Le calme du dimanche matin, surtout après dix jours de séjour, est propice à mettre sur le papier, quelques observations, dont j'ignore laquelle deviendra au fil du temps la plus importante.
Climat ? il est clair qu'il évolue, et surtout devient capricieux depuis 15 jours. Il y a une semaine, la température était comme ce matin de 18°C, mais nous sommes montés à 30°C, avec beaucoup d'humidité, un temps lourd, et parfois comme vendredi, des nuages qui ne se dissipaient pas avant 11 H.
Or la vigne comme les hommes aiment les nuits, pour se reposer, et les nuits fraîches.
il a plu deux fois, environ 15 mm chaque fois, si bien, qu'apparemment, la vigne est toujours verte, les feuilles préservées, et les grains non secs.
Vignes ? je ne les ai pas toutes vues, mais celles de plaines, au sol plus riche, me semblent en meilleur santé apparente. Il faudra revoir plus en détails, mais l'option vins de cépages, surtout avec l'évolution des prix et des marchés, n'est pas à éliminer. Certaines caves ne font presque plus d'AOC, et en vivent bien.
Conjoncture ? malgré le nombre important de touristes, notre emplacement, il faut bien admettre que les "gens se serrent les fesses" ou le porte monnaie. ainsi, hier, qui est venu au caveau ? un menage britannique, connaisseur, un groupe de russes, habitués (et dépensiers), puis un jeune couple de hollandais, type cadres moyens, enfin un seul français, vrai amateur éclairé.
L'argent ne semble pas manquer - cf les restaurants de narbonne et port la nouvelle - pleins, avec des réservations à faire deux jours à l'avance, mais comme l'on dit, les touristes arbitrent pour d'autres dépenses que le vin.
Certes, c'est par périodes, ou aussi, suivant le temps. mais c'est un fait. Je croyais être atteint de la peste, voyant la fréquentation chuter, les habitudes changer (aucun ne remplit la voiture), quand j'ai eu accès aux ventes d'un domaine réputé, bien placé...le chiffre n'était pas différent de celui de Mattes.
La Région ? ce qui frappe a 20 km alentours - faute d'aller plus loin - est le nombre de vignes arrachées, abandonnées, ou de terres retournant à l'état sauvage, d'une part, et de l'autre, le faible nombre de plantations. Je pense en avoir vu une seule en 40 km.
C'est inquiétant, car l'investissement, c'est l'avenir du paysage, de l'exploitation, de l'économie régionale. Il faut d'abord avoir des plantations jeunes pour améliorer l'encépagement et la base aromatique, améliorer ce qui est fait, et préparer l'avenir. La, pour beaucoup, rien ne semble en prendre le chemin. Pourtant on voit des terroirs magnifiques, et vers quoi pourrait se tourner la région ?
Vendredi apres midi, j'ai lu des choses confortant mon point de vue. Elles étaient tirées du dernier recensement general agricole, 2010, actualisé. On voit que si la viticulture régionale est sorti globalement d'une crise longue, elle manque d'atouts décisifs. La coopérative a fondu, en surface et en nombre d'adherents, et ceux ci par exemple, ne détiennent qu'en moyenne 3 ha de vignes, ce qui est largement insuffisant pour faire les choses rationnellement. Ce n'est plus de la viticulture, c'est du jardinage, sans en avoir la qualité.
Quant aux caves particulières, leur surface moyenne est de 23 ha, ce qui est certes plus important, mais me semble riquiqui. Production moyenne 800 hl !! tant pour les économies d'échelle que pour le matériel, tout se passe comme si du côté du lait, des céréales aussi, de l'élevage, la taille des exploitations aient considérablement augmenté depuis les années 1950, mais pas en viticultue. Certes, beaucoup de raisons pourraient l'expliquer, mais c'est un frein, notamment sur le plan commercial, car ici, ce n'est pas la Bourgogne, et son fonctionnement adapté.
Il y a le probleme des parcelles, mais aussi celui des débouchés, et des moyens, car tout n'est pas élastique. Confusément, pourtant, je sens que la taille optimale de Mattes devrait être autour de 75 hl (et sous mon trentenaire, nous sommes partis de 52 ha, pour monter à 98 ha, en passant par 38 ha). Mais il est clair que le nombre de grosses exploitations serait un facteur de dynamisme, créant un maillage résistant.
La dernière conclusion, serait qu'en 30 ans, certes des progrès ont été faits , mais ce n'est pas une vague generale, et fondamentalement, la région n'est pas à son niveau "naturel".
Pour regarder les choses plus proches, si le temps se maintient, point trop chaud, et que peut être une autre pluie arrive avant debut septembre, alors oui, la récolte pourrait être belle.
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