lundi 22 octobre 2012

MONDIALISATION, 2°

Oui, une chose a aussi changé par rapport il y a dix ou vingt ans, en tout cas très nettement depuis 1985, c'est l'influence de "l'extérieur", du monde en quelque sorte, sur la marche de Mattes. Et cette dépendance s'est accrue, conséquence ou syndrome de la mondialisation.

En 1985, la seule variable "externe", pour parler économie, sur la marche de Mattes était le taux de base de la banque de France ou interbancaire, qui fixait le taux de nos emprunts. Se souvient on que des prêts alors avaient des taux de 17 % ? tout le reste, à part le niveau du smic, n'avait pas d'influence.


Aujourd'hui, la liste des variables exogènes serait longue, sans qu'on puisse bien la hiérarchiser : la consommation étrangère, des pays clients, type USA, Allemagne, Japon, le prix du vrac mondial, par exemple le prix du vin chilien ou argentin, les taux d'intérêts ont actuellement moins d'importance, car ils sont historiquement bas, les taux de change (pas vraiment), la publicité ou la réputation, et bien sûr la consommation de vins et son évolution dans chaque région du monde.

J'en raconterai un exemple concret qui sera mon papillon de Singapour. Pendant des années, la politique monétaire de la Réserve Fédérale Américaine fut pour le moins accomodante, sinon imprudente, avec des taux trop faibles. Quand il a fallu reserrer le licol, ce fut la faillite de quelques banques imprudentes, et la grande crise dûe à l'effrondrement du marché immobilier US, de la faillite de Lehman Brothers. S'en est suivie une véritable crise de la consommation USA, une hausse du chômage, et pour nous, une baisse tres sensible des exportations USA, au fil du temps. En 2008, nous avions exporté pour un peu plus de 30.000 € aux USA. Cette année, après l'année dernière, est presque nulle, trois fois moins. Le Japon, apres Fukushima, a cessé pendant un an ces achats. Pourtant, les prix sont inchangés, la qualité aussi. Ce qui montre bien l'effet du battement d'une aile de papillon à l'autre bout du monde.

Mon observation ne se limite pas au cas microscopique de Mattes. Une grosse coopérative, 40 fois plus importante que Mattes, de nos voisins, avait fait fortune dans les années 2000-2009 sur le marché britannique, qui représentait 70 % de ses ventes. La crise, et la purge de la consommation, a eu raison de sa présence, se traduisant par des difficultés plus que sérieuses pour ses membres !!

Voila pourquoi, dans un sens, on ne peut pas se désintéresser - euphémisme - de la prochaine élection américaine, et notamment de l'adéquation de la vision économique des candidats aux réalités de l'heure. Et à l'échelle du simple bon sens, pour une nation connue pour être peu épargnante, vouloir baisser les impôts (déjà bas, aux dires de M. BUFFET et des chiffres) des riches contribuables, comme le veut un candidat, alors que l'Etat Fédéral est en déficit budgétaire et doit 18.000 milliards de $, laisse pour le moins songeur..........au moins, les shadoks pompaient...Nous avons eu ici un essai du même genre en 2007, et aujourd'hui, le résultat en est salé !! à votre santé. Comme quoi, il vaudrait mieux des présidents ivres que des présidents manquants de sens commun, car au moins on peut penser "in vino veritas". Et il m'amuse de voir que le taux d'alcool des dirigeants n'est pas à l'échelle de l'Histoire si mauvais qu'on le prétend...Nixon..
tiens il faudra poursuivre la réflexion la dessus, mais en se limitant aux vins, car des amateurs de vodka ont aussi laissé des traces...

mercredi 17 octobre 2012

VENDANGES 2012, suite et fin, et RENTREE.


Longtemps, la rentrée des classes fut tard,  fin septembre, au moins dans mon enfance. Pourtant nous avons su apprendre à lire, à compter, écrire, sans plus de retard et de défauts que les générations actuelles. Il est vrai que les samedis étaient remplis, comme le jeudi matin, mais je n'ai jamais eu l'impression de traverser le bagne, ni d'ailleurs le paradis. Tout ceci m'apparaissait au pire comme un potion à ingurgiter, avant d'atteindre les grandes classes, que l'on voyait à côté..

Mais ce rythme de l'enfance m'est resté. La St Michel, le 29 septembre, reste pour moi la "fin des vacances", parfois marquée par un été dit de la st michel, où le vent soufflait chaud du sud, humide, balayant les feuilles, éclaircissant l'horizon qui redevenait lumineux après les orages d'aout, et que l'automne approchait, avec les champignons, et hélas la rentrée, les jours plus courts.

