Un mois que nous avons quitté Paris, et sa pluie, déprimante à souhait, pour retrouver le Sud. Oui, cette année est un peu spéciale, un peu comme 2011 déjà. A Mattes depuis le 4 juillet, où tous les météo se sont rencontrées : vent, fraicheur, orage, pluie, marin, cers..mais au total, un mois de juillet frais, même si les maximales sont souvent de 30°, la nuit est fraîche, et la brise revigorante. Mais les vacanciers se plaignent que la mer est froide.
Tout semble encore calme, comme si les touristes n'arrivaient pas encore, la grosse vague. Certes, nous voyons des Hollandais, des Danois, des Belges, un Espagnol (ils sont rares malgré la proximité de l'Espagne), et peu de français. Malgré tout, les journées sont chargées, avec les robinets bouchés, les plombiers hors ligne, et le quotidien, le sien déjà, plus celui que donnent la TV ou les journaux, avec des nouvelles pleines de douches écossaises.
Que restera t'il de ce mois ? Peut être un AR Hyeres Mattes avec un crochet retour par le chemin des écoliers, St Gilles, Nîmes, Tarascon, Beaucaire, St Remy, dans la chaleur d'une apres midi. Et vers 4 H, la découverte du Lubéron, de Menerbes, de Bonnieux, de Lourmarin...Je n'ai pu résister au plaisir de m'arrêter pour goûter les cerises des arbres ployant sous leur poids, elles ne semblent pas ramassées. Après Cavaillon, la vigne re-apparaît, des parcelles généralement petites, certaines bien entretenues, d'autres négligées, une merveilleuse lumière du soir, et ces cerisiers si chargés. Le Lubéron fait figure de paradis terrestre, et de Bonnieux, je découvre la scène d'un tableau que j'ai, d'un peintre qui d'ailleurs, habite l'été à Menerbes, cette courbe si particulière.
La descente sur Cadenet emprunte une gorge sauvage et sinueuse à souhait. On reconnait deja la géologie des bords de mer, et donc sans doute un jour, la mer arrivait jusqu'ici.
Après l'escapade, le boulot. Beaucoup de choses à suivre, après dix jours. Mais peut être, ce vigneron suisse retraité, qui s'arrête hier au caveau, après recherches internet, est il le plus intéressant dans son discours, pour comparer les choses avec la viticulture d'ici.
Il revient de Terra Vinéa, dont en professionnel, il a jugé les vins insuffisants et sans intérêt, sauf un muscat vendanges tardives. Il se plaint aussi de la petitesse des verres de dégustation, mal adaptés. Qu'importe, nous parlons.
Il est francophone, et sans doute francophile, pour passer les vacances ici. Il habite Sion, vers Martigny, il est maintenant semi retraite. Son expérience de la viticulture suisse est intéressante par son discours et ce que j'apprends.
Tout le monde connaît les pentes de Martigny, et les vignes magnifiques, mais si difficiles a travailler. Je ne crois pas qu'en France nous ayons l'équivalent, même vers Condrieu. Il exploitait 3 ha, en 22 parcelles disséminées, et plus de quinze cépages (dont le pinot blanc, le gamay, etc). Son père, instituteur, avait constitué l'exploitation au fil du temps, car son salaire d'instituteur ne lui permettait pas de vivre. Il faut dire que le vin en Suisse fut longtemps un "or"....(après l'or blanc, le vrai or...). Ainsi en 1962, son père gagnait annuellement 7200 FS en étant instituteur, et sa récolte, sur 3 ha, représentait 62.000 FS, ce qui à l'époque payait l'achat d'une maison (qui voudrait maintenant 700.000 FS)....
En Suisse, on ne parle pas de prix à l'hectare, mais au m2....le m2 vaut actuellement 8 FS par m2, ce qui convertit à notre système donne 60.000 €/ha. C'est environ six fois le prix du Languedoc Roussilllon....
A part les parcelles très petites, c'est la difficulté à les travailler qui caractérise cette viticulture. IL faut environ 1000 heures/ha de travail, là où 150 h sont la norme ici. Planter une parcelle coûte 100.000 € à l'hectare, alors qu'ici c'est le dixième...
Longtemps les prix des vins suisses ont été bons et hauts, permettant des bénéfices incroyables. On vivait très bien avec un ou deux ha.
Maintenant, ce n'est plus le cas, car la concurrence étrangère est agressive sur les prix, et beaucoup de gens se détournent d'un travail pénible, et moins rémunérateur. Son fils a vendu sa cave (100.000 € par an pendant 99 ans....ce qui lui avait coûté 300.000) a une grande surface pour établir un discount d'objets en solde. Maintenant il vend le raisin à un négociant (le système champenois).
Il est difficile de trouver de la main d'oeuvre, essentiellement portuguaise, malgré des salaires plus hauts qu'en France (au moins 25 € de l'heure), car le travail est très pénible.
Bref, à l'écouter, on devine que la viticulture suisse évolue rapidement et vers un monde inconnu. Le prix de la vigne a fait l'objet de spéculations il y a quelques années, et est maintenant en baisse, (mais 100.000 € l'ha quand même)...mais a valu jusqu'à 8 fois plus cher...
L'impot sur les successions est aussi avantageux, et malgré ce qu'on dit de la France, notre système l'est aussi, puisqu'en suisse, il faut exploiter pendant 25 ans pour bénéficier de ce régime, et seulement 5 ou 10 en France.
Assez curieusement, les suisses apprécient les cépages purs (il voulait du grenache..), mais font des assemblages assez exotiques qui nous seraient interdits en France. Sion est une région chaude, bien exposée, peu humide, avec des terres rocailleurses drainantes, et une pluviométrie de 500 mm par an. L'irrigation est parfois nécessaire, et les traitements se font par hélicoptère...
Viticulture à la fois traditionnelle, et de "riches" j'allais dire....mais qui ne tient pas solidement malgré la proximité de Crans Montana...
Il a promis de revenir, a voulu une bouteille de chaque vin qu'il a aimé (c'est le Bacchus et l'Apollon qui le surprirent le plus, c'est vrai qu'ils sont différents des produits dits commerciaux, ainsi que le viognier).
Il m'a donné un vendange tardive de 2007. C'est paraît il comparable à un muscat de noel. Merci.
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