A l'heure où l'actualité déverse un flot d'insanités inimaginables, noyant tous dans un flot inégalé de boue fétide, où les chevaux mal dressés ruent dans les brancards, les vendanges ont commencé sans moi. Les blancs ont été faits cette semaine, à l'exception du muscat dévoré par les sangliers en une nuit ! Si le volume se situe dans la moyenne des dix années années, pour les mêmes parcelles, il est en recul sur 2013 et 2011, mais voisin de 2012.
Les rouges vont bientôt suivre, avec une peau epaisse, signe que l''eau a manqué au bon moment (avril, mai). Nous verrons bien. Que le temps tienne, car septembre semble meilleur que l'été..
Me voici pour quelques jours à Paris, pour des jours singuliers !! mais hier, en écoutant une nouvelle fois l'histoire des taxis de la Marne, il m'est revenu une histoire curieuse dont mon enfance a été bercée et que j'avais presque oublié.
Je n'ai pas retrouvé la photo qui aurait tout expliqué. Peut être dans les prochains jours ? toujours est il, qu'enfant, je passais beaucoup de temps chez un couple de gens sans enfant, à l'ancienne, âgés d'environ 80 ans, nés vers 1880, ex domestiques, qui étaient restés sur place une fois la retraite atteinte; D'ailleurs, les activités continuaient, devidage de la soie naturelle, chargement du charbon, jardin potager, entretien des lapins, lavage des voitures, etc. Un peu des grands parents, mais différents. J'avais tous les jours mon couvert mis, et sans doute là que je suis devenu gourmet. L'intérieur aujourd'hui paraitrait misère, cuisine et atelier dans la pièce d'entrée, deux petites chambres, pas de salles de bains, ni de wc..le fourneau assurait le chauffage, et l''eau n'arriva qu'en 1959.
Toujours est il que Mémé Maria parlait peu. Un jour je lui fis entendre un des premiers transistors, et elle regretta simplement que les polkas ou mazurkas de sa jeunesse n'existent plus. Son mari, épousé avant 1914, fit toute la guerre, notamment Verdun, de 1914 à 1918, comme ordonnance, et en ramena d'ailleurs un pistolet que je crois avoir encore. C'etait un homme intelligent et de coeur et de bon sens.
Mais une chose partageait ce couple uni et paisible. La victoire de la Marne...Lui, en bon rationnel - catholique certes - vantait les efforts de Joffre et des soldats. Elle, sans insister, mais sans en démordre, parlait de miracle de la Marne, en disant que le 8 septembre, jour de la Nativité de la Ste Vierge, une vierge était apparue sur les lignes allemandes et les avaient stoppées. Enfant, j'écoutais d'une oreille distraite, et je ne me souviens pas des détails, seulement de la conviction qui l'animait alors, et ils passaient à autre chose.
Pourtant Mémé Maria n'était pas une grenouille de bénitier, ni une scrupuleuse, certes catholique et chrétienne, mais ayant une vision des choses modérée. Ce qui est surprenant, c'est que je me souviens de son deuxième "dada", si j'ose dire. Fatima et les prophéties. Elle croyait fermement et sérieusement que la Russie se convertirait, alors que le communisme était triomphant a l'heure de Gagarine !!! sans faire une quelconque analyse politique, ni stratégique. Simplement parce que c'etait inscrit dans le ciel, comme la vierge de la Marne l'avait été.
Aussi quand je vois la renaissance de l'orthodoxie en Russie, la construction d'églises, etc, bref en quelque sorte la réalisation des paroles d'un coeur simple qui n'avait jamais quitté son village, je suis pris d'un certaine vertige. Et il me revient aussi d'autres souvenirs. Lui, avant la guerre, avait été marchand de vins, plus exactement employé par un marchand de vins, livrant des tonneaux en charrette aux clients. Il y avait d'ailleurs dans la cave un tonneau qui me semblait gigantesque, et était donc descendu, sous la chambre !! tonneau auquel j'allais souvent tirer avant midi une bouteille pour la journée. Sans doute est ce la que j'ai goûté mes premiers vins, parfois purs, sans doute d'algérie ou coupés, qui ressemblaient assez a nos grenaches d'aujourdhui.
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