mardi 9 juin 2015

TRENTENAIRE ou l'APPEL DU 15 JUIN

10 juin 2015

Monsieur Le Préfet, 




Ayant observé que les personnalités les plus indues  avaient droit aux décorations les plus bizarres (liste à venir, inflation que j'avais vu débuter sous Mitterand 1er)  et ne pouvant prétendre même a titre posthume à la Légion d'Honneur, ni aux Palmes Académiques,  j'ai pensé que je pouvais prétendre au Poireau, c'est à dire au Mérite Agricole !! Catherine Deneuve l'a obtenu !! pourquoi pas moi ? Le Président de la République n'a t'il pas décoré le 8 juin 2015 de La Légion d'Honneur le PDG de QATARI AIRWAYS, compagnie qui est en train d'écraser AIR FRANCE et LUFTHANSA, deux compagnies nationales européennes, et dont l'Etat lui même est actionnaire de la première !!

Au nom de l'Egalité, ne dois  je pas demander moi aussi ma breloque ?

Qu'on en juge ! Héritière d'une exploitation agricole par la destinée familiale à laquelle rien ne me prédisposait, c'est depuis 1976, voila bientot 40 ans que j'oeuvre a la vitalité de l'agriculture française. Devrais je parler plutôt de survie, après avoir vu tant de naufrages ?

D'abord, il a fallu supporter l'amputation du domaine pour le passage de l'autoroute d'Espagne. L'indemnité d'alors, équivalent d'un million d'euros, fut mangé par la crise viticole qui sévissait alors , et même le sieur Bonnet, maire de Carnac, ministre oublié de la Giscardie, parlait de bibine !! Depuis lors, toujours aux rêves de la mondialisation, la France vit arriver l'Italie, puis l'Espagne dans le marché commun !! Ensuite, Mitterand, par sa politique économique aux antipodes de l'avenir, c'est à dire en marche arrière, nous fit exploser les coûts de la main d'oeuvre, de l'inflation, et des coûts bancaires. Oui, oui, certains prêts a cette époque avaient le taux inoublié de 18 %. !! J'aurais pu tout fermer, boucher les robinets, partir en croisière, peut être plus loin que Malte. J'ai assumé.

Une autre innovation de ce septennat fut aussi l'impôt sur la fortune, qui en ce temps là, portait aussi sur l'outil de travail, c'est à dire l'exploitation et l'outil. Que diable vos amis MM. SCHLUMBERGER et ROUSSELET vous apprenaient ils le soir sur l'économie ? il est vrai que seul M. MONNET, un charentais volontairement apatride, vous enseigna le culte de l'argent après celui des seules Charentes. Nous avons  encore supporté.

C'est en 1984 pour justement échapper a l'ISF que je devins par la grâce du Fisc exploitante agricole. Diable !! que des chifres. A l'époque, le domaine avait 8 ouvriers, 52 ha en exploitation, et en 1985, ma première récolte fut de 5000 hl. Un excellent millésime.

Côté chiffres, c'était en revanche catastrophique. Je vendis un terrain constructible, pour boucher les trous les plus criants. Chance, le crédit agricole d'alors ouvrit les vannes, et des prêts installation se mirent en place. C'est en 1987 que je pus acheter mon premier tracteur. C'est en 1988 que nous plantâmes les premières syrahs, en 1989 que nous fîmes le premier embouteillage, hélas pas au domaine.

Il faudra encore dix ans pour atteindre cette étape, la pleine indépendance, dans une période toujours difficile, mais qui aujourd'hui parait par comparaison presque heureuse. En 1998 commença une période de dix ans de commercialisation à travers le groupe JEANJEAN, tandis que les ventes bouteilles continuaient à progresser. 

En 1992, nous achetâmes nos premières cuves inox, d'occasion. En vingt ans, la cave a bien changé. Heureusement, ce serait aujourd'hui une histoire impossible. Réfrigérant, en 2003, désormais banal, pressoir l'année dernière. sans compter toit cette année, des barriques par centaines.

Tous ces investissements n'auraient pas été possible, dans ces années ou de crise ou moroses, sans des apports d'argent importants et continus. En général 40 à 50.000 euros  par an pendant plus de 20 ans. Inversement, je n'ose calculer ce que j'ai versé à l'Etat, ou aux instituations sociales, depuis 40 ans. Faisons un calcul simple sur une année moyenne :

12.000 € d'impot foncier, alors que le domaine n'a même pas accès à l'eau publique !
10.000 € de droits sur l'alcool ou similaires, sans doute autant en TVA nette
15.000 x 4 trimestres de charges sociales, dont 4 X 10.000 celles de l'employeur.
8.000 pour les miennes propres, 
soit 80.000 au moins par an versés a la collectivité. soit plus de 3 millions en 40 ans. sans trop rechigner.
des achats aussi, qui permettent l'activité d'autres personnes : entretien bâtiment, matériel, équipements, plantations, compta, banques,  soit au moins 40.000 € par an.
Bref; n'ai je pas mérité le poireau même d'honneur de la patrie  ? Certes, la retraite agricole est a venir, environ 400 € par mois, disons 20 ans maximum, soit 100.000 €. Voila un poireau qui ne vous revient pas cher au kg, surtout que maintenant l'exploitation semble être compétitive. Certes, moins d'emplois, moins de production, mais une qualité reconnue, des exportations qui contribuent à la balance commerciale. Hélas, la vie est terminée, et dans un sens, n' ai je  que bien servi  ce que le Ciel m'a envoyé.

Espérant Monsieur le Préfet une réponse positive de votre part  à une démarche  encourageant  une vigneronne inconnue,  sans grade, sans plainte,

je demeure comme vous le voyez, lucide, mais désormais fatiguée    !!











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