Lettre de Mlle Alyette de Lareinty, postée à Narbonne le 31.12.1941, à X.
"...Il me faut amener demain une malade de Portel à Narbonne, avec la voiture et cela me fait drôle de sortir ce cher engin au lieu de gagner la ville par l'autobus archi comble, comme je l'ai fait l'autre jour. Temps admirable mais froid. Bien difficile de sentir son vieux corps ( 59 ans NDLR) se réchauffer hors la pièce du bas, ou pétille les vieilles souches...Jules (son frère) arrive vendredi. Rien n'a pu le décider à être là pour la fin de l'année. Dînerons samedi chez Mme Guiter (NDLR la propriétaire d'un domaine proche de Mattes) avec elle et son mari. Travaille toute la journée à la comptabilité. Les poules comme à Laon sont avares de leurs oeufs. Triste !!! Le troupeau (NDLR les moutons, alors répandus) est magnifique mais je n'ai pas le droit d'y toucher ..
(suite, le soir) Jules vient de me téléphoner qu'il a dû prendre froid. Diarrhée puis rétention d'urine, si bien qu'on a du le sonder aujourd'hui. Que Jules ne soit pas venu pour le 31 m'avait peinée. Heureusement maintenant qu'il n'en ait rien fait. Tout de même, à 52 ans je trouve cette alerte bizarre, surtout avec la vie paisible qu'il mène, vu son état. Voudrais tant que ce pauvre diable qui a déjà si peu de la vie ne souffre pas.
Le voisin de Mattes a tout vendu y compris la chapelle (NDLR, je ne vois pas laquelle) et sans doute les ornements faits avec tant de goût et de soins par Maman (NDLR, Louise de Sabran Ponteves, épouse Lareinty Tholozan) que tout cela est triste. Mais bientôt je travaillerai avec toi et n'aurai pas le temps de penser à tout cela.""
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