doute non, car aucun juré ne manifestera d'enthousiasme pour aucun vin, ce qui est rare, mais aussi inquiétant !!

Et pourtant quelques uns de ces vins vont recevoir une médaille, sans doute d'Or !! bref............c'est du niveau de la prestation présidentielle de l'avant veille, de l'eau tiède avec une étiquette !

Tres inquiet de ma surprise et de mon innocence perdue, je sélectionnais le même jour sur une carte assez élaborée, ce qui devient rare dans la france profonde, un margaux labegorce zedé, 2009. Non, je n'avais pas rêvé, il y a bien les grands vins et les autres, et "ceux qui sont grands le sont bien pour l'avoir voulu", pour paraphraser un mot fameux. Il n'y a pas de hasard.







mercredi 13 avril 2016

MATTES - 1948

Parce que je viens de sortir de la comptabilité 2015, je souffle, et curieusement, dans un vieux carton, je retrouve le bilan comptable de Mattes de 1947-1948.

Livrons nous à quelques actualisations.


L'année comptable était du 1° septembre au 31 aout, ce qui permet de coincider avec la récolte. Pour cette année là, les ventes ont été de 4.534.193 ff (soit 157.000 € de 2015), et correspondent à 1200 hl de vin.

soit un prix moyen voisin de celui d'aujourd'hui.

Mais on voit dans les recettes les brebis et les agneaux, pour 180.000 ff  (soit 6.000 €), mais j'ignore la quantité ou le poids correspondant.

Dans les dépenses, les frais de personnel atteignent le total de 1.860.000 ff, soit en rapport des ventes, le même ratio qu'aujourd'hui. Des dépenses inconnues aujourd'hui : le fourrage, la nourriture cheptal pour 210.000 ff, le bourrelier et le mécanicien, l'entretien mécanique, pour 523.000 ff, la grêle pour 30.116 (soit 1.000 € d'aujourd'hui). Cette année, Groupama coûtera 6 fois plus cher..

La principale dépense hors personnel est "frais réfection digues" pour 631.320 ff (soit 22.000 €), et je ne vois pas à quelle digue cela correspond, mais l'autoroute a changé la configuration des lieux.

Heureux temps pour M. GATTAZ, les charges sociales et les impôts étaient ridicules : 46.940 ff et 72.103 ff respectivement ! soit 1630 € et 2.502 € pour l'année. A vue de nez, les charges sociales 2015 sont actuellement de 78.000 €, et les impots tout compris (dont la TVA inexistante a cette date), taxes en tous genre, redevances, dans les 54.000 € !! oui, les choses ont bien changé.

Le bénéfice de l'époque fut de 627.000 ff (soit 22.000 €). C'est dans les chiffres d'aujourd'hui. Mais en 1948, sur une période de deux siècles, les prix de l'immobilier sont a Paris les plus bas. Ce bénéfice, 22.000 € donc,  correspondait en parité de pouvoir d'achat, à l'achat d'un appartement de  150 m² à Paris !! toute chose qui fait rêver aujourd'hui !

Oui, les temps ont bien changé !!