Maintenant, la fin septembre marque la fin des vendanges, au moins à Mattes. Cette année, elles se sont terminées le 8 Octobre, mais je n'étais plus là. La vie est désormais une course où les jours me sont de plus en plus comptés.

Oui, les vendanges. Après bien des appréhensions, des angoisses, elles sont "normales". Je les avais vues ainsi en mai, et juillet, peut être une faible sortie sur certains cépages. Mes angoisses ont grandi en aout, malgré une pluie bénéfique, quand j'étais loin des vignes. Les premières nouvelles des blancs, fin aout, étaient mitigées. Décevantes pour le chardonnay, qui paraissait pourtant remarquable. Mirifique pour le viognier, a l'allure chétive, et qui sait décevoir.
Un mois plus tard, la messe est dite. Oui, certaines vignes ont bien réagi. Et plutôt que de mettre en cause une météo bizarre, avec cet hiver tardif et très froid, je pense que les excès de l'année dernière, une trop grande production de certaines parcelles, sont annulées, et que les choses reviennent à la normale, dans un mouvement de balancier. Nous verrons en 2013.

Normales donc en volume, globalement. Je n'ai pas encore goûté les rouges, qui ne seront pas prêts avant plusieurs mois. Mais pour les blancs, les choses sont plus faciles.

Les arômes et les goûts sont bons, fins, et l'équilibre aussi. Je pense qu'il peut y avoir de belles réussites, si l'on a su ramasser à point. Beaucoup, par habitude et par méfiance du temps, ont ramassé trop tôt, ce qui va gâcher l'image générale du millésime, au moins pour notre région, où le temps ne fut pas réellement menacant (une pluie fin septembre). Cela va donner des vins durs. Par contre, si l'on a su attendre la bonne maturité, celle du fruit mûr, je pense que les vins rouges auront un bel équilibre, une bonne vivacité, et des arômes très présents.

A voir. Mais les prévisions de bas volume affolèrent les marchés !! depuis début janvier j'essayais vainement de vendre quelques cuves dont je n'avais pas besoin, sauf pour faire tourner la boutique. jusqu'en mai, j'accusais...car les années présidentielles donnent lieu à de l'attentisme...rien pendant l'été, "attendez fin septembre" tel était le message des courtiers, à un marché où les retiraisons traînaient...Miracle, en effet, vers le 25 septembre, le marché se débloque, et voici 1300 hl vendus en trois jours..Contrats en poche, le 1° Octobre...mais est ce un hasard ?

Cela conforte 2013, et les vendanges se terminent. Rentré sur Hyeres, je fais le bilan de cet été, assez différent, dans tous les domaines. Oui, les vins de Mattes évoluent, les autres vins aussi, puisque des vins aujourd'hui de valeur ne sont pas retenus par le Guide Hachette. J'ai bu ou goûté certes quelques horreurs, mais aussi des vins "bien", même s'ils ne sont pas la majorité. Il me faut leur rendre justice : le muscat sec du domaine de Barroubio, une cuvée d'un de mes voisins, un vin des vignerons catalans acheté en GMS, un côte du rhone dégusté a st gilles, dans ce restaurant tranquille, un exceptionnel grenache blanc de M. FABRE, un autre vin blanc, grenache et roussanne, par deux fois à Perpignan. Ah si, le domaine de Trians en Provence, de M. MASUREL, au prix raisonnable. Et quoi d'autre ? si, ma surprise aura été de constater que dans beaucoup de restaurants "distingués, étoilés" le vin était souvent très cher, et pas à la hauteur, voire infect.....ce qui déçoit doublement, et me vaccine, malgré ma curiosité. Mais le cassis de M. BODIN est toujours égal à lui même, depuis plus de vingt ans. Quelle régularité.

Ma surprise est d'autant plus agréable quand j'ouvris hier une bouteille de simple sauvignon 1993, de Mattes, et qu'il est largement agréable, un très bon sancerre, et a franchi les ages, malgré ses imperfections. Puis aussi, parce que je pense qu'il faut les boire, une bouteille de Chevreuse 1998, au bout d'un jour d'ouverture, elle tient, fidèle à sa marraine...

Je me demande ce que sera la prochaine étape de Mattes sur le chemin des vins, et dans quelles directions. Faire de nouveaux blancs ou amplifier l'apport des barriques sur certains rouges ? ou mettre en bouteilles juste à temps ? ou mieux assembler ce qui existe déjà ? ou changer les cuvaisons ? ou changer les levures ? quelles sont les voies ouvertes, et les plus intelligentes ?

Pourtant,  de tels efforts sont ils raisonnables ? ne faut il pas se satisfaire, pourquoi vouloir aller plus loin, ou plus haut ? nous verrons, parce que les tourments des jours ont aussi leur poids. Mais quel peintre ne reve t'il pas de dépasser le barbouillage ?